Salut Manu,
Oui, c'est très intéressant comme démarche, c'était une idée de travail sur plusieurs années que nous aurions aimé mener avec Jacques Lhonoré, et je souhaitais utiliser les noctuelles pour ces aspects interactions habitats/espèces/peuplements. Malheureusement...
Sur l'idée d'une liste de plante-hôte, elle est très bonne et plusieurs entomos se sont penchés dessus, mais c'est plus compliqué que ca n'y parait. Je me pose toujours des questions au fil des ouvrages parus concernant les citations des plantes-hôtes, et leur validité (sources ?). Quelle assurance pouvons-nous donner aux lecteurs sur la fiabilité de la donnée : est-ce in-natura, s'agit il d'observations françaises, acceptation de plantes en élevage, quelle caution scientifique derrière la détermination d'une plante ? Cette dernière question est récurrente, notamment chez les Satyrinae, les Noctuinae... qui utilisent en grande partie les graminées : beaucoup de déterminations sont erronées dans les groupes des Festuca et Carex par ex. (j'ai en effet le cas de données de plantes soit disant utilisées sur un site particulier alors que les espèces végétales ne peuvent être présentes)... faut mettre en place pour ça un partenariat avec des conservatoires botaniques.
Pour faire cette liste des plantes-hôtes et espèces associées, il faut mettre en place un outil qui permette la validation des données (et donc les sources utilisées).
Je sais que Jean-Alain (que je salue bien d'ailleurs !) et les personnes associées au projet d'atlas de l'ouest ont réfléchi à ces histoires.
Concernant l'interaction habitats/espèces/peuplements, il faut savoir ce que l'on cherche:
_ définir des habitats de prédilection d'espèces et de cortèges associés ? Il suffit dans de mettre en place une méthodo relativement standardisée (avec tout de même des problèmes de biais dus à l'attraction d'une espèce avec une source lumineuse) et ensuite avoir une bonne description des habitats étudiés et de la composition floristique. C'est une très bonne info mais rien n'atteste le caractère autochtone de l'espèce observée (ça permet ceci dit de mieux fouiller)
_ avoir une idée sur le caractère autochtone d'une observation dans un habitat donné ? Dans ce cas, on revient au 1er problème de la connaissance de la biologie/écologie des espèces.
Te connaissant Manu, j'imagine que tu avais derrière la tête des idées de gestion conservatoire liés à certains groupes et de "bio-indications" à partir des hétéros ?
Imaginons un peu si on bossait à fond dessus et en réseau : Pollard disait en 1993 que les rhopalos étaient de bons indicateurs du maintien de l’ouverture des
milieux, mais aussi de leur conservation. Avec en France plus de 5000 espèces d'hétéros, ca fait potentiellement un sacré nombre d'espèces "indicatrices" de l'état de conservation des milieux ouverts (et fermés d'ailleurs) ! Couplé avec les infos sur les peuplements....
Ca me botte, ça !
DD
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