chrisgir a écrit :Il faudrait dans ce cas intégrer Chelidurella fontanai au sein du genre Chelidura dans la galerie.
Pour se mettre en conformité avec les choix taxonomiques du forum, pourquoi pas ?
Il y a quand même un problème : ni FE ni TaxRef ne reconnaissent la validité du
taxon "
fontanai".
Sur le fond, je ne suis pas du tout sûr que Chelidurella soit vraiment synonyme de Chelidura. Les espèces qui le composent (y compris celles décrites par Galvagni) forment un ensemble morphologiquement cohérent qui, en dehors de la structure des
élytres et l'absence d'ailes, ne présente à mon avis guère de caractères strictement conformes à ceux du genre Chelidura tel que (re)défini par Steinmann…
Quant aux
taxons Chelidurella guentheri /
C. acanthopygia :
En ne considérant que les descriptions et figures de Galvagni (1994, 1996, 1997), on constate que la distinction entre ces deux
taxons ne repose que sur la forme du
pygidium des mâles (
apex en vue caudale), pourtant sujette à une forte variabilité. Cf. aussi Kočárek et Galvagni (2000), téléchargeable :
http://www.findthatpdf.com/search-27664 ... 00.pdf.htm
Les
genitalia mâles n'apportent pas d'élément déterminant.
C. guentheri : en vue caudale,
apex du
pygidium tronqué,
transverse, avec un "microtubercule" plus ou moins saillant à chacun des angles latéraux de son bord
distal. Ce caractère présente cependant des variations non négligeables : bord
distal plus ou moins large, généralement concave ou
bifide, parfois sensiblement rectiligne, en fonction du développement des microtubercules latéraux.
C. acanthopygia :
apex du
pygidium plus étroit, en pointe arrondie (bords latéraux du
pygidium convergents jusqu'à l'
apex), "microtubercules" indistincts ou nuls. Cette forme apparemment simple présente pourtant une très grande variabilité allant d'une forme en pointe relativement longue et étroite à une forme courte à sommet largement arrondi, parfois avec un sillon médian, et même à une forme tronquée et
transverse avec des microtubercules latéraux saillants comme ils peuvent l'être chez C. guentheri. Galvagni indique d'ailleurs que c'est l'espèce la plus variable du genre ! (figures in Galvagni, 1996).
La distinction de deux espèces sur un critère externe aussi ténu et variable, dont les deux conditions (tronqué versus en pointe arrondie) peuvent se rencontrer chez l'une des deux formes, me semble plutôt fragile. L'existence de formes intermédiaires renforce ce point de vue. L'écart entre une forme à
pygidium à
apex tronqué mais étroit et à microtubercules latéraux nuls ou peu développés et une forme à sommet en pointe arrondie est assez mince. Le développement de ces microtubercules est variable d'un individu à l'autre et contribue pourtant beaucoup à la forme de l'extrémité
distale du
pygidium. En particulier, l'existence de la forme en pointe arrondie avec un sillon médian suggère à mon avis que cette forme peut résulter du rapprochement jusqu'à la coalescence plus ou moins complète des microtubercules latéraux. Dans ce contexte, il me paraîtrait plus objectif de considérer que ces formes expriment la variabilité intraspecifique d'un seul et même
taxon,
C. acanthopygia (Gené 1832) au sens "ancien" ayant la priorité.
Ces considérations sont basées sur les articles de Galvagni et sur l'examen de mes spécimens de collection : au total 47 mâles prélevés essentiellement en Indre-et-Loire (dont 12 le 06/11/2013 sur qques m2 dans un bois proche de chez moi), mais aussi dans le Maine-et-Loire (2 ex.) et la Sarthe (3 ex.).
Dans cet ensemble, 41 sont de type guentheri, 4 (prélevés dans 3 stations tourangelles) sont de type acanthopygia et 2 (dans le groupe des 12 prélevés récemment) ont un
pygidium à
apex arrondi avec sillon médian.
En interprétant (autrement qu'il ne le fait !) les données de Galvagni, acanthopygia apparaîrait comme la forme dominante en Italie septentrionale, Slovénie et Tyrol, avec au moins dans certaines populations des individus de fome guentheri, inversement cette dernière forme pourrait être dominante en plaine en Europe centrale, en Europe du nord et jusque dans l'ouest de la France. J'en conclus surtout qu'à défaut d'une analyse moléculaire (non effectuée à ma connaissance), une approche populationnelle permettrait peut-être de clarifier le problème…
Vos avis et commentaires seront bienvenus, en supposant que je ne fais pas qu'enfoncer des portes ouvertes !
Je ne suis pas équipé pour faire des photos des différentes formes du
pygidium, si quelqu'un peut s'en charger mes spécimens sont disponibles…