Certaines libellules régressent-elles ?

Libellules, agrions et autres demoiselles...

Animateur : Bertrand P

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Jean-Michel FATON
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Enregistré le : samedi 25 novembre 2006, 16:18
Localisation : Drôme

Certaines libellules régressent-elles ?

Message par Jean-Michel FATON »

Sur le forum des papilloneux-lépidoptéristes, une question posée par lepi-net a propoqué une discussion intéressante : voir viewtopic.php?t=14755

Il est clair que les papillons subissent les effets de la pollution des zones agricoles, les effets sur surpâturage, la fermeture des milieux, les effets de la sècheresse ... la régression des papillons est un fait admis d'une manière général, y compris au niveau du grand public.

mais

Observe-t-on des phénomènes de regression comparables chez les libellules :?: :?: :?:

Personnellement, j'ai du mal à répondre clairement à cette question qui m'a été souvent posée. Aussi, je lance ce petit débat sur le forum des Odonates pour éclairer ma lanterne ! :wink:

JM
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L’Animalcule Libellule, Bidule des Campanules, Copule dans la Canicule, au milieu des Fuligules. Son Ovule Tintinnabule, il ne lui manque pas une Virgule.
Trecul Patrick
Membre confirmé
Enregistré le : vendredi 31 mars 2006, 16:02
Localisation : vendée/loire-atlantique

Message par Trecul Patrick »

Pour ma part, je n'ai pas le recul nécessaire pour constater une régression (deux ans de pratique ne sont pas suffisant je pense, surtout lorsque l'on change de région). :oops:
En revanche j'ai eu une discussion intéressante au printemps dernier lors d'une sortie libellules avec les naturalistes vendéens : Orthetrum albistylum semble lui au contraire progresser énormément dans l'ouest... 8-O

En ce qui concerne la chute des effecifs d'odonates je reviendrai poster un message dans une dizaine d'année sur ce post quand j'aurai un peu de recul... :lol:
FranckH
Membre confirmé
Enregistré le : mardi 14 février 2006, 0:57
Localisation : entre Rennes et Nantes

Message par FranckH »

Dans le nord-ouest de la France (Massif Armoricain), pour ce que je constate depuis une 15aine d'années, il y a assez peu d'espèces en forte régression récente (si l'on exclue les taxons disparus ou dont la régression a démarré depuis longtemps, Sympetrum danae par exemple). J'en citerais quand même qques unes qui m'inquiète :
- C. pulchellum, dont les obs sont de moins en moins fréquente depuis 5-10 ans alors qu'elle était plus communément observée auparavant et même très abondante pour nos anciens,
- Somatochlora flavomaculata, qui elle n'a sans doute jamais été très commune ici mais dont les obs deviennent désormais franchement rares,
- et Aeshna isoceles, assez répandue (sans être très abondante) avant dans les grand marais de l'ouest (vilaine, Basse-Loire, Brière, Erdre, ...) mais qui désormais ne se maintient à peu près, de mon point de vue, que dans de petites stations proches du littoral.
De toute façon, on atteint sans doute pas les 40-50% d'espèces menacées comme pour les papillons et les bourdons. Les odonates ont l'air plus "plastiques" et pour beaucoup assez tolérants aux pollutions et même quand ils disparaissent de certaines stations en cas de problème grave (genre sécheresse intense avec des niveaux archi-bes ces dernières années dans les marais et des assecs dès le printemps dans les ruisseaux), ils semblent en mesure de revenir assez vite par après.

Mais bon, nous ne sommes pas une région qui compte énormément d'espèces sténoèces et exigeantes... ce sont évidemment les premières touchées.

Amicalement
Franck
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Jean-Michel FATON
Membre confirmé
Enregistré le : samedi 25 novembre 2006, 16:18
Localisation : Drôme

Message par Jean-Michel FATON »

Les espèces qui pourraient régresser du fait de la pollution sont par exemple Coenagrion mercuriale et Ceriagrion tenellum. Mais globalement dans la Drôme, j'ai plutot l'impression de les rejets directs dans la nature diminuent. J'ai donc rien noté l'alarnant sur ces libellules.



Je pense a priori que les espèces qui ont le plus de difficulté sont les espèces très spécialisées dans un type de milieu. De ce point de vu, j'ai tendance à mettre le doigt sur les milieux temporaires humides. Dans les Drôme, toutes les espèces de ces zones humides sont rares, et me semble-t-il menacées :
  • - Lestes barbarus

    - Lestes dryas

    - Sympetrum flaveolum

    - Sympetrum pedemontanum

    - Aeschna affinis


Pour L. dryas et S. flaveolum, c'est vraiment marqué puisque nous n'avons quasiment plus de données depuis 10 ans. Il faut y voir un modification des pratiques de gestion des proprétaires des plans d'eau qui "luttent" pour avoir des plan d'eau permanents et qui font des lacher des poissons ou d'écrevisses exotiques. Il y a une situation comparable pour certains crapauds rares comme les pélobates.



Image

Faton Jean-Michel : France : 31 12 2006 : Drôme : 26

-

ref:16495

Répartition de Sympetrum flaveolum dans la département de la Drôme



La situation est encore plus préoccuppante pour le Lestes macrostigma qui est une espèce des milieux temporaires ET saumâtres. Cette espèce semble très menacée dans tout le bassin méditerranéen du fait de l'abandon de l'élevage extensif et des aménagements pour la chasse.



Cela m'amene à dire qu'il ne suffit pas de protéger les zones humides, il faut également bien les gérer, notamment sur le plan hydraulique ... :roll:



Merci pour vos temoinages et en espérant d'autres réactions,



JM
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Djay
Membre
Enregistré le : mercredi 26 avril 2006, 10:52
Localisation : Toulouse

Message par Djay »

Malheureusement comme Patrick je n'ai pas le recul nécessaire pour pouvoir constater une régression. :( (je suis un ptit jeune encore :-P)
Je pense qu'il faut 5 ans minimum et 10 à 15 ans de suivis de différents sites pour l'apprécier.
Par contre je suis tout à fait d'accord avec Jean-Michel sur l'intérêt important des zones temporaires humides que ce soit pour les odonates ou pour les amphibiens et les dégâts qu'engendrent les lachers de poissons sur ces populations!

Jérome
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Jean-Michel FATON
Membre confirmé
Enregistré le : samedi 25 novembre 2006, 16:18
Localisation : Drôme

Message par Jean-Michel FATON »

Image

Le Lestes dryas est une espèce qui affectionne les mares et marais temporaires. C'est une espèce qui régresse certainement dans beaucoup de régions.

Ce message permet aussi de faire connaître les cartes de l'inventaire INVOD qui commencent à être en ligne sur le site de la SFO www.libellules.org

JMF
Modifié en dernier par Jean-Michel FATON le vendredi 2 mars 2007, 8:20, modifié 1 fois.
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Dge
Membre confirmé
Enregistré le : samedi 5 février 2005, 20:22
Localisation : Ambazac (87)

Message par Dge »

Oui et pourtant l'exemple du Sud-Ouest n'est pas bon l'espèce est bien présente et semble très bien s'accomoder des mutations des lagunes. elle est biens ouvent plus abondante et plus fréquente que L. virens. la rareté ici c'est L sponsa..; donc cette notion de regression c'est délicat surtout lorsque l'on a pas quelques éléments historique de comparaison (publi.).
Dans le sud-Ouest on en reparle dans 15 ans... parceque je pense qu'il ya pas assez de données et de production de données pour trancher. J'aimerais avoir l'avis de Bruno par rapport au site et zones qu'il suit. Par contre je pense que l'espèce reste localisé à un secteur géographique relativement défini.

A+

David
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B.Jourdain
Membre
Enregistré le : mardi 4 octobre 2005, 19:47
Localisation : Bordeaux

Message par B.Jourdain »

Bien sûr David ! Tout de suite !

Sur l'ensemble du plateau landais, L. dryas est largement répandu et présente généralement des effectifs très importants. C'est l'espèce du genre Lestes la plus commune avec L. virens dans le massif des Landes de Gascogne. Elle ne semble pas régresser mais il est vrai que nous manquons de recul. L'abaissement généralisé du niveau de la nappe phréatique que nous constatons dans le massif lui est peut-être favorable puisque nombre de lagunes, qui étaient autrefois permanentes, présentent aujourd'hui un assec estival marqué dont bénéficie l'espèce. Dans le même temps, bien sûr, cette situation met en péril d'autres taxons et notamment les Leucorrhines dont les exigences sont toutes autres.

Bruno
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