Je partage mon expérience ici afin de la confronter et pourrait servir à qui voudra faire de son jardin une aire de biodiversité. Ce n'est probablement pas exhaustif à 100% mais cette méthode à le mérite de fonctionner tout cela est basé sur mon expérience de paysagiste axé dans la conception des jardins "au naturel" sans renier entièrement l'aspect esthétique critère souvent exigé de ma clientèle.
Avant toute chose je tiens à tuer quelques préjugés dans l'oeuf.
-Un jardin au naturel ne sera pas forcément composé que de "mauvaises herbes".
-Il existe tout un tas de beaux arbustes" et belles fleurs qui ne sont pas des croisement de X espèces. L'aspect exubérant de certains cultivars est effectivement perdu mais est compensé par une culture parfois plus facile.
-Contrairement à certaines idées reçues non l'herbe haute ne favorise pas plus la "vermine" tels que les tiques. Expérience personnelle étant un "aimant" à tiques une sieste de 1H sur un green de golf entretenu pour des compétitions professionnelles vierge de toute vie n'as pas empêché d'avoir une dizaine de tiques accrochées sur moi au réveil alors qu'il n'y avait aucune herbe folle dans le voisinage.
La question à se poser est la suivante est-ce que je veux un jardin pour la biodiversité, un jardin de type local ou car je souhaite revoir ma façon de jardiner? Dans tout les cas il s'agit d'un choix à mûrement réfléchir car ce n'est parfois pas anodin et peut dans certains cas valoir des conflits de voisinages peu enclins à habiter à côté d'un jardin grouillant d'insectes. Les cas de conflits débouchant au tribunal étant nombreux. Mais en qualité d'agent de mairie j'ai déjà du intervenir sur ordre de ma hiérarchie pour effectuer un entretiens de jardins jugés abandonnés.
De plus, il ne faut pas espérer que votre jardin sera exempté de tout entretien qu'il soit fait par vous ou des professionnels et ce pour des raisons principales.
-Un jardin se doit d'être entretenu que ce soit pour couper les fleurs, maintenir un aspect visuel acceptable pour le voisinage ou simplement pour une question d'équilibre notamment la pelouse qui aura besoin de fauche annuelles mais nous y revenons plus loin.
-Un jardin exempté de tout entretien est condamnable un arbre devenu trop gros une haie qui déborde chez le voisin ou un aspect très négligé peux être source de conflits et de débouchés devant les tribunaux. Cela a de quoi être paradoxal mais oui votre voisinage peux vous faire condamner si vous n'entretenez pas votre jardin.
-Dans certaines régions exposées aux incendies il est obligatoire d'effectuer un débroussaillage sous peine d'amende d'astreintes en cas de dates non respectées cela est un point à prendre fortement en compte dans votre aménagement futur. Mais aussi pour votre sécurité.
Première étape faire un "tri" de vos plantations
La première étape et non des moindres est de faire un tour du propriétaire de votre jardin et d'identifier l'ensemble des plantations composant vos massifs. Si votre jardin est totalement vierge (CAD construction récente et jardin composé uniquement de pelouse) zappez cette partie. Si votre jardin est composé de nombreuses plantes "exotiques (CAD n'étant pas locales ou n'offrant aucun avantage) leur suppression peux être envisagée. Pour des espèces dont le potentiel invasif n'est plus à prouver la question ne se pose même pas.
Quels plantes je peux néanmoins conserver bien qu'elle ne soit pas "locale"?
Vous pouvez conserver généralement les plantes suivantes.
-Toutes les vivaces mellifères. Ainsi les pavots d"orients, coreopsis, rudbeckias et autres ne seront pas forcément à jeter. Bien que leur intérêt est seulement nectarifère leur bel aspect n'en font pas obligatoirement des fleurs à bannir
-Tout arbuste à fleurs dont la floraison intéresse les pollinisateurs.
-Une haie déjà en place sauf si elle entre dans la catégorie des "bétons verts" (exception faite du troene) parfois en remplacer seulement une partie suffira plutôt que de la détruire entièrement.
-Un grand arbre sauf si la encore il rentre dans la catégorie des invasifs car son ombre peux permettre la plantation de plantes qui ne pourraient croître en plein soleil. J'ai pas exemple conservé sans vergogne un tulipier de virginie pour conserver l'aspect esthétique. En clair cela implique de faire des choix prioriser le local mais pas à 100%.
Démarrer son jardin l'étude du sol.
Avant de se lancer dans une liste d'achat il convient de faire une étude approfondie de son sol. Pour certains je n'apprends sans-doute rien mais il existe plusieurs types de sols. Acide, Alcalin, Calcaire, neutre... il convient donc de procéder à l'analyse de son sol et si nécessaire le corriger. Une fois les analyses faites et la topographie du jardin (ombreux, plein soleil, plein sud...) il est préférable de se diriger directement chez un bon pépiniériste qui pourra vous proposer une sélection de plantes adaptées à vos sols et expositions.
Faut-il "améliorer" son jardin avant de se lancer dans des plantations?
C'est une question qui peux revenir régulièrement. Si le sol est trop pauvre il est toujours possible de l'améliorer de diverses manières.
-Fournir de grandes quantités de matières organiques. Feuilles broyées, sciures de bois non résineux fumier de vache de préférence ou terre végétale. Dans les cas les plus extrêmes (sol pollué par des détritus, forte concentration de pierres) des travaux sur une partie ou tout le terrain sont parfois nécessaires comme le passage d'un enfouisseur ou un arracheur de pierres suivant les cas puis apport de matière organique. L'apport de matière organique va jouer deux rôles.
-Enrichir le sol.
-Apporter les premiers insectes chargés de décomposer cette matière.
Ou trouver ces éléments?
Le plus simple est de solliciter une entreprise de paysagiste ou des services techniques pendant la saison de ramassage en automne. Déjà car la mise en déchetterie n'est pas gratuite pour les professionnels et car souvent nous avons recours à des aspirateurs qui broient déjà les feuilles (elles seront donc plus vites assimilées par le sol). Le seul inconvénient est qu'il y a parfois la présence de certains corps étrangers (plastiques, canettes...) qu'il faudra donc retirer. Moyennant un petit billet (voir gratuit) un professionnel viendra directement les larguer dans votre cour plutôt que de payer la benne en composteraie/déchetterie. Toutes les feuilles de feuillus caduques même exotiques conviennent le but ici est d'enrichir le sol.
La terre végétale peux s'acheter en composteraie en vrac ou en big bag suivant vos possibilités la sciure... dans une scierie.
Le choix des plantations
Dans le choix des plantations plusieurs paramètres doivent être pris en compte.
-Le type de sol et d'exposition.
-La possibilité d'implantation. N'oubliez pas que certains arbres atteignent de grandes tailles et peuvent devenir problématiques (obstruction de vue, ombrage persistant, risque de dégâts en cas de chute...) n'oubliez pas non plus de respecter les règles de plantations en vigueur comme la hauteur des haies ou par rapport aux limites de propriété.
Afin de ne pas trop détailler (ce serait bien trop long) je classe les plantes (que ce soit de la plus petite herbacée au plus grand arbre) en 3 catégories distincte. A vous en revanche de vérifier la possibilité notez que certaines plantes entrent dans plusieurs catégories.
-Les plantes "locales". Il s'agit souvent d'utiliser des arbustes, arbres et plantes herbacées qui poussent naturellement dans votre secteur dans votre jardin. Il s'agit la d'un premier pas dans la réalisation d'un jardin biodiversité.
-Les plantes dites "hôtes" que ce soit des plantes de types "mellifères" et donc généralistes ou des plantes destinées à attirer un insecte en particulier.
-Les plantes "esthétiques" elles n'ont pas forcément d'intérêt particulier ou limité mais viennent en complément pour embellir l'ensemble elles devront donc être utilisées avec parcimonie (exemple fleurir à des moments ou plus rien d'autre n'est en fleurs)
Quelques conseils supplémentaires:
-Privilégier les espèces dites "à naturaliser" et qui ne contiennent pas d'éléments ou de noms de cultivars. Un arbre fastigié n'offre pas le même couvert que son homologue sauvage par exemple.
-La plupart des plantes mellifères conviennent en toutes situations y comprit pour des espèces plus exotiques.
-Privilégier au départ des espèces faciles à cultiver et se perfectionner ensuite.
Quels genres d'aménagements faut-il effectuer?
A peu près comme n'importe quel jardin c'est seulement le type de plantes qui est radicalement différent.
-Une haie mixte pour cacher le voisinage. Exemples de quelques arbustes qui fonctionnent bien en haie. Cornouiller, Fusain, Prunellier, Aubépinier, Troëne commun ormes sureau... A vous de faire en fonction de votre région et envies. Cette liste n'est pas exhaustive
-Plusieurs massifs composés d'arbustes de vivaces et de plantes nourricières. Par exemple le fenouil ou les aromatiques s'intègrent très bien dans un massif. Un exemple d'un massif qui fonctionne assez bien en sol ni trop sec ni trop humide. Lavandes, Thyms, Serpolets, Coréopsis, Pavots d'orients, Scabieuses Troëne, Sauges herbacées et/ou arbustives Troëne commun, Euphorbe sauvages Iberis sp accompagné de bulbes divers leurs fleurs nourrissent foule de pollinisateurs et certaines sont la plante hôte de certains papillons.
-Un arbre ou plusieurs d'essences locales quand la place le permet. Un chêne bien que mettant des dizaines d'années ne porte pas le nom d'arbre de vie pour rien. Les fruitiers de part leur floraison précoce fournissent les premières sources de nectar au printemps. Les fruits pourris en feront de même en automne si vous ne les consommez pas.
La pelouse "sauvage"
Certains auront tendance à l'oublier mais si la pelouse ne fait pas l'objet d'un traitement bien particulier vos aménagements ne serviront à rien car la pelouse représente en moyenne 70% de la surface d'une propriété raison du pourquoi j'ai décidé de lui dédier sa partie à elle seule. Et sera le refuge de la plupart des insectes d'un jardin.
Il existe plusieurs techniques.
-La prairie de fauche.
Cette technique est surtout utilisée dans les espaces naturels. Une fauche annuelle (ou parfois réalisée de manière bisannuelle) il s'agit d'une fauche mécanisée afin d'empêcher une fermeture du milieu (envahissement progressif de la strate herbacée par des plantes dites ligneuses) en fin d'automne ou de début d'hivers quand la plupart des insectes sont en dormance. L'ensemble des déchets est bien entendu évacué car une trop grosse couche de déchets peux empêcher la pousse suivante. Il peux donc être nécessaire de refertiliser le sol (apport d'un peu de compost ou de feuilles broyées jetées en surface) afin de permettre une nouvelle pousse vigoureuse.
-La pelouse mixte. Soit car vous avez besoin de maintenir une zone basse mais aussi car certaines espèces apprécient les zones dégagées. Ainsi il est possible de se faire des chemins qui seront fauchés toutes les deux semaines à l'aide d'une tondeuse manuelle. Ne pas utiliser de tondeuse thermique qui pourrait aspirer les insectes et les broyer!
-L'éco pastoralisme. Utilisation quelques jours dans l'année de bétail afin de "tondre" la pelouse. Méthode applicable principalement dans de grands espaces.
/!\ Note sur les mélanges spécial jachère et autres.
Notez que ces mélanges ne sont absolument pas nécessaires et doivent être utilisés dans un seul but esthétique. Il est tout à fait possible d'en semer afin de retrouver rapidement un bel aspect visuel si une zone a du être retournée mais il est inutile d'en planter volontairement le mieux étant la encore de laisser faire et d'adopter la patience du jardinier. Voici néanmoins un mélange intéressant à utiliser. Luzerne, trèfles, Phalécie en quantités identiques auquel vous incorporez 20% de graines issue d'un mélange de fleurs. Notez également que vous pouvez planter une parcelle de luzerne leurs fleurs très mellifères sont très appréciées des abeilles et des papillons. Ou l'incorporer à vos massifs. A faucher toutes les 6 semaines.
Vous pouvez néanmoins embellir la pelouse en incorporant des bulbes dit "à naturaliser" leur floraison souvent très précoce fournira les premières ressources aux pollinisateurs exemples de bulbes qui fonctionnent bien. Jacinthes diverses (y comprit notre "jacinthe des bois" sous les arbres) Narcisses, Crocus, Perces-neiges, Certains lys de la catégorie des lys tigrés. Glaeüils non gélives comme Gladiolus italicus ou Gladiolus nana. Muscaris. Alliums géants. Leurs floraisons annoncent le printemps et fournissent une ressource très appréciée des premiers bourdons.
Il est possible de prélever des graines sur des fleurs sauvages pour les faire germer chez vous en respectant la législation en vigueur.
Comment entretenir son jardin naturel?
Contrairement aux idées reçues et comme je l'ai déjà mentionné un jardin même naturel se doit d'être entretenu correctement.
-Faucher sa pelouse au moins une fois par an et respecter les arrêtés de débroussaillement dans votre département afin de conserver une strate herbacée.
-Couper les fleurs de vos vivaces fanées cette précaution est encore plus valable pour vos bulbeuses afin qu'elles ne s'épuisent pas à former des graines. Exemple après la floraison de mes narcisses je décapite uniquement la fleur TOUT LE RESTE est laissé en place jusqu'à son jaunissement en plus de perdurer dans la floraison elles se multiplient par accroissement du
-Remettre du paillage (copeaux broyés) dans vos massifs pour conserver un aspect esthétique quand il est recherché et continuer à nourrir les détritivores.
-Tailler vos arbustes juste après la floraison. Contrairement à une idée reçu cela ne dérange pas tant que ça les oiseaux qui nichent souvent dans l'intérieur même des arbustes loin du trait de taille et car beaucoup d'arbustes à fleurs font leur floraison sur le bois de l'année.
-Procéder à un examen régulier de vos arbres et intervenir si nécessaire (enlèvement de nids de processionnaires, taille sanitaire ou suppression de branche dangereuse, dépassent chez le voisin...) en respectant les périodes de taille.
Y a t-il d'autres aménagements à faire?
Il n'est pas forcément obligatoire de faire des aménagements en plus. J'ai également une certaine réserve concernant les "hôtels à insectes" car si ils ont le mérite d'attirer un nombre important d'insectes dans un minimum d'espace ils favorisent également leurs parasites. De même si votre jardin n'est de toute façon pas aménagé en conséquence cela ne servira à rien. Certaines mairies se donnent bonne conscience en mettant des hôtels dans les parcs mais avec une tondeuse qui passe toutes les deux semaines cela ne sert strictement à rien!!!
Il est bien entendu possible de faire ce genre d'aménagement si on souhaite apporter du cachet en plus à son jardin (mare, tas de bois abandonnés, compost sans déchets de cuisine) mais ils ne sont pas forcément nécessaires. A mon sens la mare est le plus pertinent pour plusieurs raisons.
-Apport de fraicheur et d'humidité.
-Permet l'implantation de plantes nécessitant plus d'humidité.
-Offre un gîte pour de nombreux insectes dépendant de l'eau pour leur cycle larvaire et parfois adulte.
Introduire des insectes?
L'introduction volontaire d'insectes est généralement aussi à proscrire pour plusieurs raisons.
-Ce n'est pas parce que vous offre toutes les conditions notamment la PHL que cela peux fonctionner.
-L'idée d'élever des insectes pour les relâcher entraine un déséquilibre génétique. Dans la nature il ne faut pas oublier qu'en moyenne un oeuf sur 50 environ donne un insecte qui arrivera à maturité. Lâcher donc d'un seul coup 100 adultes issus du même parent entraine un déséquilibre génétique.
-Si les insectes ne viennent pas à votre jardin vérifiez que toutes les conditions sont bien remplies. Même dans des environnement fortement
-N'oubliez pas qu'un jardin a ses contraintes d'espaces vous ne pourrez donc pas avoir la même quantité qu'en pleine nature.
Voila voila si vous voyez des choses à améliorer n'hésitez pas.
