[Scathophaga stercoraria] On ne fait pas que poireauter sur le poireau

[Oryctes]

Oryctes : France : Lille : 59800 : 07/04/2024
Altitude : 37 m - Taille : 6 mm et 8 mm environ
Réf. : 340206

Bonjour,
Ces belles et grandes mouches à la réputation douteuse sont arrivées en force dans le jardin au cours de la dernière semaine. Elles semblent particulièrement attirées par les feuilles de poireau pourrissant au soleil après des jours et des jours de pluie. C'est principalement sur ce support végétal qu'elles s'adonnent à une de leurs activités principales : la reproduction.
Je pense, étant donné notamment l'aspect du mâle, que l'on peut nommer l'espèce sans trop de risques de se tromper : Scathophaga stercoraria.
Ce n'est pas tant la situation in copula qui m'a intéressé (assez banale et on en voit des exemples dans la galerie) que ce qu'elle permet de voir ou de confirmer :
D'abord le dimorphisme sexuel prononcé : femelle sombre et grise, terne dans l'ensemble, alors que le mâle apparaît beaucoup plus clair et presque triomphant dans sa toison jaune doré. Femelle nettement plus petite aussi alors que, si je ne me trompe, c'est souvent l'inverse chez les diptères.
Ensuite, la position du mâle m'a étonné qui se tient "à genoux" avec les pattes avant repliées sur le dos de la femelle. Je ne me souviens pas avoir observé cette position pour d'autres espèces de mouches in copula. Est-ce néanmoins fréquent ?
Enfin, en observant le couple, il m'a semblé qu'après l'accouplement proprement dit (et proprement fait j'espère), le mâle continuait de "tasser" (c'est l'impression que ça donne) la femelle en gardant la même position jusqu'à ce qu'elle ponde (?) C'est en tout cas ce que j'ai cru observer en voyant à plusieurs reprises la femelle, comme écrasée par le mâle, enfoncer sa tarière dans le légume en décomposition. En même temps ça ne me paraît guère possible de passer si rapidement de la fécondation à la ponte, alors... A vrai dire j'ignore le temps habituel s'écoulant entre la fécondation et la ponte.
Merci pour vos avis,
Dominique

[latique]

Bonjkour,

Une petite recherche avancée dans la galerie avec mot clef "accouplement" montre qu'il semble que ce soit la position habituelle.
La femelle ne s'accouple généralement qu'une fois (durée > 10 mn) et stocke le sperme du mâle pour plusieurs pontes.
C'est vrai qu'en général le ♂ est plus petit que la ♀ mais il y a des exceptions.
Comme tu le vois certains ♂ posent les mains sur le yeux de madame pour lui éviter de regarder ailleurs
Il ne te reste plus qu'à jouer les voyeurs pour approfondir la connaissance sur le sujet

[Oryctes]

Merci pour ces infos et les liens. Je ne savais pas que la femelle ne s'accouplait qu'une seule fois puis qu'elle stockait le sperme. Il est donc improbable qu'elle commence à pondre aussitôt. Je suis pourtant sûr d'avoir vu la femelle, surmontée par le mâle écrasant, enfoncer sa tarière plusieurs fois dans la feuille de poireau. Mais peut-être était-ce juste une séance d'entraînement Après, pour le coup, je n'ai pas été assez longtemps "voyeur", j'aurais dû suivre le couple jusqu'à séparation.
La position du mâle m'a étonné mais, quand je demandais si cette position était pratiquée, c'était en comparaison des diptères d'autres espèces, genres, familles, pas vis à vis d'autres individus de cette espèce car j'ai du mal à imaginer que les Scathophaga stercoraria puissent s'adonner à un kamasutra spécifique dans l'intimité glauque et toute relative d'un poireau pourrissant
De fait, je n'hésiterai pas à "jouer les voyeurs" pour étudier ces comportements plus finement. D'ailleurs ne sommes-nous pas tous ici plus ou moins voyeurs à scruter constamment ces petites bêtes de si près !

[latique]

Je vois mal comment la ♀, avec le ♂ sur le dos, puisse enfoncer sa tarière dans le poireau !
Par ailleurs je ne crois pas que le poireau l'intéresse particulièrement (la mineuse du poireau est une Agromyzidae).
Comme son nom l'indique, elle préfère les bouses et autres excréments.
Voir André Lequet

[Oryctes]

Tu as raison, elle n'enfonçait pas sa tarière "dans le poireau" mais dans une matière blanchâtre et gélatineuse se trouvant juste à côté, j'avais oublié ce détail. La rencontre physique avait commencé sur le poireau comme le montre ma photo du début mais - ça m'est revenu - deux mâles sont intervenus pour attaquer le couple, le bousculer (j'ai même une photo floue de l'incident) qui, alors, s'est désolidarisé pour se reformer aussitôt. L'acte lui-même, en principe, était terminé (comme je l'ai précisé dans mon premier message) mais le mâle s'est immédiatement remis sur le dos de la femelle, dans la même position "genoux" pliés sur son dos, et c'est là que j'ai vu la femelle, sinon pondre, tout au moins enfoncer à plusieurs reprises l'extrémité de son abdomen dans le végétal en état de décomposition, avec toujours le mâle sur le dos (les photos qui suivent ne sont pas assez nettes malheureusement mais on voit un peu ce que je décris. Sur la première photo la femelle enfonce sa tarière puis elle la retire - photo 2 -, puis - faut me croire sur parole - elle la replonge à nouveau, etc.).
Pour le reste, je ne prétends pas du tout que le poireau intéresse tout particulièrement l'espèce et je sais qu'elle affectionne, comme tu le dis, les bouses et les excréments divers. Mais, c'est bien connu, faute de grives on mange des merles (ç'est sûrement en partie vrai aussi pour les insectes ) et, dans mon jardin, c'est une simple observation, juste du vécu, de nombreux individus de l'espèce se donnent rendez-vous dans un récipient contenant des feuilles de poireaux. Bien sûr il ne s'agit pas de légumes frais mais de végétaux en voie de décomposition. Même que ça sent pas bon et que, ben les mouches, ça doit leur rappeler quelque chose


Oryctes : France : Lille : 59800 : 07/04/2024
Altitude : NR - Taille : 6 mm et 8 mm environ
Réf. : 340227


Oryctes : France : Lille : 59800 : 07/04/2024
Altitude : NR - Taille : 6 mm et 8 mm environ
Réf. : 340228

[latique]

Tout cela est intéressant mais les mouvements de l'abdomen ne correspondent pas nécessairement à un acte de ponte.
Continue à observer et éventuellement tu filmes.

[Bernard Perthuis]

Je trouve effectivement que le poireau ne fait pas le poids ici; tout comme moi j'hésite à trop montrer mes kilos là : viewtopic.php?t=260359

(nb : les titres des deux sujets entrent en résonnance sur la page des sujets en ce moment, j'adore ces coïncidences plus ou moins fortuites; à mon avis elles sont plutôt provoquées par des entités psychiques bien humaines mais qui nous dépassent complètement....).

[Oryctes]

En effet, Eugène, en bon scientifique tu cultives le doute, et ce mouvement de l'abdomen ne signifie pas nécessairement qu'il y a ponte, je suis d'accord. Je vais suivre ça de près. De près, forcément, mais je n'ai jamais utilisé jusqu'à présent la fonction vidéo de l'appareil. Le problème : même si l'on met en évidence le mouvement, on ne sera jamais au bout de la tarière de la femelle pour voir précisément ce qui s'y passe
Bonjour Bernard, on trouve de bien belles bêtes en Guyane qui, elles, assurément "font le poids" vis à vis de nos mouches métropolitaines. Dommage que tu ne puisses pas développer ici ce point de vue sur les "entités psychiques bien humaines mais qui nous dépassent complètement"...