Bonsoir,
Pour compléter un peu l'intéressante réponse d'Arno :
En France : Effectivement, il faut se méfier de
tredecimguttatus , tout comme de
paykulliana de façon moindre ; ces deux espèces appartiennent d'ailleurs toutes deux à la famille Theridiidae. D'ailleurs, des études venimologiques ont démontré que même le venin des Theridion, de petits Theridiidae, pouvait être très virulent, mais bien évidemment la petite taille des ces espèces (en moyenne 2 à 4 mm) ne leur permet pas de nous inoculer celui-ci. Mais comme le dit Arno, pour les deux premières pas de gros risques, sauf en cas d'hypersensibilité au venin.
En plus, pour avoir élevé et étudié l'éthologie de
paykulliana en captivité et en milieu naturel, je peux dire que pour se faire mordre par celle-ci, je pense qu'il faudrait vraiment n'avoir pas de bol car si la bête est un prédateur redoutable pour bon nombre d'arthropodes dont certains dépassent largement sa taille, pour ce qui est des vibrations que cause un mammifère de notre taille à sa toile, la réaction est immédiate : "vite, à ma retraite" !
Pour
Cheiracanthium (et non
Chiracanthium, dans le Jones (1990) et d'autres l'orthographe est erronée) tels les
C. erraticum,
C. punctorium, etc. ce sont les mâles qui présentent de fortes
chélicères, et non les femelles ; je ne pense pas que ces dernières puissent perforer notre épiderme.
En fait, plus d'araignées que l'on croît seraient capables de perforer notre épiderme, tout comme certains chilopodes d'ailleurs. Mais le comportement de fuite de l'araignée face à un prédateur (et non d'appétit car non-hématophage contrairement à d'autres

), et souvent son mode de vie, ne lui donneront jamais cette occasion. Idem pour les chilopodes.
Par exemple, tout comme chez
Atypus , les
Nemesia (Nemesiidae) et
Cteniza (Ctenizidae) en ont aussi, de fortes
chélicères. Mais ce sont là des "trapdoor spiders" (cf. mon post sur ces araignées), plus simplement, des mygales maçonnes qui creusent un profond terrier dont l'ouverture est munie d'un clapet sous lequel l'araignée se tient et guette ses proies la nuit. Ces araignées sont non seulement pourvues de fortes
chélicères (bien moins saillantes que les Atypidae, tout de même), d'assez grande taille pour certaines espèces comme
Cteniza sauvagesi et
Nemesia eleanora par exemple, mais sont en plus assez agressives quand elles sont délogées. Seulement voilà, pour les déloger, faut vraiment le vouloir : les terriers sont très difficiles à trouver pour le non-averti, donc peu de chances que le commun des mortels se fasse mordre par celles-ci. Où à la rigueur (?), par un mâle errant plus petit mais aussi plus "craintif". Quoi qu'il en soit, la morsure ne présenterait guère de danger.
Pour les
Loxosceles, effectivement, rien à redire, la crainte est justifiée. Pour Dge qui aime les morsures à effet

, plus encore est justifiée la crainte du mygalomorphe australien
Atrax robustus (Hexathelidae), qui est lui de bien plus forte taille que
Loxosceles : le venin de la femelle est déjà considéré comme mortel pour l'être humain et on lui impute plusieurs accidents ; mais c'est surtout le mâle, errant et très agressif une fois adulte lorsqu'il part en quête des femelles, qui cause des accidents plus fréquents. Et son venin est encore plus toxique que celui de la femelle...
Les
Phormictopus, de grands Theraphosidae tropicaux, sont également craints, mais ce serait surtout les personnes à forte sensibilité cardiaque qui serait susceptibles d'être mises en danger par leurs morsures.
Les lycoses françaises sont sans danger, et bien que
narbonensis et sa cousine
tarentula aient fait danser la tarentelle à certains, il semble que sa morsure ne provoque qu'une douleur localisée de ressenti variable. Par contre, l'américaine et grande
Lycosa raptoria provoque des complications douloureuses et persistantes surtout liées au propriétés nécrosantes de son venin, tout comme
Loxosceles. Ici, c'est surtout le point d'inoculation qui pourrait provoquer de graves symptômes.
Enfin, on mettra une mention particulière aux
Phoneutria (Ctenidae), de très grands aranéomorphes tropicaux ; ceux-ci possèdent un venin très virulent : vertiges, nausées, convulsions, puis hypothermie, accélération du pouls, etc. la morsure peut parfois être mortelle. L'araignée est d'une agilité surprenante : tout comme d'autres Ctenidae, elle peut se déplacer très rapidement et même faire des bonds. Ces araignées capturent parfois même de petits vertébrés tels de petits geckos (a été observé chez
Cupiennus salei).
Pour les scolopendres, en France comme je l'avais déjà dit dans un autre post, seul le Scolopendridae
Scolopendra cingulata est à craindre et provoque les effets relatés par Elwood, parfois aussi de la fièvre. Sous les tropiques, de nombreux Scolopendridae du genre
Scolopendra sont plus à craindre que
cingulata , et également certains représentants du genre
Cormocephalus. Les morsures sont rarement mortelles (un cas connu attribué à
S. subspinipes, un autre à
S. heros), mais provoquent des effets forts douloureux et gênants : nécroses localisées et persistantes, douleurs extrêmement vives au point d'inoculation, anxiété, vertiges, fièvre, ankylose du membre mordu, etc.
subspinipes provoque même des brusques chutes et remontées de tension (dûes à une cardiotoxine nommée "toxine-S") chez certains mammifères tel le chat et peut être léthale pour ceux-ci.
Enfin, l'étude du venin
d'Otostigmus scabricauda (Scolopendridae, Otostigminae), une "petite" scolopendre tropicale de 70 mm, a révélé que celui-ci était environ 4 fois plus toxique que celui de
subspinipes, pourtant bien plus grande ; mais heureusement, aucun cas de morsure n'a encore été attribué officiellement à cette espèce.
Pour la venimologie des arachnides, je conseille vivement la référence suivantes :
JUNQUA C. & VACHON M., 1968. - Les arachnides venimeux et leurs venins. Etat actuel des recherches.
Académie royale des Sciences d'Outre-Mer, Classe des Sciences Naturelles et Médicales, N.S., XVII-5 : 52 pp.
Pour les organismes venimeux en général, la bible :
GOYFFON M. & HEURTAULT J., 1995. - La fonction venimeuse. Collection Biodiversité, Editions Masson, Paris : 284 pp.
Pour les chilopodes :
IORIO E., 2004. - Les appareils venimeux des Chilopodes : mécanismes et pathologies.
Le bulletin de Phyllie, 20 : 23-33.
Cordialement,
Etienne