[Pisaura mirabilis] Nurserie admirable

[vincesap]

Je ne sais pas si ce sens du sacrifice est systématique, mais je suis certain de me souvenir que les pisaures font parties de ces mamans araignées qui poussent leur rôle jusqu'à ce point (par comparaison des nombreuses araignées qui se laissent mourir sitôt la pouponnière achevée de tisser).

[latique]

"Sens du sacrifice" est une vision anthropomorphique qui me gratouille... Disons que si les petits bouffent maman c'est qu'ils ont faim et rien de mieux ou de plus accessible sous la main... Si elle se laisse faire c'est qu'elle est épuisée... La vie n'est pas un conte de fée...
Ça m'amène à poser une question : comment sont nourris les bébés (s'ils le sont !) pendant leur séjour dans le nid ?

[vincesap]

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi, Eugène. Pourquoi ce sens du sacrifice qui te gratouille, ou le fait de se laisser dévorer par ses enfants, appelle-le comme tu veux, ne serait-il pas tout aussi instinctif que ce qui commande à la mère de tisser une pouponnière quand elle sent son cocon prêt à prendre vie, ou de le garder pendant les premiers âges de ses araignons, ou encore d'ouvrir elle-même le cocon pour laisser libre cours aux pensées vagabondes de ses rejetons ? Après, effectivement, "sens du sacrifice" est trop humain comme terme, car il sous-entendrait qu'elle aurait le choix de ne pas se laisser dévorer. Je ne suis pas certain qu'elle ait le choix. Non pas parce qu'elle est épuisée. Mais parce que son instinct lui commande d'agir ainsi, offrant alors à sa progéniture une source d'énergie bien utile avant son envol.

Bien sûr, tout ceci est bien plus d'ordre philosophique que scientifique, chacun a le droit d'avoir l'avis qu'il veut

[Dip]

Je le vois ainsi aussi, elle fait ce qu'elle a à faire, son boulot.

Au passage, on dit souvent que la mère "garde" ses petits, mais j'ai vu nombre de mères sur leurs cocons, et je ne leur ai jamais remarqué la moindre envie de fuite pas plus que la moindre agressivité. Elles ne me semblent pas "gardiennes" - même si leur simple présence pourrait peut-être dissuader quand même (?).

Enfin, si j'appliquerais fort volontiers des 'formules anthropocentriques' aux bestioles, en moi-même je cherche plutôt à rapprocher les hommes des bêtes plutôt que le contraire. Notre proximité avec les mammifères est évidente et aurait même un aspect mécanique (des biologies proches). Nous sommes par contre très éloignés des Saltiques, mais celles-ci font des choses si fabuleuses, basées sur la vue un peu comme nous, que je me demande bien ce qui se passe dans leur si petite tête. Des millions d'années d'évolution peuvent avoir créé chez elles des outils un peu comme les nôtres, efficaces pour organiser les informations, que nous appelons supérieurement 'conscience'.
Didier.