[Apidae] Abeilles, virus et pollen

Guêpes, abeilles, fourmis... ces insectes qu'ils soient solitaires ou sociaux sont toujours autant sources d'observations...

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Bébert
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[Apidae] Abeilles, virus et pollen

Message par Bébert »

Bonjour,

voici un article qu'on m'a transmis ce matin :
Les virus des abeilles se transmettent par le pollen

Lien vers l'article original en anglais (que je n'ai pas lu) :
RNA Viruses in Hymenopteran Pollinators: Evidence of Inter-Taxa Virus Transmission via Pollen and Potential Impact on Non-Apis Hymenopteran Species

Bonne lecture

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Jdeuxf
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Abeilles, virus et pollen

Message par Jdeuxf »

Tu devrais mettre le lien donnant accès au pdf dans la partie bibliographie. Accessoirement, je trouve mignon la conclusion qu'ils donnent de leurs travaux. D'après eux, il faut prendre soin de vérifier l'état de contamination des abeilles avec ce virus ou un autre et pour éviter des contaminations venant de l'extérieur il faut utiliser des pollinisateurs locaux. Tout ça, à mon avis, c'est du bon gros sens brut. Je trouve étrange qu'à chaque fois qu'il y a une publication aux Etats-Unis sur les maladies et autres épidémies touchant les apis quelque chose, il ne vient à l'idée de personne de dire un truc du genre, ''si on répandait moins de produits phytosanitaires dans l'environnement, peut-être que les pollinisateurs seraient moins affaiblis et peut-être que dans ces conditions ils résisteraient mieux aux champignons et aux virus qui de toutes manières les ont toujours affectés auparavant et ça se passait normalement.'' Les auteurs expliquent que des reines ou des ruches étrangères ont pu apporter des maladies. Mais dans le passé, ces virus et autres nosema se sont probablement balladés entre les continents avec les oiseaux migrateurs et ça n'a jamais causé un désastre planétaire. On connaît dans le passé des cas de CCD en Europe avant la période industrielle. Il est possible que des virus importés avec les oiseaux soient à l'origine de ces effondrements de colonies mais les écosystèmes de pollinisateurs se sont toujours remis en place car ils n'étaient pas affectés comme ils le sont aujourd'hui par la double pression des produits phytosanitaires et la transformation des campagnes en déserts verts offrant des régimes alimentaires complètement déséquilibrés.
fdttl
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Abeilles, virus et pollen

Message par fdttl »

Pour ma part,je connais bien le virus des ailes déformées (Wing Deformed Virus) cité dans ce travail.
Il ne se manifeste en une maladie des abeilles qu'avec une énorme infestation de varroas, qui affaiblit le terrain.
amateur apoïdes
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Patrick_B
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Message par Patrick_B »

Ça fait déjà pas mal d'années, avant même l'apparition du barbarisme "biodiversité" que le bon sens nous faisait pressentir que la banalisation des milieux, la raréfaction des espèces de plantes à fleurs, la monoculture, la disparition de haies et des "mauvaises herbes", finiraient par poser des problèmes. pour les pesticides, on le sait aussi, mais il y a déjà bien longtemps que l'on a commencé à interdire certaines molécules et a réglementer les autres, du moins en agriculture à défaut de le faire dans les plantations urbaines et jardins de zones pavillonnaires. Il y a encore du boulot, mais ça va dans le bon sens. Par contre pour la diminution du nombre d'espèces végétales, il y a du boulot: Ce n'est pas en créant des réserves fort couteuses qu'on résoudra le problème.Le problème est à la fois beaucoup plus simple (bon sens), et beaucoup plus complexe (réglementations agricoles)
Jdeuxf
Membre
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Message par Jdeuxf »

Patrick_B a écrit :... du moins en agriculture à défaut de le faire dans les plantations urbaines et jardins de zones pavillonnaires. Il y a encore du boulot, mais ça va dans le bon sens.
Oui, effectivement. Donc, il existe actuellement une campagne officielle visant à convaincre les particuliers (il y a déjà une cinquantaine de produits de retirés pour le jardinage) et les collectivités locales de ne pas utiliser de pesticides. Mais ça ne représente qu'une petite fraction du tonnage de produits phytosanitaires. Pour les usages agricoles c'est plus problématique étant donné qu'il y a des freins au sein du monde agricole, de certains représentants syndicaux du monde agricole et de diverses personnalités des deux chambres parlementaires. Cela dit, il y a des expérimentations en cours en liaison avec des agronomes de l'INRA sur environ 186 exploitations pour déterminer les meilleurs pratiques agronomiques permettant de se passer des produits phytosanitaires, une réduction de 20-30% étant la cible, sans trop faire baisser les rendements.
Patrick_B a écrit :Par contre pour la diminution du nombre d'espèces végétales, il y a du boulot: Ce n'est pas en créant des réserves fort couteuses qu'on résoudra le problème.Le problème est à la fois beaucoup plus simple (bon sens), et beaucoup plus complexe (réglementations agricoles)
Un truc simple serait que les municipalités arrêtent de planter des fleurs, quand elles en plantent, qui sont jolies aux yeux de certaines personnes mais qui n'ont pas d'intérêt nutritionel pour les pollinisateurs et d'introduire une certaine diversité florale tout au long de l'année. Ca serait aussi d'arrêter de tondre les espaces verts de manière répétée et de couper à 5 ou 8 cm les végétaux pour préserver les petites fleurs sauvages. Et faire de même le long des routes, là ça concerne l'équipement et les délégations faites dans les petites communes.
Il est certain étant donné l'inertie des habitudes acquises qu'il va être difficile d'abandonner une bonne partie de leurs traitements phytosanitaires. Faire cela ne changera pas le temps passé au travail mais impliquera de passer plus de temps à la surveillance, par exemple celle des ravageurs avec des pots à phérormones, qu'au traitement. Reste le souci du partage des terrains agricoles entre la partie cultivée et celle qu'on va laisser au milieu naturel (haies ou couloirs de jonction entre parcelles protégées du réseau Natura 2000). A titre personnel, pour l'avoir vu, je peux vous dire que ça va être difficile, et pas seulement au point de vue financier. Dans le sud-est de l'Eure et Loir, j'ai pu voir des labours empiétant sur la berne en ne laissant que 20 cm de part et d'autre de la route et entourant sur trois côtés les pylones électriques en ciment qu'il peut y avoir le long de la route. Je n'ose pas imaginer la réaction des exploitants si on leur dit qu'il va leur falloir mettre une bande de deux mêtres de large sur la longueur de leur parcelle, non cultivée, non utilisée pour les mouvements des machines et plantée avec des espèces sauvages et cela dans chacune de leurs parcelles.
Rapha1
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Message par Rapha1 »

Jdeuxf a écrit :... il y a des expérimentations en cours en liaison avec des agronomes de l'INRA sur environ 186 exploitations pour déterminer les meilleurs pratiques agronomiques permettant de se passer des produits phytosanitaires, une réduction de 20-30% étant la cible, sans trop faire baisser les rendements...
C'est franchement pas beaucoup !!
Jdeuxf a écrit :....serait aussi d'arrêter de tondre les espaces verts de manière répétée et de couper à 5 ou 8 cm les végétaux pour préserver les petites fleurs sauvages. Et faire de même le long des routes

ça devrait être obligatoire pour les bords des routes ! Et en préservant la flore locale en place. Il s'agit non seulement d'avoir un refuge pour les espèces sauvages dont les insectes (qui sont pour la plus part bénéfiques), mais aussi d'entretenir par des coridors écoloqiques le croisement génétique indispensable à la résistance et la survie de ces espèces.
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Patrick_B
Modérateur
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Message par Patrick_B »

La quantité à l'hectare de produits répandus par les agriculteurs est très faible. Celle des particuliers et villes rapportée à la surface est considérablement supérieure. Le problème de l'agriculture, c'est que naguère, la campagne et la nature pouvaient se confondre, maintenant, les surfaces de nature sont extrêmement réduites, même si elles débordent très largement les parcs et autres espaces plus ou moins protégés.

Par ailleurs, pour les prairies: Pas de pesticides, mais une augmentation aveugle du rendement qui fait tomber le nombre d'espèces végétales en dessous de 40, voire même de 20. (Trop de lisier). Une prairie "sympa" d'autrefois comptait 60 à 70 espèces végétales.
Les traitements phytosanitaires des prairies sont indirects, et uniquement pour les (rares) pâtures : Insecticides/helminticides obligatoires donnés au bétail pour lutter contre les éventuels parasites et pour l'éradication totale du varron décidée il y a déjà quelques années. Ça nuit aux coprophages, donc aux chauves-souris, mais pas (directement) au abeilles.
La façon de mener les exploitations, très largement influencée par les réglementations de la PAC est probablement bien plus importante que le problème des quelques pesticides autorisés, aux doses autorisées. Cela dit, il existe quelques (très rares) agriculteurs qui outrepassent régulièrement les doses et les périodes, mais ils sont moins emmerdés que ceux qui estiment que deux traitements helminticides par an, ça fait un de trop.

Pour les villes : Tant que les électeurs seront en admiration devant les jardinières et suspensions renouvelées 4 ou 5 fois dans l'année et arrosées à grand frais de personnel et d'eau du réseau potable, on est pas près de progresser. (Pourtant, en plus d'être une calamité écologique, c'est extrêmement couteux). Tant que les mêmes administrés exigeront que les ruisseaux soient "propres" sans aucune végétation, tant que les prétendus plans d'eau seront vidées et curés tous les deux ou trois ans (on préserve la faune: On garde le poissons, le reste ne compte pas) , tant que les arbres seront taillés à ras et changés avant d'avoir le temps de vieillir, les haies taillées dés qu'elles sont en fleurs, car elles attirent les guêpes dont tout le monde sait bien qu'elles font des milliers de morts chaque années (sic), on pourra faire toutes les réserves et parc naturels interdits d'accès, on aura fait que dépenser le pognon du contribuable sans faire aucun progrès en matière de préservation de la nature.

Pour les particuliers: Tant qu'on verra sur le forum les membres occasionnels s'inquiéter de quelques ectobius ou de lépismes dans la maison, d'un nid de guêpe au fond du jardin, de trous d'abeilles solitaires dans leur gazon, et craindre les abeilles qui butinent leur haie de troènes, on pourra se dire qu'on est pas au bout !
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Bébert
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Message par Bébert »

Jdeuxf a écrit :Les auteurs expliquent que des reines ou des ruches étrangères ont pu apporter des maladies. Mais dans le passé, ces virus et autres nosema se sont probablement balladés entre les continents avec les oiseaux migrateurs et ça n'a jamais causé un désastre planétaire.
Les oiseaux migrateurs ne se balladent pas entre les continents. Il n'y a pas d'échange de migrateurs entre le bloc Europe/Asie/afrique et le bloc Amérique N et S. Pas plus qu'il n'y a d'échanges entre l'Afrique et le Sud Est Asiatique comme on à voulu nous le faire croire lors de la grippe aviaire, les oiseaux migrateurs étant alors un bouc émissaire tout approprié.
Les échanges mondiaux et déplacement humains sont quand même un vecteur importants de virus, que je sache les Indiens d'Amérique ne sont pas tous morts sous les balles des conquistadors !!
Patrick_B a écrit :Ce n'est pas en créant des réserves fort couteuses qu'on résoudra le problème.
En regard d'autres politiques nationales (la politique agricole par exemple) ça ne coûte vraiment pas cher !!
Jdeuxf a écrit :Et faire de même le long des routes, là ça concerne l'équipement et les délégations faites dans les petites communes
L'équipement ça n'existe plus, pas plus que la DDE, ce sont maintenant les conseils généraux qui sont en charge de l'entretien des dépendances vertes du réseau routier départemental.
Pour les voies communales ce sont les communes qui en général interviennent via des prestataires (styles paysagistes, entreprises de travaux forestiers ou autres entreprises équipées en matériel d'élagage).
Pour les voies privées style chemins blancs, desserte agricole ce sont les propriétaires, soit en général des associations foncières ou des particuliers. Ils font ça eux même ou via des entreprises prestataires.
Dans les conseils généraux la situation s'améliore globalement et on voit se développer de plus en plus d'initiatives autour de la gestion dite "différenciée" des bords de route (en gros zones non fauchées, fauche tardive, absence de pesticides, etc)
Dans les communes et chez les privés le faire propre à la vie dure et là la situation stagne...
Patrick_B a écrit :
Tant que les mêmes administrés exigeront que les ruisseaux soient "propres" sans aucune végétation

Voilà un point important soulevé par Patrick : il faut absolument et à tout prix "FAIRE PROPRE".
On désherbe (avec du désherbant bien sur et pas à la main) les cimetières, trottoirs et autres espaces publics pour faire propre. La coupe d'entretien des bords de route avant l'été est appelée la "coupe touristique" car il faut faire "propre" et "entretenu" pour attirer le touriste. Un champ de céréales avec des mauvaises herbes est pour un agriculteur un champ "sali". La friche et les arbres morts ont une image épouvantable et très négative car sale, anarchique, sauvage, etc...
Bien sur on ne le dis pas en général explicitement on fait ça sous couvert de sécurité (pour les bords de routes, les arbres morts ou les ruisseaux vis à vis des inondations) ou sous prétexte de rendement ou d'argument phytosanitaire (abventices)...

Jdeuxf a écrit :Cela dit, il y a des expérimentations en cours en liaison avec des agronomes de l'INRA sur environ 186 exploitations pour déterminer les meilleurs pratiques agronomiques permettant de se passer des produits phytosanitaires, une réduction de 20-30% étant la cible, sans trop faire baisser les rendements.

Eh bien l'Inra va nous faire pleurer qu'elles objectifs incroyablement ambitieux :0022:
Qui veut réellement se débarrasser des pesticides et des engrais chimiques, surement pas l'Inra ni nos chers élus !!
Tout ça ça fait marcher l'économie à commencer bien sur par les producteurs style Bayer, Monsanto et autres, les distributeurs (jardineries, grossistes et toute la chaîne), mais aussi l'industrie pétrochimique pour produire toute ces saloperies... Et ça sans parler de lobbying. Il n'y a qu'à voir le scandale qu'il y a eu autour du purin d'ortie et autres préparations végétales pour s'en rendre compte. Un engrais et phytosanitaire gratuit pour les jardiniers ça à pas plu!

Pourtant des solutions il y en a. Pourquoi par exemple continue t'on à utiliser des engrais chimiques synthétiques ? Toutes les régions d'élevage ne savent plus quoi foutre des leurs effluents. En Bretagne on épand tellement de lisier de porc qu'on se retrouve avec des marées vertes qu'il faut déblayer au tracto-pelle avec des coûts hallucinants à la charge de la collectivité (sans parler des petits désagréments écologiques). Pourtant les régions de grandes cultures continuent d'acheter en masse des engrais chimiques plutôt que d'avoir un transfert des fertilisants organiques excédentaires des régions d'élevage vers les régions de céréaliculteur. Évidemment là ça ne rapporte plus rien aux industriels de l'engrais...

Patrick_B a écrit :
Par ailleurs, pour les prairies: Pas de pesticides, mais une augmentation aveugle du rendement qui fait tomber le nombre d'espèces végétale en dessous de 40, voire même de 20. (Trop de lisier). Une prairie "sympa" d'autrefois comptait 60 à 70 espèces végétales.

A ce sujet une chose peu connue est que la banalisation à outrances des communautés végétales prairiales causes des graves problèmes de santé chez les animaux d'élevage (en particulier les ruminants), problèmes résolus évidemment à grand renfort des traitements et autres médocs bien polluants eux aussi pour l'environnement.
Il a été démontré sur des exploitation agri du Haut-Doubs que plus la surface agricole est pauvre en terme de diversité floristique plus les frais véto de l'exploit sont élevés.

Bon enfin très vaste sujet qui dépasse de loin les abeilles et dont on pourrai parler indéfiniment.
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Patrick_B
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Abeilles, virus et pollen

Message par Patrick_B »

C'est à la fois très loin des abeilles, et très proche. En effet, dans la nature, tout est en relation. Le bon sens nous le dit, mais la spécialisation nous le fait oublier.
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