Ce Carabe n'est certes pas une rareté pour notre faune,mais sur l'Aubrac il présente de notables nuances chromatiques qui s'écartent de la forme bronzée habituelle,bien qu'elle y soit en dominance:certains exemplaires sont holomélanisants,d'autres cyanisants,avec autant d'intermédiaires bicolores;et c'est le premier à se manifester au niveau des pacages d'altitude,indiquant que le vrai printemps sur ce territoire est tardif,en décours de la fonte du manteau neigeux,et annoncé par la levée massive d'une plante rare en France,celle de l'Erythrone dent de chien (avril-mai).Ce repère floristique ne m'a jamais déçu,ajoutant que de rares pieds sont dépourvus de la couleur rouge flamboyante au sein d'un biotope retrouvé d'une année sur l'autre,mais toujours de manière très dispersée...et sur aucune des Flores de France consultées je n'ai trouvé la moindre représentation de cette variété aberrante ! ...
Une belle photo, encore une fois ! Bravo...
Les "formes" de cancellatus sont des formes somatiques (sauf exception comme les formes à tibias rouges d'Alsace et d'Allemagne, parfois très communes...), elles varient en fréquence et intensité chromatique d'une année sur l'autre, en fonction des conditions météo du site (notamment enneigement tardif...), je l'ai constaté en Ardèche.
Tu as parfaitement raison sur ta remarque botanique et cancellatus (avec arvensis et auratus sauf exceptions) sont des espèces très précoces (mais moins que nemoralis) tout du moins dans le Massif Central. La seconde génération sort en août si j'ai bonne mémoire, mais plus de mélanisants, comme c'est bizarre ?! (ou des rescapés...)
Cher Kymox Visu,
Merci pour ta réponse très intéressante et les facteurs environnementaux sont à prendre en considération dans le déterminisme de ces variations chromatiques;très souvent j'ai parcouru les pelouses à Erythrones sans découvrir le moindre aberrant,je n'ai pas en mémoire les années fastes sur ce point précis.Par contre et comme tu le soulignes mes recherches durant le mois d'août (avec modestes piégeages) ne m'ont jamais permis de récolter quelque mélanisant et tous ceux que j'ai pu examiner s'incrivent dans la lignée typique...et ils sont très bien représentés en bordure des ruisseaux à eaux vives où du reste ils partagent l'habitat avec les monilis,mais en début de saison ces derniers se montrent beaucoup plus discrets dans les vastes étendues herbeuses.
Très amicalement.
je vais apporter un peu d'eau à ce moulin. J'ai longtemps passé mes vacances d'été (et d'hiver aussi d'ailleurs) dans l'Isère, dans la station de l'Alpe d'Huez. on y trouve abondamment un carabique : Haraplus honestus. Jusque là, rien de bien spectaculaire.La plupart du temps cette espèce est bronzée à vert émeraude. En 1994, il étaient tous violets !!! L'année suivante, bronzés à verts... L'explication ne pouvait être que climatique.
Sat'
Si vous pouvez lire ça, c'est que vous êtes trop près
Merci Sat' de nous conforter sur l'incidence du climat en ce qui concerne les variations extrêmes de nos Carabidae ! - et je dois te dire que sur cet Aubrac nous assistons à des situations que les anciens disent ne pas avoir connues et s'incrivant dans une dynamique du tout ou rien en matière notamment d'enneigement au point que la Hêtraie de "Aubrac city"avait en juillet-août 2005 revêtu une parure automnale...si la flore se transforme de temps à autre de la sorte,il est bien logique d'imaginer que l'entomofaune puisse subir des influences qui nous échappent ! ...
jules d'oc a écrit :il est bien logique d'imaginer que l'entomofaune puisse subir des influences qui nous échappent ! ...
et elle ne nous échappent pas forcément autant que ça. Le phénomène de mélanisme en fonction de la température durant la nymphose a été beaucoup étudié chez les lépidos diurnes, principalement chez les vanesses. Et c'est assez spectaculaire. Il semble que dans leur cas, un gène ancien répond à la température de nymphose comme une anticipation des conditions climatiques pour les premiers jours après lémergence. En effet, chez les papillons, le vol est très important et donc la température des muscles allaires pour assurer ce vol également (pour mémoire : les muscles des insectes ne fonctionnent que sur une plage de témpérature restreinte). La réponse est donc un assombrissement du papillon avec les basses températures pendant la nymphose : le sombre réfléchit moins la lumière et la transforme en énergie thermique
c'est beau l'évolution...
Sat'
Si vous pouvez lire ça, c'est que vous êtes trop près
c'est également très visible lors d'un élevage de C.aurata en terrarium. Dans le cas où l'on place une source de chaleur (cordon chauffant de terrarium), les imago deviennent rouge. Si pour la génération suivante on enlève la source de chaleur, les imagos sont verts "classiques"
Merci à vous deux pour l'info complémentaire:donc si j'ai bien compris j'ai plus de chances de retrouver des cancellatus mélanisants après des hivers rigoureux et enneigement de longue durée sur ce territoire,il me semble bien en effet que les premiers relevés à la mi-mai 1986 étaient dans cette situation d'hiver particulièrement long (habituellement le Col de Bonnecombe à 1350 m d'altitude est ouvert à la mi-avril !)...
C'est très intéressant ces informations sur le climat de l'Aubrac car c'est une région magnifique qui contient de très nombreuses et bonnes espèces (notamment en curcus). Je l'ai prospecté 3 années de suite et cette région à fortement souffert de la sécheresse donc c'est une bonne chose que la neige ait été dominantes ces derniers hivers.
Et à tout hasard s'il y a parmi vous un botaniste je serai très heureux de savoir si la variété blanche de l'Erythrone a été recensée,il est vrai que je ne l'ai rencontrée qu'en un point précis (il y a plus de 20 ans!) où elle se maintient par pieds très isolés;la Flore d'Aubrac de F.Nouyrigat tient largement compte des travaux du chanoine H.Coste,grand botaniste,mais n'indique aucune variation pour cette plante remarquable par ses 2 feuilles tachées de brun-rouge,la couleur pourpre de la fleur et d'un bleu-violet pour les étamines...et voici un exemplaire pour le moins aberrant ! ...
jules d\'oc : France : 1 5 2006 : Nasbinals : 48
altitude : 1250 m - taille : hauteur sur pied 15 cm