Tiens voilà les trois espèces les plus communes en France, de gauche à droite explodens, crepitans et sclopeta (c'est celui là qui a le tiers de la
suture orange).
Crepitans est le plus grand, de 8 à 10 mm, la vraie distinction échappe à la photo (poils insérés à l'
apex élytral) les deux autres font de 6 à 8 mm.
Crepitans montre en plus des
interstries en
carène, qu'on croit pouvoir deviner sur la photo de Jeff. C'est pourquoi je me prononcerai plutôt pour crepitans, mais sans garantie du gouvernement
Plus sérieusement, les Brachinus sont ce qu'on peut appeler des espèces messicoles, c'est à dire des espèces classiquement liées aux grandes cultures de type extensif. Il y a 30 ans, quand on voyait un vieux pommier isolé au milieu d'un champ de blé, on était sûr de trouver sous les pierres au pied du pommier une colonie de Brachinus, en compagnie de l'inévitable Anchomenus dorsalis. Aujourd'hui, en zone de cultures intensives, on trouve encore de temps en temps l'anchomène mais de bombardier point.
C'est à mon avis un genre qui devrait figurer dans ce qu'on pourrait appeler des bio-indicateurs des bons usages agricoles !
Le plus étonnant avec ces espèces ultra-familières est que leur biologie demeure totalement inconnue. La seule mention de biologie concerne une espèce américaine où on indique que les larves de Brachinus sont (ecto)parasites de nymphes de dytiques. Les espèces françaises étant généralement trouvées à des kilomètres des mares, il est plus que probable que nos espèces ont des moeurs totalement différentes. Comme quoi il n'est pas toujours nécessaire d'apprivoiser les outils du génome pour espérer faire des découvertes qui nous échappent depuis toujours.
Le mécanisme de l'explosion a, quant à lui, été élucidé il y a une douzaine d'années (il y avait un article dans Science). De mémoire : l'ampoule rectale des bombardiers contient deux réservoirs contigus que l'insecte peut à volonté mettre en contact. Le contact d'une hydroquinone avec je ne sais plus quoi produit une explosion dont la réaction est canalisée vers l'extérieur (il y a alors un système de soupapes ad hoc) et les gaz expulsés peuvent atteindre une vitesse supérieure à 500 km/heure.
Bon pour l'humain qui les dérange ça n'est rien de plus qu'un petit pet, mais faites quand même attention à ne pas vous frotter les yeux après les avoir embêtés .
PZ