Ce qu'il faut surtout noter au-delà de l'arithmétique, c'est qu'entre les 2
émergences, il y a eu un hiver !
Cela revient donc à se pencher chez une question que se posent au fond (très inconsciemment) tous les papillons : quand doit avoir lieu ma
diapause hivernale ?
Et la biodiversité s'exprime aussi dans la réponse à cette question : elle varie selon les espèces, l'époque de l'année, le stade.... mais aussi selon les individus.
Car de même que tous les Homo sapiens, même au même âge, ne vont pas se coucher à la même heure, eh bien on peut comprendre que tous les individus papillons ne déchenchent pas tous leur
diapause hivernale en même temps.
Et quand on y réfléchit un peu c'est plutôt heureux pour l'espèce : ainsi le machaon ne met pas pas toutes ses
chrysalides dans le même panier et augmente ses chances de survie de l'espèce. Si l'été 2013 avait été très froid et très humide, que les ombellifères avaient été décimés par je ne sais quelle maladie, nos imagos émergés l'été auraient pu éprouver une difficulté à produire une descendance viable... Pour autant la petite fraction des
chrysalides "mises en réserve" pour 2014 aurait permis de reconstituer les populations l'année suivante, au moins en partie.
Il y a donc chez de nombreuses espèces une variabilité individuelle (sans doute génétique) dans la sensibilité aux paramètres qui déclenchent la
diapause. Il est même probable que certaines peuvent génétiquement s'exprimer selon deux modes :
diapause obligatoire à un certain stade, ou
diapause conditionnellle à ce même stade, permettant de relancer une nouvelle génération si les conditions sont potentiellement favorables. C'est d'ailleurs ce qui explique aussi, inversement, les secondes générations partielles certaines années (les individus "conditionnels" prennent le risque de continuer l'aventure, c'est comme à la roue de la fortune... d'ailleurs on parle de la loterie génétique !).
J'avoue ne pas avoir de belles références scientifiques en anglais à produire pour étayer tout ça mais c'est en tout cas le résultat de nombreuses observations dans des élevages "à plusieurs vitesses".
Sans doute des collègues plus savants que moi sauront produire ces études expliquant de façon plus technique le phénomène...
