[Sparasion sp.] Les Sparasion de France et des régions limitrophes

[baudric]

Les Sparasion de France et des régions limitrophes

Erwann Marhic

Les Sparasionini sont une tribu de la famille des Scelionidae constituée de 5 genres dans le monde :
Le genre Electroteleia Brues connu uniquement à l’état de fossile, les genres Listron Musetti & Johnson, Mexon Masner & Johnson et Sceliomorpha Ashmead présents en Amérique et le genre Sparasion Latreille, seul genre présent en Europe et répandu dans toute la région Holarctique, en Afrique et en Asie (Johnson & al. 2008).

Le genre Sparasion est principalement caractérisé par la présence de lamelles frontales (entre 1 et 3), les espèces européennes sont noires ou légèrement métallisée, ce sont des espèces de relativement grande taille pour des Scelionidae (2-7mm). Petite photo ci-dessous :



Pascal Fünfrock : France : Cantaron : 06340 : 23/07/2011
Altitude : 600 m - Taille : 4,5 mm.
Réf. : 88807


La connaissance de la biologie des Sparasion est encore très lacunaire, mais les ils sont connus pour parasiter des orthoptères de la famille des Tettigoniidae (Muesebeck 1979).
Je n’ai pu trouver aucune information sur leur écologie, mais de mon expérience actuelle ils semblent fréquenter un grand nombre d’habitats différents, voila une liste non exhaustive (et qui ne demande qu’à être complétée) des types de milieu ou j’ai déjà trouvé des individus : terril, carrière calcaire, lisière de forêt sur sol sableux, pierriers de montagne, carrière de marbre, roselière.

Grâce à plusieurs documents () j’ai pu établir une liste de 16 espèces présentes en France ou dans un des pays frontaliers, parmi ces 16 espèces il existe plusieurs formes, considérées par des sous espèces selon certains auteurs, je me pencherai sur la question ultérieurement. Les noms d’espèces cités ici sont ceux retenus par Fauna Europaea, il y a peu de synonymies (car peu de révisions) mais pas mal de variation dans la terminaison des noms selon les auteurs.

France : punctulatum, aenescens, cephalotes
Italie : cephalotes, punctatissimum, subleve, tibiale, bicoronatum, flavipes, emarginatum, nigripes, pallidinerve (Sardaigne)
Suisse : cephalotes
Allemagne : punctulatum, rufipes, aenescens, lepidum
Belgique : 0
Angleterre : cephalotes
Espagne : trilaminatum, aenescens, cephalotes, spinosipes

Ordre alphabétique :
- aenescens Foerster 1856
- biroconatum Kieffer 1906
- cephalotes (= vicinus et frontalis)
- emarginatum Kieffer 1906
- flavipes Kieffer 1906
- glabricornis Kieffer 1906 (possible synonyme de aenescens)
- lepidum Foerster 1856
- nigripes Kieffer 1906
- pallidinerve Costa 1884
- punctatissimum Kieffer 1906
- punctulatum Kozloz & Konova 1990
- rufipes Ruth 1859
- spinosipes Kieffer 1906
- subleve Kieffer 1906
- tibiale Nees 1834
- trilaminatum Kieffer 1906


La clé d’identification suivante est basée principalement sur la publication de Kieffer (1913) mais reprends des critères de Konova (2001), ... et les descriptions de Konova (2018) Kieffer (1906) et Nees (1834).

Clé d’identification des Sparasion de France et des régions adjacentes :

1a) Antennes brun clair -> S. pallidinerve

1b) Antennes brun foncé ou noir -> 2


2a) Une seule lamelle frontale -> 3

2b) Deux ou trois lamelles frontales -> 10


3a) Tarses tibias et fémurs jaunes -> 4

3b) Au moins fémurs noirs -> 5


4a) 3 premiers tergites, la base du 4ème et le dernier tergite entièrement striés, les autres lisses-> S. rufipes

4b) 3 premiers tergites avec le bord postérieur non strié, 5ème tergite strié dans la moitié basale-> S. flavipes


5a) Corps bleu métallisé -> 6

5b) Corps non metallisé (mais parfois brillant) -> 8


6a) Articles antennaires pas plus de deux fois plus longs que larges, scape non denté -> S. aenescens

6b) Articles antennaires 3 fois plus longs que large, petite épine sur le scape -> 7


7a) Mesonotum et scutellum a ponctuation forte et éparse -> S. glabricornis

7b) Mesonotum et scutellum a ponctuation fine et faible, sans ponctuation dans la moitié postérieure du mesonotum -> S. punctulatum


8a) Sillon parapsidiaux marqués seulement en arrière, tergites 4 à 5 lisses en arrière -> 9

8b) Sillon parapsidiaux complets, tous les tergites entièrement striés –> S. lepidum


9a) Tibias et tarses roux clairs -> S. tibiale (statut incertain)

9b) Tibias bruns ou bruns-roux -> S. cephalotes


10a) Lamelle frontale échancrée au milieu -> S. emarginatum

10b) Lamelle frontale non échancrée au milieu -> 11


11a) 3 lamelles frontales, les 2 antérieures arquées -> S. trilaminatus

11b) 2 lamelles frontales, une d’entre elle parfois peu visible -> 12


12a) Sillons parapsidiaux nuls ou vestigiaux -> 13

12b) Sillons parapsidiaux bien développés -> 15


13a) Tibias antérieurs avec des épines fortes (« spinuleux ») -> S. spinosipes

13b) Tibias antérieurs non spinulés -> 14


14a) Mesonotum et scutellum presque lisses, à ponctuation très éparse, sillons parapsidiaux nuls -> S. subleve

14b) Mesonotum et scutellum densément ponctué, sillons parapsidiaux vestigiaux -> S. punctatissimum


15a) Espèce entièrement noire, y compris les pattes -> S. nigripes

15b) Tibias et tarses roux -> S. bicoronatum

Vous l’aurez vu, FE ne connait que 3 espèces pour la France, il reste donc un certain nombre d’espèces communes à trouver (je vais me pencher sur les spécimens de la galerie).

Konova (2001) a récemment décrit un très grand nombre d’espèces dans l’Est de l’Europe, on peut supposer qu’il reste encore des espèces à décrire dans la partie Ouest de l’Europe, et notamment en France.

Sources :

BUHL N. P., BROAD G. R., NOTTON D. G., 2016. Checklist of Brtitish and Irish Platygastroidea. Biodiversity Data Journal 4 : e7991.

DEBAUCHE H.R., 1947. Scelionidae de la faune belge (Hymenoptera Parasitica). Bulletin et Annales de la Societe Entomologique de Belge 83: p.255-285.

HELLEN W., 1971. Die Scelioninen Finnlands. Fauna fennica 23. Helsinki. 25p.

JOHNSON N. F., MASNER L., MUSETTI ., 2008. Review of genera of the tribe Sparasionini (Hymenopetra, Platygastroidea, Scelionidae), and description of two new genera from the new world. American museum novitates n°3629. New York. 24p.

KIEFFER, J.J., in ANDRÉ, E., 1914. Proctotrypidae (3e partie). Species des Hyménoptères d'Europe et d'Algérie. Vol. 11. A.Hermann et fils, Paris, p.305-448.

Kieffer, J.-J., 1906. Description de nouveaux Hyménoptères. Annales de la Société Scientifique de Bruxelles, 30, p.113-178.

KONONOVA, S.V. & KOZLOV, M.A., 2008. Scelionids of the Palearctic (Hymenoptera, Scelionidae). Subfamily Scelioninae. Tovarishchestvo Nauchnykh Izdanii KMK, Saint Petersburg. 489 p.

KONONOVA, S.V. & PETROV, S., 2001. Review of scelionids of the genus Sparasion (Hymenoptera, Scelionidae) of Palaearctic region. Communication 2. Key to species. Vestnik Zoologii, 35(5): p.27-36.

KONONOVA, S.V. & PETROV, S., 2001. 1Review of scelionids of the genus Sparasion (Hymenoptera, Scelionidae) of Palaearctic region. Communication 1. Characteristics of the genus and description of new species. Vestnik Zoologii, 35(2): p.23-42.

MUESEBECK C.F.W., 1979. Superfamily Proctotrupoidea . in KV. KROMBEIN & al. Catalogue of Hymenoptera in America North of Mexico. Washington. p.1121-1186.

NEES von ESENBECK C. G., 1834. Hymenopetrum ichneumonibus affinium monographiae, genera Europaea et species illustrantes. Scripsit Christ.


https://www.faunaitalia.it/checklist/in ... nidae.html

[baudric]

Une petite compile concernant les Sparasion, je m'occuperai de la biblio demain, la je suis un peu fatigué et il me reste à faire les biblios en russe et en latin , vous conaissez le topo, la clé est amenée à évoluer donc n'hésitez pas à faire des remarques

[Onmal]

Bravo pour ce travail, et merci.

Une minuscule coquille: 1b conduit à 2

Et du coup pour l'exemplaire qui illustre ta clé, on tombe sur S. emarginatum, non?

[baudric]

C'est corrigé, et oui effectivement le spécimen que j'ai mis pour illustrer le genre (j'espère que l'auteur ne m'en voudra pas, mes photos de Sparasion sont bien moins parlantes) a toutes les caractéristiques d'un Sparasion emarginatum, en théorie inconnu de France mais une amie m'as dit en avoir pris un spécimen cet été en Corse, peut être une bête sudiste chez nous (en tout cas moi j'en ai pas )

[lauzette]

Faut épingler ce sujet pour qu'il reste en haut de la liste.

[baudric]

C'est bon j'ai rajouté la biblio, je ne pense pas que ce soit utile d'épingler le sujet, mais par contre l'intégrer aux clés du forum hyméno ça pourrait être pas mal

[Sarcophage77]

Je ne pige pas un truc, la famille a fusionnée avec les scelionidae en galerie.

C'est quoi la version officielle ?

[Onmal]

Une famille à priori, et ca a bien bougé (voir ICI)

An integrated phylogenetic reassessment of the parasitoid superfamily Platygastroidea (Hymenoptera: Proctotrupomorpha) results in a revised familial classification
Abstract

The superfamily Platygastroidea (Hymenoptera: Proctotrupomorpha) is a diverse group of parasitoid wasps that are parasitoids of nine orders of insects as well as spiders.
They appear to show a clear pattern of host group specificity among genera. A robust phylogeny is essential for devising a stable and informative classification and understanding the pattern of the shifts to parasitize new host groups.
We conducted phylogenetic analyses of Platygastroidea based on four molecular markers (18S, 28S, COI and wingless) and 119 morphological characters, and a phylogenomic analysis of a subset of taxa based on 4371 single-copy, protein-coding genes.
The four-gene analyses, both with and without morphological data, robustly recovered some well-established groups, e.g., Platygastridae (in its traditional sense), Scelionini, Teleasinae and Telenominae, as well as some novel patterns of
relationship. The ground-plan host for the superfamily are the eggs of Orthoptera, with multiple shifts to attack new host groups. The phylogenomic analysis of a subset of taxa recovered a clear pattern of relationships for the backbone
of the superfamily with maximal bootstrap support.
Based on the combination of these two approaches, we present a revised classification for Platygastroidea and recognize the following eight families:
Geoscelionidae stat.rev.,
Janzenellidae fam.nov.,
Neuroscelionidae fam.nov.,
Nixoniidae stat.rev.,
Platygastridae stat.rev.,
Proterosceliopsidae †,
Scelionidae stat.rev.
Sparasionidae stat.rev.


Une réévaluation phylogénétique intégrée de la superfamille des parasitoïdes Platygastroidea (Hymenoptera : Proctotrupomorpha) aboutit à une classification familiale révisée.
Résumé

La superfamille des Platygastroidea (Hymenoptera : Proctotrupomorpha) est un groupe diversifié de guêpes parasitoïdes qui sont des parasitoïdes de neuf ordres d'insectes ainsi que d'araignées.
Ils semblent montrer un modèle clair de spécificité de groupe hôte parmi les genres. Une phylogénie robuste est essentielle pour concevoir une classification stable et informative et comprendre le schéma
des changements pour parasiter de nouveaux groupes d'hôtes.
Nous avons effectué des analyses phylogénétiques des Platygastroidea basées sur quatre marqueurs moléculaires (18S, 28S, COI et wingless) et 119 caractères morphologiques, ainsi qu'une analyse
phylogénomique d'un sous-ensemble de taxons basée sur 4371 gènes codant pour des protéines à copie unique.
Les analyses à quatre gènes, avec et sans données morphologiques, ont permis de retrouver de manière robuste certains groupes bien établis, par exemple Platygastridae (dans son sens traditionnel),
Scelionini, Teleasinae et Telenominae, ainsi que de nouveaux modèles de relation. Les hôtes de base de la superfamille sont les œufs d'Orthoptères, avec de multiples changements pour attaquer de nouveaux
groupes d'hôtes.
L'analyse phylogénomique d'un sous-ensemble de taxons a permis de retrouver un schéma clair de relations pour l'épine dorsale de la superfamille avec un soutien bootstrap maximal.
Sur la base de la combinaison de ces deux approches, nous présentons une classification révisée pour Platygastroidea et reconnaissons les huit familles suivantes :
Geoscelionidae stat.rev.,
Janzenellidae fam.nov.,
Neuroscelionidae fam.nov.,
Nixoniidae stat.rev.,
Platygastridae stat.rev.,
Proterosceliopsidae †,
Scelionidae stat.rev.
Sparasionidae stat.rev.

L'arcticle est en libre accès
Il comporte une clé pour ces nouvelles familles (p. 21). Impossible à utiliser sur des photos in vivo, mais bon...

[lauzette]

[Bilule]

Selon le papier cité par Onmal*, le genre Sparasion est le genre type de la famille des Sparasionidae, Dahlbom, 1858 stat.rev.
L'INPN a intégré cette famille des Sparasionidae.

* Chen, H., Lahey, Z., Talamas, E. J., Valerio, A. A., Popovici, O. A., Musetti, L., ... & Johnson, N. F. (2021). An integrated phylogenetic reassessment of the parasitoid superfamily Platygastroidea (Hymenoptera: Proctotrupomorpha) results in a revised familial classification. Systematic Entomology, 46(4), 1088-1113. (ici)