[Megascolia maculata flavifrons F] Megascolia maculata à pilosité rousse
Messagepar Guilio »
Bonjour,
J'ai observé plusieurs scolies butinant des fleurs le long du Rhône (sur l'île de l'Oiselet, en amont d'Avignon). Je n'en ai photographié qu'une seule mais je me rend compte que cette grosse femelle a la pilosité du bout de l'abdomen bien rousse. Et normalement c'est la sous-espèce M. maculata maculata qui est affublée de cette couleur.
J'ai bien lu l'un des post de Jules d'Oc qui parlait de ce phénomène. Mais je n'ai pas compris s'il s'agit d'individus isolés de la sous-espèce atlantique qui viennent se balader en Provence ou si ce sont seulement des individus aberrants de la sous-espèce flavifrons. Et dans ce dernier cas, comment séparer ces deux sous-espèces autrement que par la couleur de l'abdomen?
Tes questions sont dignes d'intérêt !
cette femelle à pilosité abdominale rousse et provenant des environs d'Avignon correspond à la Scolie hémorrhoïdale de J.-H.Fabre (Scolia hemorrhoïdalis Vander Linden) ...
mais entre-temps la systématique a évolué et de tels individus à pilosité rousse plus ou moins étendue (mâles comme femelles) se découvrent au sein de la population de la sous-espèce flavifrons, soit isolés et parfois même en micro-populations ...
certes les caractères intermédiaires avec ceux de la sous-espèce nominale sont troublants et j'en avais longuement discouru avec J.Hamon et T.Piek, spécialistes en la matière ...
mais la localisation géographique est d'importance, contrairement à la population girondine ou landaise de type maculata maculata ces "aberrants" ne peuvent être considérés comme des égarés : ils sont classés en tant que morphes individuelles de type maculata maculata au sein des populations habituelles de M.m.flavifrons !
j'avoue que cela peut surprendre et l'on peut raisonnablement se poser des questions d'ordre génétique, la pilosité rousse étant bien en mesure de se manifester çà et là sans qu'aucune explication claire ne puisse être définie ...
à l'époque j'avais capturé des individus semblables au tien à Saint-Martin-de-Crau dans les Bouches du Rhône, ils apparaissent aussi dans mon secteur où M.maculata flavifrons est en dominance certaine !
j'espère que ces quelques explications te permettront d'y voir plus clair, mais sois certain que ta Scolie est bien née sur place avec ses congénères typiques ...
jules
à ma connaissance ce sont des sous-espèces et seul le critère localité d'origine est à prendre en compte !
je ne crois pas qu'une étude approfondie des genitalia puisse contribuer à une clarification, par contre si quelque auteur devait se pencher sur les génomes respectifs nul doute qu'il y aurait matière à réflexion ...
il se pourrait qu'un gène récessif soit susceptible de se manifester, suite à un métissage très ancien des populations en présence sur notre territoire, mais là c'est pure hypothèse bien difficile à valider ; un jour peut-être la biologie moléculaire nous éclairera ...
ce qui est troublant aussi c'est l'extension très variable de la pilosité rousse pour ces morphes de type m.maculata et qui n'atteignent que rarement l'ensemble des zones tégumentaires pileuses ; j'ai des Megascolia provenant d'Europe Centrale et là la pilosité rousse uniforme, étendue, est de règle et aucun de mes exemplaires ne correspond à une "morphe de type m.flavifrons" ; il reste possible donc que cette dernière et dans une faible proportion soit présente au sein des populations landaises et girondines, auquel cas le métissage ancien pourrait être admis ...
mais dans l'état actuel des recherches d'auteurs compétents il ne fait aucun doute que nos deux sous-espèces ne sont pas sympatriques et d'autant que leur éloignement respectif ne peut favoriser des croisements ponctuels !
je ne sais si quelque généticien averti qui lira ma prose pourra compléter ce point de vue ...
jules