pourquoi les binos haut de gamme sont elles... haut de gamme?

Bonjour tout le monde,

Toujours à la recherche de matériel pour mon labo, m'est venue une question à laquelle, je crois, aucune réponse claire n'a été donnée - j'imagine qu'il est aussi tout à fait possible que je l'ai loupée parmi le nombre astronomique de posts sur le sujet. Si tel est le cas, eh bien, la loi du forum veut qu'il y ait peu de chance que quelqu'un me réponde - et je l'accepte

Voilà : les prix qui sont envisagés par les gens de ce forum pour une bino sont généralement de l'ordre de, disons, 500-800€, pour tailler large. Moi, comme j'ai la possibilité d'être financé par vos impôts, j'ai la possibilité d'avoir un plus gros budget, disons de l'ordre de 1500€. Alors je tombais sur un modèle "type recherche" comme celui-ci, plutôt pas mal, à 1750 capsules. Mais quand je regarde les modèles que bon nombre d'entre vous (et pas les moins dégourdis dans le domaine) utilisent, comme la SZM-2, dans les 600 rubis... Eh bien, peut-être est-ce parce que je m'y connais très peu et que je me perds dans toutes ces données

, mais je ne vois pas ce qui justifie que la première casque 1000 cailloux de plus que la seconde. Il y a quelques petites différences, notamment le grossissement, mais j'en ai vu des plus chères qui font du x45 comme les copines. Est-ce que ce serait juste dû au corps "antistatique blabla"...?

... Bon, je pense que vous me démontrerez que la réponse était évidente. Désolé

. Auquel cas, j'aimerais savoir si ça vaut vraiment la peine de prendre le premier modèle plutôt que le deuxième, et pourquoi. Je travaille sur des bestioles franchement pas grosses (des pycnogonides, disons même gamme de taille que les collemboles, voire plus petit).

Merci, en espérant que la question ne soit pas autant idiote que je le redoute!

Edit : Ah, bah si visiblement, elle l'est

! tant pis, merci quand même!

Message par **Piezo** » mardi 12 janvier 2016, 9:30

C'est tout le problème de l'optique de précision

On "paye la marque", mais nettement moins que pour l'horlogerie ou l'automobile par exemple

Qu'il s'agisse d'une bino, d'un microscope, d'une lunette astronomique ou d'un objectif photo, il y a toujours une course vers le haut des optiques "haut de gamme" par rapport aux optiques moyennes.
La "qualité" d'une optique, pour les quatre catégories évoquées au-dessus, peut se décomposer en qualité mécanique, qualité électronique et qualité optique. Si tu fais une courbe avec en abscisse le prix et en ordonnées la "qualité", tu vas vite voir une asymptote, le prix grimpant beaucoup plus vite que la qualité

La qualité électronique ne concerne pas une bino. La qualité mécanique est certes importante, pour une bino, mais moins que pour un objectif photo par exemple.
Reste la qualité optique : quatre critères ici, l'absence de distorsions et d'aberrations chromatiques, la résolution (pouvoir séparateur) et la luminosité. Les deux premiers sont secondaires pour une bino, qui n'est pas destinée à la photo, et où l'oeil se focalise sur le centre de l'image. La résolution et la luminosité sont les points cruciaux, ils diminuent évidemment avec le grossissement, mais déterminent le confort d'utilisation (capital pour une utilisation professionnelle soutenue).
Ces 4 critères de qualité optique ne sont obtenues que par le choix des matériaux (verres optiques ou assimilés), leurs traitements (multicouches) et le soin de leur assemblage (prisme et lentilles). Au bout du compte, la différence est nette.
Un autre critère qui caractérise les binos de qualité, c'est la plage de grossissement. La plupart des modèles proposent des oculaires standard 10X, et une paire d'oculaire 15X ou 20X. Il faut savoir que la qualité s'effondre très vite en montant le grossissement des oculaires. Il vaut mieux privilégier le grossissement par l'objectif. De toutes façons, au-delà de 50X, la qualité est médiocre, mais il est parfois indispensable d'en passer par là pour distinguer un détail spécifique.
Le plus petit grossissement disponible est également un critère à considérer. Pour celui qui va manipuler sous bino (et pas seulement observer), il est capital d'avoir des grossissement disponibles de moins de 10X (les bas de gamme commencent en général à 10X) et une distance libre entre platine et objectif suffisante.
Personnellement, je continue à utiliser des binos à barillet d'objectif (pas à zoom) qui datent des années 60-70, et je n'en changerais pour rien au monde, une Carl Zeiss RDA (grossissement 4,5X à 25X) pour étaler des insectes, et une Wild M5 pour les disséquer et les identifier (y en a une sur E-bay pour 800€ en ce moment !)

.

Je vois, c'est effectivement quelque chose qui ne se voit pas comme ça dans les annonces.

Merci Piezo!

J'ai un autre argument (ayant disposé d'une M3, MZ6 et maintenant M8 après avoir commencé en "bas de gamme chinoise") c'est que les anciennes binos (wild & Co) étaient en alliage métallique (maintenant la plupart ont un capot plastique), facilement démontable et par conséquent réparables (dans la limite de la casse quand même car une optique cassée...). Mais disons qu'on peut mettre les mains dedans sans avoir peur d'exploser le capot plastique et de décoller des pièces : un coup de tournevis et on peut examiner l'intérieur de la chose.
Bref, on peut vraiment en faire l'entretien, voire réparer les pièces usagées, graisser,... La plupart des gammes sont de plus interchangeables au niveau des objectifs , des oculaires, de la tête : en gros on peut commencer avec un matériel basique puis ensuite le faire évoluer (remplacer l'objectif d'origine par un apo, un planapo par exemple).
Les seuls problèmes que je vois sont les risques pris à l'achat (souvent sur EB), en dehors des boutiques ayant pignon sur rue et spécialisées en optique d'occasion (ça m'est arrivé d'avoir des prismes décalés à l'arrivée, même une tête avec un prisme fêlé) et d'autre part l'impossibilité pour un organisme de commander, la plupart des offres étant proposées par des privés (sans facture donc).
Il n'y a qu'à voir le nombre de M5 encore en service dans les labos qui font de la taxonomie...

même les chinoises bas de gamme sont en métal...
en revanche, les systèmes d'entrainement de zoom se sont considérablement complexifiés, et la partie mécanique, quelle que soit la marque, est très difficile à réaligner...

Le Monde des insectes