vision des odonates et des insectes en général

[Jdeuxf]

Bonjour

Je suis nouveau. Je vais poser une question qui n’a pas de rapport avec l’habituelle thématique ‘‘Qu’est ce que c’est’’. Je ne sais pas si je vais me faire jeter. J’ai fait de nombreuses photographies d’insectes et en regardant après coup les photos j’ai nettement eu l’impression que le sujet photographié me ‘‘suivait’’ du regard, à savoir la présence sur les yeux à facettes de zones relativement nettes (une en générale) plus claires ou plus sombres que l’ensemble de l’œil me faisant face. Puisque je suis dans le forum consacré aux odonates, j’ai pu voir cela chez des agrions blanchâtres en regardant des photos prises sous différents angles et chez différents sujets. Mais j’ai également pu le voir chez des frelons, un ichneumon, deux espèces de gros papillons et une mante religieuse. Ma question est : bien que les insectes aient des yeux à facettes, est ce qu’ils ont la capacité de concentrer leur attention sur une zone qui leur semble importante, cela se traduisant par la suractivation d’une zone restreinte faisant face à l’objet de leur intérêt ?

[tioneb]

Bonjour, bienvenu sur le forum.
Non tu ne vas pas te faire "jeter", nous ne sommes pas un forum d'identification mais de partage.

De plus ta question intrigue pas mal de monde. C'est le résultat de phénomènes complexes lié a la structure même de l'œil composé.
D'autant plus complexes qu'ils ne sont pas correctement accessibles à l'œil humain; on ne peut pas les voir naturellement, il faut un dispositif optique comme un appareil photo par exemple.

En effet, ce phénomène est lié à la formation de l’image dans l’œil de libellule : ce dernier est formé de milliers de petites lentilles appelées ommatidies qui absorbent et transforment certains rayons lumineux en messages nerveux. Ce phénomène s’illustre au niveau de l’œil de la libellule par l’apparition de tâches noires correspondant aux régions où la direction des ommatidies est la même que celle de l’axe optique de la caméra ou de l'appareil optique et que l'on appelle pseudo pupilles.
On distingue, je crois, une pseudo pupille profonde et d'autres dites secondaires dont les processus (virtuels) de réalisation sont différents.
Sur l'œil de nos odonates on constate en effet plusieurs pseudo pupilles dont l'une est plus importante, plus sombre à défaut d'être plus nette.

Tous ceux que ça intéresse peuvent regarder ce pdf consacré à une étude scientifique de ces phénomènes pour la drosophile.

[Cochet]

Très intéressant ton commentaire !
Alain

[Jdeuxf]

Merci de l'explication et surtout pour le lien vers le pdf issu de springerlink parce que sur ce site, les articles ça coûte bonbon. Cela dit, ne sachant pas ce que c'était réellement (un phénomène optique ou une activation particulière de certaines parties de l'oeil), je dois avouer que je trouvais vraiment troublant de voir de photo en photo un insecte me suivre de son regard d'une manière aussi claire. D'un autre côté, je ne doute pas qu'ils me suivent quand même du regard d'une certaine manière même s'ils ne le montrent pas de cette manière vu le nombre d'insectes énervés qui ont décollé sous mon nez alors que j'avais fait la mise au point et que je m'étais approché précautionneusement.

[chwett]

Intéressant, en effet!
Merci de la question ... et de la réponse!

[Noushka]

Oui, je crois que nous avons tous fait ce genre d'expérience qui est très étonnante!
Ils prennent plus ou moins tôt conscience, dans notre approche, d'une masse importante qui bouge. Quelques fois ils ne le prennent pas pour un danger (nous faisons alors partie de l'environnement et ils se perchent même sur nous!) mais à d'autre moments ils focalisent sur notre masse et pas moyen de les approcher à moins 3 ou 4 mètres!
Je pense que leur perception du mouvement est assez aigüe.
Très bonne question et la réponse de Tioneb bien intéressante!

[tioneb]

Je pense que leur perception du mouvement est assez aigüe.

J'avais noté cela sans savoir ou je l'ai piqué:
"La libellule serait ainsi capable de repérer une proie immobile à 20 mètres et une cible en mouvement à 50 mètres."

Va savoir comment cela a été mis en évidence... cela me laisse souvent rêver ce genre de précision.

[Askel]

Dans le Jurzitza, on a ça: "on a signalé que de nombreux Anisoptères peuvent reconnaître leurs congénères jusqu'à une distance de 30 à 40 mètres"...

Va savoir comment cela a été mis en évidence... cela me laisse souvent rêver ce genre de précision.

Bonne question...

[RenaudB]

Aussi que la densité des ommatidies est moindre sur la partie supérieure de l'oeil, c'est particulièrement visible chez les Libellulidae, la partie supérieure de l'oeil serait plutôt dévolue à la détection des mouvements.

[tioneb]

... et la partie inférieure de l'œil aux couleurs et aux formes.

Un photo de Sympetrum striolatum qui illustre cette différence d'aspect entre la partie haute et la partie basse: