Colias sp.

[Euphydryas]

Bonjour à tous !

Voilà un bail que je ne me suis pas connecté au forum...
Je fais depuis quelques temps "mes mémoires" concernant les espèces méruviennes et dans ce cadre je conserve quelques interrogations relatives à l'identification la plus juste de certaines espèces.
Du coup, je m'excuse mais je vais devoir poster des séries ^^

Ici, quelques individus que j'ai identifié comme étant Colias alfacariensis (Ribbe, 1905). Tous les papillons sont de l'Oise hormis le plus vif (2ième ligne à gauche) qui est plus caractéristique mais qui vient de méditerranée. Tous les individus ont été capturés sur pelouse sèche où hyppocrepis comosa est présente. L'individu méruvien est en première ligne à droite (il est de 1991, 2 individus observés le 3 août, plus jamais observé depuis et jamais observé avant).

Les clés suivant les caractères morphologiques proposés en complément du travail de Higgins & Riley par Dutreix (1980) ne sont pas évident pour moi. Même en utilisant la méthodologie indiquée par X&V Mérit (2000) dans le bulletin des lépidoptéristes parisiens (pondération des critères), j'obtiens certes des scores classant les individus dans la catégorie "alfacariensis" mais avec des résultats plutôt limites pour les individus visuellement les moins tranchés.

Puis-je faire appel à votre sagacité ?

Merci


Franck BEAUPERE : France : Méru : 60110 : 03/08/1991
Altitude : NR - Taille : 50mm
Réf. : 232789

[angeofvillerest]

Travail très intéressant effectivement. Je m'étais intéressé il y a quelques mois au bulletin des lépidoptéristes parisiens mais je ne trouvais pas ces critères suffisamment déterminants. Je vais suivre ce post de près car cela m'intéresse de voir si une issue en découle.

Bon courage

Stéphane

[JeanAlain]

Pas facile, d'autant que les deux taxons sont très variables (surtout alfacariensis à mon sens) et que les genitalia n'aident pas vraiment à trancher, même si il y en a une représentation dans cet ouvrage : https://www.amazon.com/Butterflies-Grea ... 0946589372
Mais je n'ai pas assez de Colias hyale dans ma collection de référence pour obtenir des résultats significatifs avec mes dissections.
La méthode avec pondération avait déjà été préconisée en 1980 par Claude Dutreix dans la revue Alexanor : Dutreix Cl. Étude des deux espèces affines Colias
hyale Linné et Colias australis Verity (Lep. Pieridae). Alexanor, 1980, 11 (7) : 297-316. En dehors de l'élevage, cette clé est a priori la plus pertinente.
Personnellement, je pense que tous tes spécimens sont des alfacariensis.
Pour ma part, les trois critères qui me semblent les plus significatifs sont la suffusion basilaire de l'avers des antérieures, la tache discoïdale de l'avers des postérieures et l'importance du complexe taches antémarginales/bande marginale de l'avers. En tout cas pour les mâles. Pour une femelle, ma méthode est de la suivre des yeux le plus longtemps possible pour essayer de la surprendre à pondre.

Il est clair que le Fluoré est aujourd'hui bien plus abondant en France que le Soufré, consécutivement à une forte régression des luzernières extensives. La seconde espèce est une eurasiatique, présentant parfois des migrations Est-Ouest en fin d'été et elle semblerait plus fréquente dans certains massifs montagneux sur terrains acides, notamment dans le Massif central. La première est omniprésente sur les pelouses calcaires à Hippocrepis comosa et elle est assez mobile elle aussi.

[Euphydryas]

Coucou !!

Merci pour ta réponse et l'éclairage sur les critères que tu suis en particularité.
C'est vrai que la variabilité entre les individus est importante pour pimenter davantage l'identification des individus de ce complexe...

J'aime aussi à lire ton dernier point que je ne connaissais pas forcément : "alfacariensis est assez mobile aussi." Sur mes conclusions de 20 ans d'observations des lépido d'un même secteur (plus de 500 prospections) c'est un peu ce que je vais indiquer pour plusieurs espèces. C. alfacariensis (en admettant que c'est bien lui) est apparu et disparu. Cela ne veut pas dire qu'il ne reviendra pas (si le milieu reste ouvert et que l'hippocrépide à toupet résiste sur place d'une part et si les pelouses sèches où l'on peut encore le trouver en nombre non loin du site ne deviennent pas de plus en plus morcelées).

Je sors du sujet mais j'avais fait sur ce site méruvien une curieuse rencontre en 2007. Boloria dia (Linneus, 1767) en nombre sur la pelouse sèche devenue bien plus embroussaillée que dans les années 1990. Au moins 5 individus localisés mais bien visibles dans un secteur de la pelouse que j'ai parcouru tant et tant de fois par le passé (très régulièrement entre 1988 et 2001 ; ponctuellement après). Je ne connaissais l'espèce (rare en Picardie dans les années 1990) que de la rencontre d'un individu en juin 1992. 15 ans avant de revoir l'espèce... la mobilité des papillons est une sacrée chance et modère sérieusement la présence/absence de certaines espèces dans le temps ^^