
Je ne vous fait pas l'historique de l'audition chez les insectes (je n'y connais strictement rien) mais on a très longtemps pensé que les insectes n'étaient pas capable d'analyser les sons, ni même de les percevoir. Cependant en 1967, Roeder, puis Yager et Fenton en 1990 ont montré que certains insectes réagissaient aux ultra-sons (manoeuvres d'échappement aux chauve-souris).
En 1999, Yager et Fenton ont mis en évidence une "oreille tympanique" sur le même mode de fonctionnement que les nôtres, sur le ventre thoracique des mantes religieuses! Pourquoi pas les libellules ?
C'est ce qu'a cherché à montrer tout récemment Brian Shaw, un étudiant, avec: The Exploration of Neuronal Responses to Auditory Stimuli in the Dragonflies, Anax junius and Aeshna Constricta" (2018). Honors Theses. 1591, un document que l'on trouve aisément sur le Web (mais je peux vous l'envoyer).
Il met en évidence une réponse à des stimuli auditifs, tant par un enregistrement direct de l'activité nerveuse que par l'analyse du comportement! Même s'il suggère que ce sens de l'audition est subtile (sans doute beaucoup moins performant que la vision, si on peut comparer ces 2 sens...) il n'en conclut pas moins que son étude "suggère que les libellules ont un système nerveux capable de traiter des stimuli auditifs utilisant un système d'audition externe/tympanique".
Classiquement il indique que ce champ d'étude doit être exploré, mais en attendant mesurez vos paroles lorsque vous rencontrez une libellule...
Même si tout cela reste à confirmer, à préciser qualitativement et quantitativement, il est étonnant qu'il ait fallu attendre 2018 pour qu'une étude ciblée soit menée sur les libellules ; comme le suggère Brian Shaw toute l'énergie des chercheurs était-elle sans doute absorbée par l'étude de leur exceptionnelle vision.