Gyp' a écrit :P.S. : si Mr jpv passait par ici et pouvait nous donner son avis, ce serait très bien !
Je ne dirais pas que je passais par hasard, puisque j’y viens volontairement

(et avec plaisir) chaque fois que je le peux.
Je peux apporter quelques précisions. Il s’agit
d’Heliconius erato ssp erato dont le type est d’ailleurs du Surinam (Paramaribo).
L’exemplaire 2 est typique : tache jaune des antérieures en forme de main en « position de pince », aux postérieures les rayons rouges rejoignent la
base de l’aile,
ce qui n’est jamais le cas de melpomene chez qui tous les rayons partent d’une bande transversale formant un rateau parfait. Ce détail qui permet à coup sûr de distinguer les 2 espèces est malheureusement peu visible sur la face postérieure et j’avoue que j’ai un peu hésité avant de trancher

: à première vue on pouvait sans honte hésiter entre les 2 espèces.
Autre détail qui me faisait pencher pour
erato au premier abord, la relative homogeneité des exemplaires photographiés ce qui n’est pas le cas pour les
melpomene de cette région beaucoup plus variables.
Enfin,
erato est plus fidèle à ses dortoirs que
melpomene et les mêmes individus occupent jour après jour, pendant des mois, le même bout de branche (morte en général car elle est stable dans le temps et n’est pas soumise à une croissance intempestive qui changerait l’environnement du « lit ».
Je suis toujours surpris de voir ces fragiles bestioles retrouver immanquablement le chemin du dortoir (sauf rencontre fatale avec un entomologiste

) après avoir parcouru des km tout au long la journée.
De même il est assez amusant de constater que les dortoirs ne renferment qu’une espèce : on ne se mélange pas même si on vit à peu de distance, et même en captivité on couche séparément en dépit du manque d’espace évident.
Heliconius erato ssp erato est le mimétique de
Heliconius melpomene ssp. melpomene. Leurs aires de répartition sont concordantes au niveau de pratiquement toutes les races qui ont chez les 2 espèces le même
habitus dans une même région. En revanche, ils se partagent le territoire :
melpomene est lié à l’eau et se localise essentiellement au bord des rivières où il suit sa plante hôte principalement les
Passiflores du groupe laurifolia qui, à la différence de la plupart des espèces du genre, peuvent vivre quasiment les pieds dans l’eau.
A l’inverse,
erato est à peu prés partout et exploite d’autres passiflores fuyant les zones mouillées, en particulier le sous-genre
Plectostema.
Ces 2 espèces, en dépit de leurs extraordinaires variations symétriques dans les mêmes stations, ne sont pas apparentées et ne peuvent donner entre elles aucun hybride.
erato est proche de
H. charitonia et
melpomene des Sylvaniformes(
H. heccale et sp voisines), de
H. athis et surtout de
H. cydno avec lequel il forme de fréquents hybrides naturels en dépit de leur aspect complètement différent.