Il y a trois, potentiellement quatre populations :
- le
roeselii typique, sur aulne. Tend à se raréfier, présent en Europe occidentale.
- le
longiceps typique, sur platane. Décrit d'Europe orientale.
- et au moins une population (ou deux ?) à l'
habitus intermédiaire, ou ressemblant à
roeselii, du platane.
Les études allemandes et britanniques montrent l'absence de différence génétique entre
roeselii et
longiceps, ce qui tend à ne faire qu'une espèce. Qui devrait donc, dans ce cas, s'appeler
roeselii (règle d'ancienneté). MAIS : la conclusion est qu'il existe quand même deux espèces, discernables uniquement par leur plante-hôte,
longiceps étant la seule espèce sur platane.
Ce qui n'a aucun sens.
Pire, ces études n'incluent pas les types de
longiceps... Donc en travaillant, potentiellement, avec des
roeselii et des
roeselii, il y a en effet une possibilité pour qu'on ne parvienne à mettre en évidence aucune différence...
Pour résumer : Carayon a trouvé des
roeselii sur platane en Provence ; Hoffmann a trouvé des
longiceps sur platane à Francfort. En comparant les deux, Hoffmann n'a trouvé aucune différence, ce qui l'a conduit à envisager que Carayon aurait en fait pu se tromper dans son identification, et, celle-ci ayant servi de
base à de très nombreuses suivantes, aurait été à l'origine d'une confusion. L'hypothèse est tout à fait pertinente, mais il en existe une autre tout aussi plausible, c'est qu'Hoffmann aurait aussi pu se tromper lorsqu'il a identifié ses
Arocatus allemands comme étant des
longiceps...
Ce qui est à peu près certain, c'est que les
Arocatus provençaux (niçois ?) de Carayon sont sans doute les mêmes que les
Arocatus allemands d'Hoffmann. Ce sont probablement les mêmes que l'on retrouver de la Grande Bretagne au Portugal.
Aucune des deux études n'incluant les types, je reste dubitatif sur l'une, comme l'autre identification. On pourrait avoir des
roeselii du platane ressemblant à des
longiceps, ou des
longiceps ressemblant à des
roeselii, ou encore une nouvelle espèce, voire les deux.
J'attire également l'attention sur le fait que le critère, généralement avancé, de la longueur du
rostre, m'apparaît comme assez peu solide. Je dispose, au moins, d'une série de cinq mâles tous issus de la même population, et dont la longueur du
rostre varie d'un extrême à l'autre, le premier, si l'on en juge par ce critère, étant un
roeselii typique (y compris pour la coloration), et le dernier un
longiceps typique (y compris aussi pour la coloration), avec tous les intermédiaires. Juste une chose sur ce critère : si l'on envisage l'hypothèse selon laquelle il existe deux espèces,
roeselii de l'aulne, et
longiceps du platane, et qu'une population de
roeselii s'adapte au platane, alors il faudrait s'attendre à une certaine convergence avec
longiceps, sous la sélection de la même plante-hôte, et que cela se traduirait, notamment, par une modification de la longueur du
rostre. On a un cas d'école avec la modification de la longueur du
rostre pour la Punaise à épaules rouges,
Jadera haematoloma, avec le passage de son hôte historique,
Cardiospermum, vers le genre introduit
Keolreuteria. Si
roeselii est bien historiquement lié à l'aulne et qu'une population s'est adaptée au platane par la suite, alors il faudra s'attendre à ce que cette population tende à ressembler à
longiceps, morphologiquement parlant, notamment du point de vue de la longueur du
rostre, sans que cela implique une particulière proximité génétique.
En l'état actuel des connaissances, les études les plus sérieuses sont celles des asiatiques qui ont entièrement révisé le genre, et ont inclus tous les types à leur étude. Ils ont notamment trouvé des différences dans les
pygophores qu'ils estiment significatives, donc pour le moment,
on a bien deux espèces distinctes.
Les temps récents ayant été quelque peu compliqués, j'ai manqué de temps pour réaliser des dissection de mes spécimens (a priori, je dispose de la population décrite initialement par Carayon) et comparaison des
pygophores avec les types, et pour procéder à des mesures comparatives des
rostres et des dimensions des graines des deux espèces.
En l'état actuel, on a donc deux espèces, qui se distinguent sur la
base du rapport longueur de tête /
diatone, et, dans ce cas, la tienne tombe clairement dans le champs de
roeselii.
Arocatus roeselii (Schilling, 1829)