Caillou a écrit :on pourrait peut-être écarter les Amerobelbidae: ils présentent 10 paires de soies notogastrales et je crois (!) en voir au moins 11 ici… [...] Que dis-tu de ce quatuor ?
Je préfère en rester à un quatuor de 5 pour cet argument là, car j'ai du mal à compter les
soies avec certitude, et la présence du passager de ton taxibate ne facilite pas le comptage des
soies. Autre raison pour laquelle je préfère ne pas éliminer à ce stade les Amerobelbidae, c'est parce qu'avec cette liste de 5 familles, je pense qu'on peut considérer comme
parfaitement certain qu'il ne s'agit pas d'autre chose.
Malgré tout, je vais quand même valider
[Oribatida - Oribatulidae] pour ce sujet : à l'image d'un autre que tu avais fait (je ne me rappelle plus lequel), on peut parfaitement faire le distinguo entre ce qui est certain, et ce que l'on peut se permettre d'extrapoler. Ne pas valider n'importe quoi, c'est une chose ; mais avec la démarche qui est désormais la nôtre de plus en plus, on peut quand même se permettre une petite souplesse. Didier, si tu as envie de lire ce qui suit en diagonale en prenant le partie de me faire confiance, je pense qu'un
Oribatulidae très probable correspond le mieux à ce sujet.
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- Pour cette histoire de
soies des
Amerobelbidae, effectivement, on peut "imaginer" qu'il y en a plus que 10, ou en tout cas qu'il y a moins de 3 paires postéromarginales comme ce devrait être le cas pour cette famille. Même si je ne pense pas qu'il s'agisse de cette famille ici, j'ai bon espoir qu'on en voit passer sur notre forum : à la page 180
de ce pdf, on peut voir que la famille est de distribution avant tout Européenne.
- Concernant les
Cymbaeremaeidae, je pense qu'on peut les écarter également. Si je me réfère au cheminement triple qui conduit à cette famille dans la clé du Krantz & Walter, j'imagine cette famille comme étant très variable d'allure. De fait, cette famille risque d'apparaitre un grand nombre de fois dans les familles restantes après s'être servi de ma clé, puisqu'un grand nombre de critères ne seront jamais discriminant : lenticulus présent ou absent, apophyses
humérales présentes ou absentes ; lamellae présentes ou non, avec ou sans cuspides ;
soies lamellaires présentes ou non, tutorium présent ou absent, incision rostrale possible... En fait, le meilleur critère que j'aie trouvé pour diagnostiquer un membre de cette famille est la présence d'un large
tubercule sur le
tarse palpal portant l'
eupathidium acm, lequel est séparé du
solenidion (c'est vous dire si on en parlera souvent
).
Malgré tout, si on s'amuse à reprendre la liste de répartition des espèces donnée en lien plus haut (aller à la page 302), on se rend compte qu'il n'y en a pas tant que ça chez nous :
Cymbaeremaeus cymba,
Scapheremaeus corniger,
Scapheremaeus palustris,
Scapheremaeus patella et
Scapheremaeus tricarinatus. Soient 5 espèces dans 2 genres. Précisons pour être parfaitement rigoureux que les genres
Ametroproctus et
Scapuleremaeus, intégrés dans la famille des Cymbaeremaeidae par Krantz & Walter, forment à eux deux la nouvelle famille des
Ametroproctidae dans le document de Subias. Dans ces deux genres, seule
Ametroproctus lamellatus serait présente pas loin de chez nous (estampillée "Europe centro-occidentale"). J'ai trouvé
des photos de la première espèce, et
ici des photos de
Scapheremaeus et d'
Ametroproctus, même si ce n'est pas les mêmes espèces. Je sais bien que ce n'est pas parce que les Corvidae se déclinent normalement en noir et/ou blanc que le geai ne peut pas appartenir à cette famille, mais ici on a quand même des individus à l'allure générale très différente, avec un notogastre qui n'est ni lisse, ni convexe ; avec un sillon
marginal chez
Scapheremaeus sp. ; et avec de très longues lamellae au moins partiellement fusionnées chez les 3 espèces d'
Ametroproctus représentées. Donc, si vous trouvez les représentations c'est bonnes espèces, c'est mieux ; mais personnellement, j'y crois suffisamment "pas du tout" pour rayer cette famille du champs des probables.
- Pour la famille des
Areozetidae, ça va être beaucoup plus simple ! Krantz & Walter nous disent qu'elle est composée du seul genre
Areozetes, qui contient deux espèces. Or ces deux espèces, page 381 du document de Subias, appartenant dans ce document à la famille des
Liebstadiidae, sont trouvées respectivement au Pérou et au Sri Lanka : on peut donc considérer comme certaine son élimination (et je vais modifier ma clé en ce sens dès que j'aurai terminé cette très longue réponse).
- Concernant la très grosse famille des
Scheloribatidae, là aussi, sur les 335 espèces données pages 383 et suivantes du document de Subias, un grand nombre ne sont pas de chez nous. En étant le plus rigoureux possible, on devrait garder plusieurs espèces du genre
Scheloribates, toutes dans le sous-genre nominal
[agilis (France), barbatulus (paléarctique méridional), caprai (Méditerranée occidentale), carneus (îles britanniques), distinctus (Europe méridionale), femoralis (France), fimbriatus fimbriatus (paléarctique méridional), gilvulus (Allemagne), humeratus (îles britanniques), labyrinthicus (Méditerranée), laevigatus (holarctique), minifimbriatus (Méditerranée), pallidulus (cosmopolite), pilosus (Italie), saxicola (îles britanniques), tuberculatus (Espagne)] et 4 espèces du genre
Topobates [alvaradoi (Méditerranée occidentale), granifer (France), helveticus (Suisse), umbraili (Suisse)]. Je n'ai pas trouvé de photo du dernier genre, mais toutes les photos sur lesquelles on tombe pour le premier montrent des acariens avec des petits ptéromorphes, comme d'ailleurs le montre la figure 15.68.A du K&W (p560). Bref, je ne sens pas ce genre non plus...
- Et donc, au final, il ne resterait dans les probables que les
Oribatulidae. Subias (pages 364 et suivantes) parle de 199 espèces, parmi lesquelles on trouve chez nous :
Lucoppia burrowsi (paléarctique occidental) ; plusieurs espèces du genre
Oribatula, sous-genre nominal
[exsudans (sud-ouest de l'Europe), intermedia (idem), interrupta (holarctique), longelamellata (Europe centro-occidentale), macrostega (Espagne), neonominata (Autriche), pannonica (paléarctique), parisi (méditerranée), praeoccupata (Espagne), tibialis (holarctique), torrijosi (Méditerranée occidentale)] ; plusieurs espèces dans le sous-genre
Zygoribatula [arcuatissima (Méditerranée occidentale), dactylaris (idem), exarata (paléarctique méridional), excavata (Méditerranée), exilis (holarctique), frisiae (idem), glabra (paléarctique), guadarramica (Espagne), hispanica (idem), knighti (iles britanniques), lenticulata (Méditerranée), microporosa (Est du paléarctique occidental)] ; plusieurs espèces du genre
Phauloppia [knoepffleri (France), lucorum (holarctique), nemoralis (Europe), rauschenensis (paléarctique occidental), tavruei (Suisse), vallei (Italie)] ; et
Phauloppiella striata (Espagne). Je ne me suis pas amusé à fouiller dans ces différentes possibilités (mais si quelqu'un s'en sent le courage, qu'il ne se prive pas !), mais les représentations de cette famille collent largement avec la photo de Caillou. C'est d'ailleurs le dernier argument qui m'a décidé à valider la famille : tu étais tombé dessus dès le départ
.
Je ne pense pas qu'on puisse en dire beaucoup plus sur tes photos. J'espère que ce sujet servira de modèle à d'autres tous aussi intéressants