[Papilio alexanor] Vie et moeurs de Papilio alexanor

Les papillons vous intriguent ?

Animateurs : Gyp', PPer, totor, bobabar, Noisette

Avatar du membre
saturnin
Membre confirmé
Enregistré le : dimanche 19 février 2006, 9:54
Localisation : Belgique (Sprimont)

Message par saturnin »

Entierement d'accord avec toi David, comme tu la si bien dit, LA NATURE N'APPARTIENT PAS A l'HOMME
.
La vérité d'un homme, c'est d'abord ce qu'il cache. (André Malraux)

Balises :
Avatar du membre
bellieri
Membre confirmé
Enregistré le : mardi 11 octobre 2005, 12:37
Localisation : Vosges

Message par bellieri »

Ne t'en fais Didier, cette localité est connue, et ca n'empêchera pas ces pratiques.

David :

PS : tes Conistra semblent bien être C. intricata, tu avais raison !
Avatar du membre
Jean-Michel FATON
Membre confirmé
Enregistré le : samedi 25 novembre 2006, 16:18
Localisation : Drôme

Message par Jean-Michel FATON »

Sergio 26 a écrit :Je pense que les causes sont multiples à ce déclin rapide et inquietant.
Sergio
Je pense aussi Sergio qu'il est important de comprendre les problèmes que rencontre cette espèce. Dans la Drôme, je pouvons décider de faire une petite "Opération Alexanor" pour vérifier les anciennes stations et comprendre le fonctionnement des habitats spécifiques. Nous aurons besoin de l'aide des bonnes volontés. :wink:

Contrairement à la représentation que pourrait avoir certains, la formation des agents commissionnés du MEED s'améliore doucement mais surement. L'avenir n'est pas aux prélèvements excessifs :!: Et puis franchement, ce papillon magnifique est nettement plus à son avantage sur une belle photo, qu'épinglé dans une boite ... :D

JM
La faune de la Drôme vous plait ? ... cliquez sur MP.

L’Animalcule Libellule, Bidule des Campanules, Copule dans la Canicule, au milieu des Fuligules. Son Ovule Tintinnabule, il ne lui manque pas une Virgule.
Papillon des Alpes
Membre
Enregistré le : lundi 3 septembre 2007, 23:51

alexanor, hospiton et législation

Message par Papillon des Alpes »

Salut à tous,
Etant donné que je découvre le forum, je lis les anciens messages, et, forcément, ça me donne envie de répondre à des sujets déjà enterrés depuis longtemps.
Concernant certaines espèces, leur rareté, leur élevage et l'attitude de l'état, j'avais déjà réagi sur une autre site.
Je vais me contenter de "copier-coller" plutôt que de tout réécrire.
La discussion était à propos de Natura 2000 et l'incitation à données des infos sur les papillons encore présents...
Je vois que mon sentiment rejoint celui de beaucoup.

"L'idée est intéressante... si on fait abstraction de pourquoi on en est arrivé là !!
Je m'explique : cela fait des années (25/30 ans) qu'on lutte avec acharnement contre tous ceux qui s'intéressent aux papillons, en interdisant la capture, l'élevage etc. de la plupart des espèces non banales.
Ce genre d'interdiction va jusqu'à l'extrême, dans les Alpes de Haute-Provence, la chasse aux papillons était jusqu'à très récemment prohibée sur la totalité du département, pour toutes les espèces, mêmes les plus communes. Cela finit par décourager tous les entomologistes, à part sans doute une poignée d'irréductibles dont je fais partie. Au fil des ans les personnes capables d'identifier et de suivre les secteurs sensibles hébergeant les espèces fragiles, se sont faites de moins en moins nombreuses, à tel point qu'aujourd'hui on finit par appeler au secours pour qu'on dise ce qu'il y a et où. On aurait mieux fait de laisser les amateurs prélever quelques exemplaires (puis à partir d'élevage rendre x fois plus à la nature). L'exemple de l'Italie est significatif à cet égard. Là-bas on ne vous poursuit pas pour avoir attrapé tel ou tel papillon interdit de ce côté de la frontière, mais les entomologistes (lépidoptéristes) actifs sont dix fois plus nombreux, ils savent presque tous où sont les espèces rares qui ne disparaissent pas pour autant, justement parce qu'ils sont beaucoup à surveiller et à connaître chaque biotope riche.
Ceux qui en France produisent toutes ces interdictions se sont ils posé la question de savoir combien de papillons sont tués par an par chaque voiture qui circule ? J'ai même vu en Corse les débroussailleuses de la DDE massacrer des férules au mois de juin, en bordure de route, dans une réserve naturelle (vallée de la Restonica) en pleine période des "chenilles" de Papilio hospiton (présentes sur le lieu du délit sinon ça ne serait pas aussi agaçant). Enfin tout ça pour dire qu'avec un comportement un peu moins intégriste de la part de l'Etat, et une gestion plus logique et réellement respectueuse de l'environnement on n'en serait pas là. Les amateurs, forcément plus nombreux par le nombre, et dispersés sur tout le territoire, ne peuvent être que de précieux et indispensables relais d'observation pour toutes les structures officielles, à condition bien sûr de ne pas être traités comme des criminels à longueur de temps sauf quand ça arrange bien."

Ensuite on a évoqué des papillons non protégés mais qui mériteraient peut-être de l'être, et d'autres où c'est l'inverse :

"Pour les entomos, quelles que soient les raisons toutes confondues, une chose est sûre, c'est un espèce en voie de disparition (on devrait envisager une mesure de protection !!)
Pour revenir aux espèces protégées à bon ou mauvais escient, quelques exemples me viennent à l'esprit...
Protégés aberrants :
Parnassius apollo : papillon le plus courant dans beaucoup d'endroits des Alpes au dessus de 1500 m. Le distingo n'est pas fait entre les endroits où ce serait utile : le Massif Central, le Jura, les Vosges (trop tard), et ceux où c'est carrément stupide.
Zerynthia polyxena : justifié dans beaucoup d'endroits, mais totalement superflu dans beaucoup d'autres (comme le Var)
Pas protégés alors qu'ils sont franchement rares :
Vacciniina optilete, Aricia morronensis (1 seule station connue en France), Plebejus pylaon (idem), Polyommatus nivescens (idem), Erebia calcaria (idem), Polygonia egea, Thecla betulae, Satyrium w-album, Agriades pyrenaicus, Boloria graeca, Euphydryas intermedia et maturna, Oeneis glacialis, et quelques autres Erebia.
D'une façon générale je trouve qu'une protection ou non au niveau national est une incohérence entomologique. Notre pays est trop vaste et avec des variations climatiques et géographiques trop importantes pour que ce soit fait de cette façon. La protection d'une espèce est surtout à envisager aux endroits où elle se raréfie vraiment, parce qu'en limite de répartition, ou là où elle est confinée à des îlots-biotopes trop éloignés du reste de sa zone de répartition principale même si dans ces îlots elle est abondante.
Exemple :
Iphiclides podalirius n'est pas en danger en France, mais...
Il est courant dans le sud, et rarissime dans certains départements. En Lorraine il ne subsiste plus que dans quelques prairies calcaires dans lesquelles il n'est pas rare. Mais ces stations étant très éloignées des zones où il est courant devrait conduire à le faire protéger localement.
Maintenant on peut se poser la question : "à qui s'adresse une interdiction ?" Car qui est capable, dans la population, d'identifier (donc de nuire volontairement) à une espèce quelle qu'elle soit. A priori seulement les entomologistes. Combien sont-ils sur tout le territoire ? Sur ce petit nombre combien sont réellement assez imbéciles pour vouloir éradiquer localement une espèce rare ? Ensuite, qui est habilité à contrôler sur le terrain, quelles sont les connaissances de ces contrôleurs-verbalisateurs potentiels ? J'ai discuté en Corse avec des gendarmes, au bord d'une route "où il y a des hospiton", et qui ignoraient jusqu'à l'existence de la bête.
D'autre part on voit des biotopes entiers détruits pour construire une zone industrielle ou une route sans émouvoir personne alors que des espèces rares s'y trouvent. A 10 km à l'ouest de Digne il y a la seule et unique Ferula communis que je connaisse sur tout le territoire du 04, la route (ex RN 85) va être élargie faisant disparaître du département cette magnifique ombellifère. Tout le monde s'en fout, moi je trouve ça dramatique.
Autrement dit pour résumer ma pensée, à quoi servent ces interdictions ?
Ne suffirait-il pas de conserver quelques réserves naturelles de surface limitée à des endroits très bien ciblés (ex : une tourbière à Coenonympha tullia, ou une prairie humide à Coenonympha hero), et de se contenter de conseils bienveillants rappelés éventuellement dans tous les bouquins traitant du sujet pour le reste.
Utopie : créons des observatoires départementaux de surveillance des espèces animales et végétales, avec l'appui de tous les amateurs. Suivons toutes les espèces rares ou en danger, en ayant le droit d'alerter lorsque par ignorance la société ou quelqu'un en met une en péril. Ne pouvant pas arrêter le "progrès", voyons au cas par cas s'il n'y a pas moyen de déplacer légèrement un projet de route ou de construction (ou la plante s'il s'agit d'un végétal et que c'est possible)
Je sais bien que c'est se battre contre des moulins à vent de vouloir faire changer les choses, mais bon, rien n'interdit de rêver."

En réponse, on m'a parlé de l'aspect prévention occasionnelle pour certains travaux, etc.

"Je suis bien d'accord avec vous sur l'aspect "prévenir" pour réussir (de temps en temps) à faire changer les choses. Ce que je trouve contradictoire (et donc qui me gêne) c'est le fait qu'on interdise tout d'un côté...et qu'on réclame de l'aide de l'autre.
Pesant le pour et le contre, l'Etat devrait se rendre compte qu'il aurait plus à gagner à être plus souple. Il gagnerait la confiance de tous les gens comme moi qui se taisent, alors que je suis de fin février à début octobre dans la nature à chercher, observer, et élever des papillons.
Une seule loi suffirait : "il est interdit de détruire, même localement une espèce animale ou végétale quelle qu'elle soit (sauf espèce classée nuisible)".
Inciter ensuite chacun à surveiller son petit but de territoire national autour de chez lui pour signaler tout ce qui paraît anormal à un service centralisateur départemental dépendant lui de l'Etat, avec des moyens d'intervention lorsque nécessaire (projet mal placé, personne détruisant à son profit une espèce, pollution, etc.)"

Je n'ai choisi de citer que mes propos, car eux seuls n'engagent que moi.

Je suis heureux de constater que le ton des discussions sur le forum semble rejoindre ma philosophie de la "cause papillonnesque". Bien entendu, comme beaucoup d'autres, j'en attrape quelques uns, mais je suis totalement contre les grandes séries, et même les "sous-espèces" en quantités abusives (on dirait que certains cherchent absolument à laisser un nom dans l'entomologie, bientôt, chaque biotope aura sa sous-espèce de pieris rapae si on continue). Mon plaisir étant d'observer les espèces rares d'une année sur l'autre, je ne risque pas d'en prendre trop (parfois même j'élève pour repeupler en relachant l'année suivante avec moins de pertes que n'en aurait eu la nature).

Etant donné où j'habite (Digne en pleine zone prohibée), inutile de préciser le genre de bêtes que je peux élever, ma petite chouchoute (ZR pour ne pas la nommer) en tête.

Concernant alexanor, même ici ce n'est pas très courant, je n'en ai vu voler qu'une seule fois sur la commune de Digne, et je ne trouve des chenilles que de loin en loin, en petites quantités, dans un rayon de 30/40 km à vol... de papillon. Effectivement c'est surtout dans des éboulis récents, mais je n'en avais pas trouvé assez pour en tirer cette conclusion par moi-même

Puisque certains le demandait, j'ai elevé pas mal (oups, non il ne faut pas le dire) de Papilio h. (il a souhaité rester anonyme), je ferai donc un prochain message sur les observations qui en découlent (ses exigences et son comportement sont assez intermédiaires entre alexanor et machaon, bien que biologiquement il soit seulement très proche de machaon).

Pour finir, un petit salut amical à Jean-Pierre, nous nous sommes vu plusieurs fois et j'ai eu la chance de visiter ses installations d'élevage, j'ignorais qu'il était sur le forum (comme quoi le monde est petit)

Désolé d'avoir été aussi long... mais je suis bavard sur les sujets intéressants.
Avatar du membre
j-claude
Membre confirmé
Enregistré le : vendredi 24 février 2006, 14:31
Localisation : Lerouville (55)

Message par j-claude »

Pas mal Monsieur Papillon des Alpes j'ai eu le courage de tout lire et pas en diagonal et je ne me suis pas ennuyé :wink:
Une petite rectification tout de meme concernant Iphiclides podalirius qui en Lorraine enfin plus precisement en meuse ou je reside est plutot courant et regulier à peu pres partout.
Merci de ton savoir.
JCH
Avatar du membre
Gyp'
Animateur—Admin-galerie
Enregistré le : vendredi 22 avril 2005, 17:34
Localisation : MIDI-PYRENEES (sud-Occitanie).

Message par Gyp' »

EDIT D'ANIMATEUR : il est rappelé aux forumeurs qu'il est interdit, sauf autorisation officielle des autorités compétentes, de prélever dans la nature les oeufs, larves, nymphes ou imagos des espèces protégées au sens de l'arrêté du 23 avril 2007 (JORF du 6 mai 2007).

P.S
. : cette précision ne vise en aucun cas "Papillons des Alpes" qui reste responsable de ses écrits et qui possédait peut-être le droit d'effectuer des prélèvements à des fins d'élevage .. !
Modifié en dernier par Gyp' le vendredi 14 septembre 2007, 21:15, modifié 1 fois.
Jean-Pierre.

"Dans ma rétine brillait l'éclat du monde. Alors je me suis mis à pleurer. Communiant, ému des beautés de la vie" . Fred Durand - "Le troubleau" - Ed. STOCK.
Papillon des Alpes
Membre
Enregistré le : lundi 3 septembre 2007, 23:51

Message par Papillon des Alpes »

Oui, j'ai un peu raccourci la Lorraine à l'Est de la Lorraine (me basant sur la grande partie que je connais). Effectivement, podalirius commence à se rencontrer dans les pelouses calcaires, elles sont relativement vers l'Ouest : plateau de Malzéville (54), plateau d'Ecrouves (54, mais tout proche de la Meuse), Troussey (55, où il y a aussi P.baton et P.thersites). Je ne connais pas trop la Meuse (j'y ai peu fouiné), en revanche, dans les 3 autres départements le flambé est plutôt peu fréquent surtout en Moselle et dans les Vosges.
Papillon des Alpes
Membre
Enregistré le : lundi 3 septembre 2007, 23:51

Message par Papillon des Alpes »

Il va sans dire qu'une bonne part de l'élevage, une fois en chrysalides, est allée dans un centre d'étude à Gif sur Yvette (il me semble que c'était là-bas) pour participer à des tests d'hybridations (avec machaon et d'autres espèces de Papilio d'autres continents). Ayant déménagé après, et étant moins en contact avec la personne qui les leur avait transmis, je n'ai pas trop suivi ce qu'ils en avaient fait. J'en ai gardé quand même quelques uns pour moi. L'hospiton en Corse est loin d'être aussi rare qu'on veut bien le dire. En cherchant un peu on en trouve à plein d'endroits différents, et curieusement, plus facilement là où la férule n'est pas trop abondante (car du coup elle concentre sur elle les populations). Il est beaucoup plus facile à trouver que Polygonia egea pour faire une comparaison. Quand je pense à ce que la DDE détruit là-bas, il n'y a pas trop à s'inquiéter pour la survie de l'espèce.
Avatar du membre
Fonterland
Membre confirmé
Enregistré le : mardi 21 juin 2005, 22:17
Localisation : Tournon - Indre (36)

Message par Fonterland »

Papillon des Alpes a écrit :Quand je pense à ce que la DDE détruit là-bas, il n'y a pas trop à s'inquiéter pour la survie de l'espèce.
:?: :?: :(
Denis
Avatar du membre
Jean-Michel FATON
Membre confirmé
Enregistré le : samedi 25 novembre 2006, 16:18
Localisation : Drôme

Message par Jean-Michel FATON »

Image

Bon autant être précis, cela ne mange pas de pain !

Tu constateras d'abord qu'il n'existe pas de réserve naturelle nationale dans le centre de la Corse, encore moins dans la Vallée de la Restonica -commune de Corte. C'est triste :cry: .

Sur le site des "intégristes", http://natura2000.ecologie.gouv.fr/espe ... .html#FR83 tu pourras lire cette proposition intelligente (certainement écrite par un Ayatollah haut placé)"Proposer localement des périodes de fauche des bords des routes en fonction du cycle de développement de l’espèce. ".

Maintenant, la fameuse "DDE de Corse" depend du conseil général, qui a certainement une politique de protection des espèces protégées ! On se trouve également dans le Parc Naturel Régional de Corse qui est très actif en matière de protection des espèces ...

Donc, il paraît assez simple d'écrire un petit email aux personnes qui pourraient faire cesser le massacre dans la Vallée de la Restonica !

A toi de jouer Papillon ! :roll:

JM
La faune de la Drôme vous plait ? ... cliquez sur MP.

L’Animalcule Libellule, Bidule des Campanules, Copule dans la Canicule, au milieu des Fuligules. Son Ovule Tintinnabule, il ne lui manque pas une Virgule.

Retourner vers « Lépidoptères »