fif06 a écrit : mercredi 11 janvier 2023, 14:28
Est-ce-que ces adultes en principe hivernants sous forme de chrysalide pourraient se trouver en difficulté en cas de coup de froid (comme les plantes) ?
 
Dans les cas (quelque soit le stade) où il y a une vraie 
diapause (et pas juste une 
quiescence), ça risque effectivement de poser problème. Les espèces de nos régions tempérées (qui ont normalement un hiver relativement marqué) se sont souvent adaptées à la mauvaise saison avec une 
diapause qui permet d'être plus résistant à l'hiver. Cette 
diapause disparait normalement après un certain temps passé dans le froid. Ce qui déclenche la 
diapause n'est pas tellement la baisse des température mais plutôt la diminution de la photopériode (nombre d'heures de soleil par jour) à partir de l'été ou l'automne. En sachant cela, le déclenchement de la 
diapause et sa levée ne semblent pas très flexibles par rapport aux conditions météo. Alors si les températures sont trop élevées, pas de levée de 
diapause, donc les organismes en 
diapause finissent par mourir sans pouvoir se réveiller. Après, il peut y avoir une petite fraction de la population où la 
diapause ne se déclenche pas pour une raison indéterminée (qui peut être d'ordre génétique par exemple). Ces individus sont moins adaptés à un hiver froid mais pourraient survivre en cas de douceur. Ce qu'on peut imaginer, c'est que si les hivers doux deviennent la norme avec le changement climatique, il est possible que le phénomène de 
diapause finisse par disparaître ou devenir minoritaire par sélection naturelle. Les hiver doux sélectionnent les individus sans 
diapause qui survivent, mais ça fragilisera la population, car ce genre de goulot d'étranglement constitue un appauvrissement génétique en plus d'une diminution du nombre d'individus (au moins à court terme). Et puis, s'il y a à nouveau un hiver très froid, ça peut recasser la dynamique de la population encore une fois.
De mon côté, je me suis demandé plusieurs fois si le fait que les populations de cartes géographiques de ma région se sont cassées la gueule depuis quelques années n'est pas lié à une succession d'hivers trop doux (qui empêchent la levée de 
diapause de beaucoup de 
chrysalides), souvent conjugués à des périodes de gel pendant le printemps à l'époque des 
émergences ou un peu avant (qui zigouilleraient une bonne partie des 
chrysalides restantes qui ne sont pas ou plus en 
diapause). Cette espèce est bien connue pour avoir une 
diapause chrysalidaire assez stricte en Europe.