[Mellinus arvensis] F Elle n'a pas piqué la mouche

[Caillou]

Bonjour,



En effet elle n’a pas piqué la mouche… mais ce n’est pas faute d’avoir essayé !



Lorsque je suis arrivé il y avait une bonne douzaine de diptères sur cet étron accueillant, plus cet hyméno qui faisait un peu tache et qui m’a intéressé. Mon irruption a fait s’éloigner une partie des mouches mais certaines sont restées, et tout le long de mon observation l’hyméno a tenté des attaques sur celles-ci, une bonne dizaine, sans qu’une seule ne réussisse… ça m’a bien arrangé pour avoir le temps de prendre des clichés mais c’est surprenant sinon, n’est-ce pas ?

La bête ne semblait pas handicapée ni affaiblie, ses attaques étaient rapides et à plusieurs reprises il y a eu une brève lutte entre elle et sa proie, mais à chaque fois cette dernière est parvenue à se dégager ; c’était comme si l’aiguillon était "en panne".

J’ai fait une petite vidéo où l’on voit une de ces attaques suivie d’une séance de toilettage.



Pour l’identification je proposerais une femelle Mellinus arvensis.

Son activité de chasse désignerait le sexe, et son habitus m’a orienté vers les Crabronidae ; j’ai d’abord cru reconnaître un Ectemnius dans la galerie mais la face est très différente (entre autres les yeux très grands et rapprochés), ainsi que la nervation alaire. Par contre le genre le genre Mellinus correspondrait avec l’habitus, en particulier le masque facial et la répartition des zones noires et jaunes sur l’ensemble du corps, ainsi que la prédation de diptères. La période d’activité en automne semble typique de même que la forme en massue du premier segment du gastre qu’on voit bien en bas à gauche.

Enfin l’espèce se reconnaitrait par la couleur jaune des taches sur les tergites, à l’opposé du blanc présent sur l’autre espèce possible (M. crabroneus qu’on trouve en Suisse malgré son absence dans F.E.).



Sur un étron au bord d’un chemin au bas d’un pente aride



Pierre Bornand : Suisse : Martigny : 1920 : 9/10/2013

Altitude : 472 m - Taille : 13 mm mesuré

Réf. : 110453



Merci de votre aide et de vos commentaires !

[Gilles Jardinier]

c'est sûr, il y a des randonneurs français dans ton coin !

[Caillou]

Tu rigoles, mais il y en a chez moi qui penseraient ça au premier degré... degré zéro en fait.
Eh oui ici aussi on en a, et pas qu'un peu, de ces "gens qui sont nés quelque part" comme disait si justement Brassens... Et moi je n'en suis pas, décidément, définitivement, absolument pas.

[Gilles Jardinier]

pour moi, pas de souci pour une femelle Mellinus arvensis.

mais, pour le comportement ?

[Caillou]

Merci pour ta confirmation, Gilles !

Au sujet du comportement je peux apporter ces compléments:
- En visionnant à nouveau la vidéo je trouve que la bête est en fait très vive: on le voit lorsqu'elle saute sur la mouche de telle sorte que celle-ci n'a pas le temps de s'envoler (et elle a fait ce genre de "touche" plusieurs fois même si à d'autres occasions les mouches ont réussi à l'esquiver), et lorsqu'elle se déplace par à-coups puis se toilette avec vigueur elle me paraît "normale" pour un hyméno, non ? Mais comme je n'ai jamais vu cette espèce auparavant je n'ai pas de point de comparaison
- L'observation a duré plus de 10 minutes avec environ autant d'attaques ratées
- Ce jour-là il faisait frisquet: presque pas de soleil et moins de vingt degrés
- J'ai vu pas loin deux femelles Philanthes probables (P. triangulum ?) qui creusaient leurs terriers: les deux étaient très "lentes" comparées à cette Mellinus, donnant seulement 2-3 coups de "râteaux antérieurs" par seconde pour évacuer la terre ce qui donnait l'impression d'un ralenti...
- En termes d'hyménos j'ai encore vu deux Ichneumonidea présumés d'espèces différentes dont le déploiement d'énergie dans leurs activités faisait un peu la moyenne des deux extrêmes précédents, et un grand Sphecidae (Sceliphron curvatum ?) plutôt preste qui s'est assez vite envolé

[Phil]

Intéressante cette vidéo.
C'est peut-être une bestiole fraichement émergée qui ne maitrise pas encore le technique de capture (?)
Une autre visible ici ou on voit des mouches capturées avec succès.

A noter que M.arvensis capture aussi des proies pour sa consommation personnelle:

Etienne RABAUD: NOTES SUR L'INSTINCT DE MELLINUS ARVENSIS

J'ai simplement constaté, à trois reprises, qu'il ne portait pas toujours à son nid les Mouches capturées, mais les mangeait parfois sur place. Ce Sphégien s'ajoute donc à la liste, déjà longue, de ceux qui tirent tout ou partie de leur alimentation de la proie même qu'ils donnent à leurs larves.

Lorsqu'il mange sa capture, M. arvensis l'entame par la base de l'abdomen et fouille dans le thorax ; souvent il décapite ensuite sa victime, vide le contenu de la tête et de la partie antérieure du thorax. D'une façon constante, il laisse intacts les téguments thoraciques, probablement trop durs pour ses mandibules. Il mange donc bien réellement le corps du Muscide et ne se contente pas, comme d'autres Sphégiens, d'aspirer ou de lécher les sucs que renferme le tube digestif.