Les espèces qui régressent dans l'ombre

Les papillons vous intriguent ?

Animateurs : Gyp', PPer, totor, bobabar, Noisette

Sergio 26
Membre confirmé
Enregistré le : jeudi 28 septembre 2006, 17:31
Localisation : Drôme

Message par Sergio 26 »

Bien sur Jean-Yves ta question au sujet des OGM il fallait la poser :) et JPV comme à son habitude à apporté une réponse adequate ; de tout façon se pose le problème des manipulations génetiques en général et à force de jouer aux apprentis sorciers le retour de bâton risque de faire mal un jour :mad:
Sergio
eric.zyg
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Enregistré le : samedi 8 octobre 2005, 22:39
Localisation : Gap Hautes Alpes

ogm

Message par eric.zyg »

Bien sur Jean Yves que c'est de l'humour. Comment en douter.
Loin de moi l'envie de rabaisser quiconque.
Il ya suffisamment peu d'amateurs qui s'occupent de papillons pour qu'en plus il faille se quereller. (je ne parle pas des marchands).

Jean Yves, je vous propose de vous offrir une bière la prochaine fois que je vais à Paris. Le 7 février par exemple!

En tout cas, la question a suscité une belle réponse et c'est bien la vocation du forum.
eric.zyg
Membre confirmé
Enregistré le : samedi 8 octobre 2005, 22:39
Localisation : Gap Hautes Alpes

Message par eric.zyg »

jpv a écrit :eric_zyg :

Si, Si, la lune a une influence. Fais une chasse de nuit à la lampe les soirs de pleine lune et tu m'en diras des nouvelles!
Mon expérience qui ne vaut que cela, c'est que les soirs où on se rend compte que c'est la pleine lune, c'est qu'il n'y a pas de nuage ou peu.
De ce fait la température de la nuit descend graduellement, car le rayonnement terrestre n'est pas freiné par les nuages.
Il ya donc moins d'espèces qui volent du fait de cette baisse de température. D'ailleurs les nuits sans lune avec ciel découvert procurent le même effet.
C'est pourquoi je pense qu'il est utile de recueillir la température en début et en fin de chasse pour avoir des éléments objectifs de comparaison.
Petit bémol tout de même, il est vrai que dans la région méditerranéenne, la température des nuits est très stable et un ciel découvert amène un fraichissement de seulemnt quelques degrés qui se révèle bien plus préjudiciable que sous d'autres latitudes françaises.
Constaté également en forêt équatoriale.
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bellieri
Membre confirmé
Enregistré le : mardi 11 octobre 2005, 12:37
Localisation : Vosges

Message par bellieri »

sujet intéressant et réponses toutes aussi passionnantes.

Juste pour rebondir sur le sujet lune, ce que je peux dire, c'est que lorsque les conditions (t° et vent) sont bonnes, je ne me prive pas d'une chasse de nuit, même en cas de pleine lune. Il y a tellement peu de jours finalement (dispo/météo) qui sont favorables que ca serait bête. Et quand ca veut voler, lune ou pas, ca donne ! (sur mes draps tout du moins!)

Concernant les régressions, je n'ai pas le recul suffisant pour tirer des infos pertinentes à partir de ma propre expérience, par contre, il n'y a qu'a lire les anciens catalogues citant des espèces comme Coenonympha hero ou Lopinga achine dans l'Allier (un ex. au hasard, quoique... ) pour se rendre compte des dégats.

Ce qui est le plus souvent dommage, c'est de ne disposer que de l'info qualitative (présence/absence) qui, si elle est moins aléatoire sur les Rhopalocères pour juger des tendances d'évolution de populations/peuplements, cela est plus délicat à mettre en avant pour les Hétérocères.

On sait également que des fluctuations populationnelles inter-annuelles "normales" existent chez de nombreuses espèces (phénomènes de pullulations par ex.), ce qui rend nos conclusions pas toujours pertinentes.

L'idéal est évidemment un suivi quantitatif (ou semi-quantitatif) régulier, comme cela se fait de plus en plus en France (mais depuis bien longtemps ailleurs en Europe) sur les Rhopalocères, et sur une échelle de temps assez longue (plusieurs années) pour évaluer l'érosion de la diversité lépidoptérique (richesse et abondance).

ce que je fais perso, mais je sais aussi que d'autres sur le forum le font ( :wink: ), c'est un suivi régulier de 3 ou 4 sites par an sur les hétérocères, avec comptages et richesse spécifique. Je ne suis pas forcément des sites potentiellement "riches", mais j'ai aussi des lieux a dynamique rapide (zones péri-urbaines).

Comme je le disais, je n'ai pas assez de recul, mais je constate sur certains secteurs une "banalisation" de la faune (touts lépidos confondus), avec disparition ponctuelle ou totale de quelques espèces en faibles effectifs, à la faveur d'espèces dites "communes" dont les effectifs ne semblent pas diminuer.
Parallèlement tout de même, quelques espèces soit-disant banales (Mamestra w-latinum, Lacanobia oleracea, Ceramica pisi) me paraissaient fréquentes il y a 10 ans, et je ne les revois finalement pas si souvent que ca. Quelles conclusions en tirer, si ce n'est de dire de façon empirique qu'il y a moins d'espèces "qu'autrefois" ? je ne sais pas personnellement.

Certains d'entre vous ont ils des billes a apporter sur des suivis réguliers et quantifiés, à moyen terme, concernant les hétérocères par exemple ?

David
jpv
Membre confirmé
Enregistré le : vendredi 3 décembre 2004, 23:33
Localisation : Vaucluse

Message par jpv »

Le temps que je réponde aux différents intervenants, je m'aperçois que plein d'autres sont intervenus en particulier belieri qui recentre le sujet . néanmoins je post ma réponse qui complète la précédente.

Le problème de tous les forums sont les réponses à tiroirs. On part d’un sujet, on pose des questions qui s’y rapportent plus ou moins et finalement on se retrouve à parler de tout autre chose et en définitive le titre d’origine n’est plus significatif quant à son contenu.. C’est pas très évident de s’y retrouver par la suite , mais c’est tellement plus convivial.
Je choisis la convivialité en continuant sur les OGM.

Une petite précision, l’OGM n’est pas à proprement parler une invention humaine puisque c’est un processus naturel qui existe depuis la nuit des temps. Cette transmission de gènes horizontalement (alors que dans la reproduction normale les gènes sont transmis verticalement des parents aux descendants) peut se faire entre groupes très éloignés, voire entre règnes différents. C’est ainsi qu’on explique entre autres exemples, l’apparition subite et simultanée dans des groupes très éloignés de la possibilité de fixer le calcium pur en faire des coquilles et des squelettes.
Dans les transmissions horizontales , les vecteurs sont des bactéries ou des virus. D’ailleurs un virus ne peut se reproduire qu’en incorporant son génome dans celui de l’hôte qu’il parasite. C’est exactement ce que font nos obtenteurs d’OGM.

Je ne pense pas qu’il faille être systématiquement contre (et encore moins aveuglément pour). Il faut prendre au cas par cas.

Il est difficile d’être contre la chèvre et la vache transgéniques qui vont produire dans leur lait l’hormone de croissance humaine qui permettra de sauver des milliers d’enfants du nanisme. Hormone récupérée est ainsi pure de toute contamination par les prions (responsables de la redoutable maladie de kreutzfeldt-jacob) comme c’était le cas avec l’hormone extraite des hypophyses des bovidés infectés par l’ESB.

De la même façon, les bactéries transgéniques produisant de l’insuline humaine sont devenus d’autant plus incontournables que le diabète est parti pour être la grande maladie du XXIième siècle.

En revanche, incorporer dans des fruits ou des légumes un gène bloquant son évolution naturelle qui est de pourrir ( !), est scandaleux puisqu’on aboutit à vendre comme frais des produits qui ne le sont pas et qui sur le plan nutritionnel ont considérablement perdu (chute de la teneur en vitamines, modification de divers métabolites, etc.).
Le but poursuivi ici est clair il ne s’agit pas de préserver la santé publique mais d’augmenter les marges commerciales en stockant et en revendant en fonction des fluctuations des cours (ce qui existe déjà depuis longtemps, mais l’altération rapide de ces produits ne permettait pas des stockages prolongés ; c’est désormais possible).

Produire un soja ou un blé résistant à un herbicide (en général le glyphosate) est indéfendable sur tout autre point que celui du profit maximum de la société qui vend, et les graines et le désherbant qui va avec.
Du reste, la transmission accidentelle du gène de résistance à l’herbicide à des plantes voisines de la culture est possible et prouvé, mais cette diffusion inopinée se retourne contre l’utilisateur qui voit rapidement son champ envahi par les « mauvaises herbes » devenues résistantes à l’herbicide et qui ne tardent pas à concurrencer la culture avec les baisses de rendement qu’on imagine.
Tout n’est pas donc rose pour les producteurs d’OGM. Le pire pour eux étant la perte du gène incorporé, ce qui n’est pas exceptionnel. En effet l’introduction d’un gène étranger dans un génome peut en perturber plus ou moins le fonctionnement et aboutir au rejet de ce gène ou à une mauvaise expression de celui ci et donc à l’inutilité du produit transgénique.
Ce que l’on voit apparaître dans le commerce ce sont les tentatives réussies, émergeant au milieu d’un grand nombre d’échecs.
Et encore, au cours du temps, le nouveau génome n’est pas assuré d’une pérennité indéfectible. Une des grandes caractéristique de la Vie est d’être versatile. C’est à ce prix que se fait l’évolution donc l’adaptabilité à des contraintes naturelles changeantes. L’organisme OGM n’y échappe pas et peut perdre le gène étranger ou perdre la capacité de l’exprimer. Pour l’agriculteur qui emploie ce genre de produit c’est une catastrophe : si une partie des graines semées est redevenue normale en perdant la résistance à l’herbicide, toutes les plantes qui en sont issues périront au premier épandage de désherbant. C’est ce qui s’est produit il y a quelques années au Canada où des blés soit disant résistants au Roundup avaient en partie perdu cette résistance au fil des générations et s’étaient révélés si sensibles que dans certains champs il ne restait que le tiers des plantes, les autres ayant été d’entrée proprement désherbées. Mais les « paysans » ulcérés s’en sont très bien tirés puisque Monsanto qui commercialisait ces graines les a très généreusement « arrosés » pour étouffer les revendications. Il est vrai que ça faisait désordre, mais, devant le coût énorme d’obtention d’un OGM et la crainte de perdre les investisseurs, il fallait en passer par là.

En fait le principal problème des OGM est le risque de diffusion incontrôlée aux conséquences imprévisibles.
Il est évident que la chèvre savoyarde transgénique qui s’échappe de son labo pour se faire saillir par le premier chamois venu ne représente pas le même danger pour l’environnement que le maïs précédemment cité qui inonde les environs d’un pollen potentiellement toxique. Dans un cas le risque se réduit à est une anecdote cocasse dans l’autre il devient un sujet d’inquiétude.
Ce risque de diffusion est difficilement contrôlable et pour l’évaluer au mieux, il faudrait faire des expérimentations grandeur nature. C’est précisément ce qu’on veut éviter !
Pourtant c’est ce qui se pratique presque partout sauf dans la vieille Europe avec des millions d’hectares de plantes OGM dans le monde avec en tête des cultures le soja et le coton.
Ainsi, l’expérience grandeur nature se fait de toutes façons, mais ce n’est pas pour autant qu’il faille baisser les bras. Il existe une arme absolue contre les OGM : le boycott, car, s’ils ne se vendent pas, pourquoi en produire ? Solution idéale mais proche de l’utopie : Quelle arme possède t’on pour lutter contre cette terrible force récurrente de nos sociétés industrialisées, l’inertie de ses citoyens ?
jpv
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tcand
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Message par tcand »

jpv a écrit : Il est difficile d’être contre la chèvre et la vache transgéniques qui vont produire dans leur lait l’hormone de croissance humaine qui permettra de sauver des milliers d’enfants du nanisme. Hormone récupérée est ainsi pure de toute contamination par les prions (responsables de la redoutable maladie de kreutzfeldt-jacob) comme c’était le cas avec l’hormone extraite des hypophyses des bovidés infectés par l’ESB.
Je continu à m'éloigner du sujet initial, mais juste une petite correccion à cet interresant exposé, l’hormone de croissance humaine responsable de kreutzfeldt-jacob était extraite d'hypophyses humaines et non de bovidés.

Eric
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pito
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Enregistré le : lundi 24 octobre 2005, 16:25
Localisation : Morbihan

Message par pito »

jpv a écrit :Une petite précision, l’OGM n’est pas à proprement parler une invention humaine puisque c’est un processus naturel qui existe depuis la nuit des temps. Cette transmission de gènes horizontalement (alors que dans la reproduction normale les gènes sont transmis verticalement des parents aux descendants) peut se faire entre groupes très éloignés, voire entre règnes différents. C’est ainsi qu’on explique entre autres exemples, l’apparition subite et simultanée dans des groupes très éloignés de la possibilité de fixer le calcium pur en faire des coquilles et des squelettes.
Dans les transmissions horizontales , les vecteurs sont des bactéries ou des virus. D’ailleurs un virus ne peut se reproduire qu’en incorporant son génome dans celui de l’hôte qu’il parasite. C’est exactement ce que font nos obtenteurs d’OGM.
C'est vrai que ça n'a plus grand chose a voir avec le forum lépidoptères, mais je continue car le sujet m'intéresse. Je suis étonné de ce que tu dis là ("c'est un processus naturel etc.") car j'ai toujours entendu le contraire (pas forcément de personnes bien informées il est vrai). Peux-tu préciser un peu ? Comment ces virus et bactéries vecteurs vont-ils acquérir le gène à transmettre naturellement ? Puis comment vont-ils le transmettre ? C'est à dire, comment et pourquoi vont-ils passer de l'hôte chez qui ils prélèvent ce gène au deuxième hôte complètement différent receveur de ce transgène ?
jpv a écrit :Il est difficile d’être contre la chèvre et la vache transgéniques qui vont produire dans leur lait l’hormone de croissance humaine
Cela existe-t-il actuellement ?
jpv a écrit :Il existe une arme absolue contre les OGM : le boycott, car, s’ils ne se vendent pas, pourquoi en produire ? Solution idéale mais proche de l’utopie : Quelle arme possède t’on pour lutter contre cette terrible force récurrente de nos sociétés industrialisées, l’inertie de ses citoyens ?
qu'entends-tu par "l'inertie de ses citoyens" ?

Merci pour ce sujet intéressant ...
L'entomologiste est un insecticide

Mael
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tcand
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Localisation : Andorre

Message par tcand »

On est carément hors sujet :? mais je continu

Jpv a tout à fait raison de rapeller que le transfer de gènes est quelquechose de naturel, trés fréquent pour les bactérie (c'est un des modes d'acquisition de résistance aux antibiotiques) notre génome contient de nombreuses inclusions de materiel d'origine virale, s'étant faite tout au long de l'évolution, ces génes pouvant être neutres ou même bénéfiques (si trop néfastes ils sont éliminés par l'évolution).

Le mécanisme pour essayer de résumer: un virus introduit son génome dans une cellule (c'est son moyen de réplication). il peut y rester (tout ou partie) et se transmetre à la descendance si bien sur il s'incorpore dans l'ADN de cellules se reproduisant, c'est facile pour les unicellulaires, c'est moins évident pour des organismes plus complexes.

Ce mécanisme naturel est utilisé pour produire des OGM, mais bien évidemment ce n'est plus naturel et il n'est pas toujours facile d'en connaitre tous les effets pouvant en résulter.

Pour l'hormone de croissance, sauf erreur, elle est actuellement produite par des bactéries génétiquement modifiées (comme l'insuline) Je ne sais pas s'il y a des recherches pour en produire dans le lait mais c'est très possible (des recherches se font pour des hormones mais je ne peux pas préciser lesquelles). Mais le problème d'une contamination par un prion ou autre agent inconnu peux se poser.

Eric
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Jean-Yves
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Message par Jean-Yves »

Merci beaucoup pour toutes vos réponses, particulièrement à JPV dont la science fait une fois de plus merveille.
La raréfaction des papillons en maints endroits est un sujet très important et préoccupant pour nous tous évidemment.
La recherche des causes est sans doute très difficile et la vérité se situe sans doute dans la conjugaison très complexe de tous les paramètres évoqués : réchauffement, urbanisation, pesticides...
Les réponses apportées ici sont en tout cas toutes très intéressantes.

Pour Eric.zyg, permets-moi de te confirmer ici que l'incident est clos; accepte ma franche et cordiale poignée de main.
Merci de ton invitation que je dois malheureusement décliner mais ce soir je boirai une bière pour sceller notre entente retrouvée. :D
Jean-Yves
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tcand
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Enregistré le : vendredi 15 septembre 2006, 23:16
Localisation : Andorre

Message par tcand »

Pour en revenir plus directement aux papillons, au sujet de Parnassius apollo J'ai eu l'impression qu'il était nettement plus abondant que les autres années, je ne l'avais vu que rarement en Andorre, et toujours en pleine montagne, je l'ai observé cette année à 1000 m dans la vallée presqu'en ville. Est-ce un hasard non significatif, une bonne année pour lui au milieu d'une régréssion en général ?

Eric

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