pour mon anniversaire, j’ai été gâté …
Tout d’abord, j’ai rencontré une espèce de Curculionidae que je ne connaissais pas, le Pissodes piceae, sur un dépôt de grumes de sapin.
Voir : viewtopic.php?t=262784
Mais en fait, si j’ai vu ce Pissodes prostré sur un trou, c’est parce que j’avais repéré deux petites femelles Braconidae inconnues de moi, et que l’une d’elles s’était approchée du coléo.
Photo 1

Bernard Mallet : France : Sarcenas : 38700 : 28/06/2024
Altitude : 1312 m - Taille : 5 mm env.
Réf. : 345372
Puis elle s’est approchée d’une masse de « confiture » (déjections ?) et s’est mise à pondre.
Photo 2

Bernard Mallet : France : Sarcenas : 38700 : 28/06/2024
Altitude : 1312 m - Taille : 5 mm env.
Réf. : 345373
Photo 3

Bernard Mallet : France : Sarcenas : 38700 : 28/06/2024
Altitude : 1312 m - Taille : 5 mm env.
Réf. : 345374
Concernant l’identification de cette femelle, j’ai tout d’abord utilisé la fonction recherche du forum, qui m’a conduit à un sujet intéressant :
viewtopic.php?t=166135&hilit=pissodes&start=10
dans lequel Bilule écrit :
Cela me fournit un nom : Eubazus, dont les photos sur le net montrent la forme en mouchette de la celluleBilule a écrit : mardi 14 mars 2017, 19:32 Ces nouvelles vues me confirment dans mon hypothèse d'un Brachistinae, et d'un possible Eubazus. Mais peut-être me trompé-je bien sûr.
Si le genre se confirme, on pourra peut-être pousser jusqu'au sous-genre mais pas au delà je pense. Il y a apparemment plusieurs espèces cryptiques dans ce genre, sur Pissodes spp notamment*. Il faudrait alors passer à l'étape de la taxonomie intégrative, ce qui n'est pas de mon ressort.
* Voir par exemple:
- Kenis, M., & Mills, N. J. (1998). Evidence for the occurrence of sibling species in Eubazus spp.(Hymenoptera: Braconidae), parasitoids of Pissodes spp. weevils (Coleoptera: Curculionidae). Bulletin of Entomological Research, 88(02), 149-163. (PDF)
- Villemant, C., Simbolotti, G., & Kenis, M. (2007). Discrimination of Eubazus (Hymenoptera, Braconidae) sibling species using geometric morphometrics analysis of wing venation. Systematic Entomology, 32(4), 625-634. (PDF)
Photo 4 Cellule

Bernard Mallet : France : Sarcenas : 38700 : 28/06/2024
Altitude : 1312 m - Taille : Sans objet
Réf. : 345375
L’insecte présente une tête et un
La gaine d’
Photo 5 : Vue d'ensemble

Bernard Mallet : France : Sarcenas : 38700 : 28/06/2024
Altitude : 1312 m - Taille : 5 mm env.
Réf. : 345376
Photo 6 : antennes

Bernard Mallet : France : Sarcenas : 38700 : 28/06/2024
Altitude : 1312 m - Taille : 5 mm env.
Réf. : 345377
Photo 7 :

Bernard Mallet : France : Sarcenas : 38700 : 28/06/2024
Altitude : 1312 m - Taille : 5 mm env.
Réf. : 345378
Pour la détermination, l’étude de Van ACHTERBERG & KENIS (2000) mentionne qu’il y a 3 espèces dans le sous-genre Allodorus qui regroupe les
E. abieticola parasite les larves de Pissodes piceae dans le cambium des troncs de sapins Abies alba.
E. robustus parasite principalement les larves de Pissodes validirostris dans les cônes de Pinus sp, et parfois d’autres espèces de Pissodes dans les troncs de Pinus sp. C’est le plus petit des trois.
E. semirugosus parasite Pissodes sp et Magdalis sp sur Pinus sp et Picea sp.
Ces seules indications permettent d’identifier l’insecte photographié, qui pondait dans le cambium d’un sapin à côté d’un Pissodes piceae, comme étant une femelle de E. abieticola.
Par comparaison avec le cucurlionide de 9 mm environ, on peut estimer la taille de cette femelle Eubazus à 5 mm environ (selon mes mesures sur photo : 4,9 ou 5,2 mm), donc loin des 3,7 mm d’E. robustus et des 4,1 mm d’E. semirugosus. Ces 5 mm correspondent bien aux 5 mm (4,7-5,3) indiqués pour E. abieticola par les auteurs.
Le nombre d’articles antennaires serait d’environ 34, militant également en faveur de l’espèce E. abieticola. Le dénombrement des articles est difficile, certains articles semblant en être deux alors qu’ils sont uniques. A noter qu’il semble y avoir, à quelques articles de distance de l’
Le calcul des longueurs de l’aile antérieure et de la gaine conduit à la même conclusion. En revanche, le calcul des ratios classiques, s’il permet de rejeter E. robustus, est moins net en ce qui concerne E. semirugosus.
Conclusion globale :
Nous sommes donc bien en présence de deux femelles (dont une seule a été suivie photographiquement) de Eubazus (Allodorus) abieticola (van Achterberg & Kenis, 2000).
En France, l’espèce n’aurait été vue (et capturée) que dans les Vosges (Val d'Ajol, juin 1991, Marc KENIS). Sa répartition européenne (en 2000) était : Allemagne, Autriche, France, Suisse, Russie.
La présente observation est donc intéressante.
J'espère ne pas vous avoir lassés ...
Trana
Bibliographie :
Achterberg, C. van and Kenis, M. (2000): The Holarctic species of the subgenus Allodorus FOESTER s.s. of the genus Eubazus NEES (Hymenoptera: Braconidae). — Zool. Meded. (Leiden) 73: 427-455.
Kenis, M. (2003) : Combining morphological, molecular, and biological characters to sort out taxonomical problems in parasitic Hymenoptera. The case of Eubazus spp. (Hymenoptera: Braconidae). - Contrib. Nat. Hist. 2: 41-48. https://doi.org/10.5169/seals-786950