[Araneus pallidus] Joli ruban !

[jules d'oc]

Bonjour,



Ayant appris par Christian Roy que les aranéomorphes étaient porteurs de 3 paires de filières je vous livre cette vue et qui semble bien démontrer leur action conjointe lors de l'emmaillotage ...

il s'agit d'une femelle de Araneus pallidus sur toile emmaillotant une Cétoine dorée, la manoeuvre n'a guère excédé les 20 secondes et l'on imagine la quantité de soie produite en un temps record pour capturer une proie qui en définitive ne livrera que peu de nutriment du fait de la carapace coriace !

je ne connais absolument rien sur le métabolisme de la soie, mais il est possible que les glandes séricigènes ne puissent sécréter à l'infini sans un apport nutritionnel convenable, auquel cas l'Epeire doit bien se résoudre à recharger les batteries en consommant sa propre production de temps à autre ...

ce procédé soulevé voici peu par Cybernadette a bien été observé par J.-H.Fabre à propos de A.angulatus et j'ai bien l'impression qu'il concerne nombre de congénères, mais hélas je n'ai jamais assisté à un tel événement et ne peux donc être certain de ce que j'avance !

peut-on aller plus loin dans l'information ?



jules



jules d\'oc : France : 1 10 2008 : Cabrières : 34

altitude : 250 m - taille : proie de 18 mm mesurés

ref:54136

[Phil]

Dans cette publication de Bertrand KRAFFT: http://cpn.sittelles.free.fr/Araignees-Soie.pdf on trouve entre autres:

Les plus classiques correspondent aux toiles géométriques (orbitèles, Fig. 4) des Araneides (exp : Araneus diadematus, Argiope bruennichi) formées d’un ensemble de rayons supportant une spirale gluante, fil de soie garni de gouttelettes de glu. Cette structure, apparemment complexe du fait de sa géométrie et qui a frappé l’imagination, permet à l’araignée de tisser le filet le plus grand possible avec le minimum de soie, la surface de capture étant énorme par rapport à la quantité de matériau utilisé. Mais ce piège est fragile et s’abîme rapidement. Toute proie capturée laisse un trou dans la toile. Celle-ci doit donc être reconstruite régulièrement, souvent journellement. Mais comme ces araignées ingèrent l’ancienne toile avant d’en construire une nouvelle, la dépense énergétique n’est pas supérieure à celle correspondant à l’entretien des toiles en nappe (Peakall & Witt 1976

Une autre observation importante n’a pas eu le retentissement qu’elle méritait. Une araignée placée sur une ébauche de toile élaborée par une congénère poursuit le travail de celle-ci en adoptant immédiatement le comportement adéquat (Szlep 1952a).

En effet, les araignées sont capables de modifier la taille de leur piège en fonction des proies disponibles (Ward & Lubin 1993).Dans les milieux riches, les toiles sont plus petites que dans les milieux pauvres...
[...]les toiles des individus nourris artificiellement diminuaient légèrement de surface alors celles du lot témoin augmentaient considérablement de surface. Les résultats sont identiques si l’on prend en compte les volumes

[Roy]

Bravo pour la superbe photo de Jules où on voit très bien les 3 faisceaux de fils et merci à Phil pour le tuyau sur cette publication qui semble passionnante et répondre à pas mal de questions qu' on se pose sur les toiles.

Christian

[jules d'oc]

Merci Phil pour l'info, j'ai pu ouvrir ce pdf et l'imprimer !
à présent je comprends pourquoi une belle toile vue un jour avait disparu le lendemain, je vais donc m'instruire et à en juger par la liste des références nul doute que l'auteur a particulièrement étudiée la question
comme quoi il faut savoir demander lorsque l'on ne sait pas ...
et ce document fera certainement le bonheur de tous et notamment de Cybernadette qui avait soulevée la question sans que je sois en mesure de lui livrer une réponse actualisée !

jules

[jules d'oc]

Et pour compléter la question voici une toile typique de Araneus pallidus, à moyeu perforé et quelques trous épars, arrimée entre du Genêt scorpion vers la gauche et cadre oblique arrimé sur Chêne vert sur la droite ...

le grand axe de la toile mesure 60 cm, le fil suspenseur plus de 1 m 50 ; la belle occupait le centre et s'est réfugiée sur le Chêne vert devant mon insistance !

pas facile de photographier des toiles selon l'incidence de la lumière, revenu le lendemain la toile avait disparu et seul persistait le fil suspenseur conduisant à la retraite ; à présent et à la lumière de l'info transmise par Phil il est aisé de comprendre la situation ...

si A.pallidus, espèce tardive en saison, tisse d'aussi grandes toiles c'est bien du fait d'une raréfaction des proies, elle accroit ainsi la surface de capture et peut de la sorte assurer sa subsistance ...

à l'opposé les immatures de taille déjà conséquente et d'apparition plus précoce (début septembre) se contentent de toiles restreintes et probablement du fait que les proies sont légion !

et pour nourrir une femelle sur le point de pondre un moucheron ne saurait convenir, je vais essayer de la retrouver blottie dans son refuge ...



jules d\'oc : France : 10 10 2008 : Faugères : 34

altitude : 250 m - taille : grand axe 60 cm

ref:54139

[jules d'oc]

voici donc l'occupante en refuge sur Chêne vert, à plus de 1 m 50 de hauteur, localisée lors de la fuite et déjà gravide à en juger par la distension de l'abdomen et l'effacement des tubercules antérieurs ...

mais impossible de localiser la ou les pontes qui en règle générale ne se situent pas à proximité même de la toile comme du refuge !

aujourd'hui un regret, celui de ne pas avoir eue l'idée de revenir 2 à 3 jours plus tard afin de confirmer le tissage d'une nouvelle toile au même endroit ou à proximité ; ce sera pour une prochaine saison ...avec l'espoir alors de vous livrer quelque document intéressant .



jules



jules d\'oc : France : 10 10 2008 : Faugères : 34

altitude : 250 m - taille : 18-20 mm

ref:54140

[jules d'oc]

et à titre documentaire voici la position de cette femelle au centre d'une toile manifestement délabrée et rapiécée en un pseudo-stabilimentum, ventre face au soleil vers l'Ouest ...

lorsque je l'ai mobilisée afin de saisir un cliché correct et après plusieurs tentatives elle a donc pris la fuite en direction du refuge "arboricole" !

je me demande si elle ne peut à l'occasion profiter du trou central afin de changer sa position sur la toile, car toutes ses consoeurs observées se tiennent dans une position semblable et toujours exposées face au soleil .

ceci explique qu'il est parfois difficile d'obtenir de bons clichés et qu'il faut bien se résoudre à taquiner la bête, fort heureusement placide et non agressive ...mais tout de même sa patience a des limites !



jules d\'oc : France : 10 10 2008 : Faugères : 34

altitude : 250 m - taille : 18-20 mm

ref:54158