Je ne sais pas si c'est le lieu (c'est un peu long), mais je me lance :
Afin d’alimenter la discussion sur les relations entre couleurs des thomises et leur environnement, j’ai fait un peu de biblio.
Plusieurs labos réputés ont travaillé sur le sujet des ‘crab-spiders’ et de leur relations avec leur environnement (proies et prédateurs -essentiellement oiseaux-).
L’un français (Muséum d’Histoire Naturelle de Brunoy et Cnrs de Tours : Théry & Casas (2002) Visual systems: Predator and prey views of spider camouflage. Nature 415(6868) : 133.
Ils en concluent, grosso modo, que le contraste ‘achromatique’ (c’est à dire sans tenir compte de la couleur que nous, homo sapiens, voyons) est plus importante que la couleur elle-même (sans exclure cet élément). Sans entrer dans le détail, ils semblent indiquer l’importance du contraste dans l’UV (ultra-violet que nous ne voyons pas) par rapport aux différences de couleur dans le visible.
L’autre, australien, en coopération avec un labo allemand et un anglais, va encore plus loin : Heiling et al. (2005) Colouration in crab spiders: substrate choice and prey attraction. The Journal of Experimental Biology 208, 1785-1792.
Ils concluent de leurs expériences que, pour au moins l’espèce australienne de thomise étudiée, les hyménoptères-proies sont plus attirés (presque trois fois plus) par une fleur blanche sur laquelle est perchée une thomise que par une fleur nue. Les longueurs d’onde en cause sont dans l’ultra-violet, ce qui élimine l’idée du contraste de couleur que nous voyons. Ils imaginent que l’hyménoptère est ‘programmé’ pour être attiré par ce contraste dans l’UV. Des données très récentes disent la même chose (Ramachandra et al. J Comp Physiol (2009) 195:409–417 avec un petit plus: l’araignée « s’arrange » pour placer son corps qui reflète les UV sur une fond qui ne le reflète pas, augmentant ainsi le contraste et donc les chances de piéger une proie. Il semble également que les thomises ‘apprennent’ avec le temps ce qui fonctionne le mieux.
Il est donc possible de conclure de ces expériences, semble-t-il bien conduites (dans le second papier, ils ont pris soin de répéter les manips en plaçant sur la fleur avec ou sans thomise un film plastique perméable aux UV mais imperméable aux molécules odoriférantes, ce qui aurait pu induire un biais évident dans la manip) que nous, homo sapiens fantasmons en voyant une thomise bien rouge (ou bien jaune pétant –ref Vin’s-) sur une fleur blanche ou une herbe bien verte et de conclure « eh, bien, ma belle, ton camouflage laisse à désirer. Peut mieux faire ! ».
Bien sûr, comme pour toute théorie venant de l’observation et/ou de l’expérimentation (je suis moi-même chercheur en biologie, mais dans le domaine bio-médical), la vérité est sans doute entre les deux et les proies ainsi que les prédateurs utilisent sans doute l’ensemble de leurs capacités visuelles (dans le visible et dans l’UV) et ce que nous observons (plus ou moins de réussites pour l’araignée) est sans doute le résultat d’un ensemble de circonstances qui nous échappent. Globalement, les thomises européennes utiliseraient surtout la méthode « tu ne me vois pas, je te mange », les thomises australiennes et indiennes plutôt la méthode « regarde comme c’est beau, viens par ici, et couic ! ».
Reste le débat sur l’existence ou non du fait qu’un individu thomise puisse changer sa couleur en fonction de la fleur sur laquelle il a l’intention de placer son piège à hyménoptère (ou à lépidoptère) ou bien s’il naît –ou se développe dans l’environnement- avec une couleur (dans le visuel ou dans l’UV) et ‘s’adapte’ à une fleur correspondante.
Plus de biblio (si elle existe) est nécessaire pour régler cette question. Néanmoins des données (Oxford & Gillepsie 1998 Annual Review of Entomology 43: 619-643) cité dans http://en.wikipedia.org/wiki/Misumena_vatia indiquent que l’espèce Misumena vatia est capable de changer de couleur de blanc à jaune en sécrétant, puis transférant dans la couche externe de leur
A vous lire si vous avez d’autres informations.
Amicalement,
Doum34