
Le grand Pierre-Henri Fabre dans ses souvenirs entomologiques décrit les festins des cétoines
EXTRAITS:
"La première semaine du mois d'août, je mets en volière une quinzaine de Cétoines qui viennent de rompre leurs coques dans mes bocaux d'éducation. Bronzées en dessus, violacées en dessous, elles appartiennent à l'espèce Cetonia metailica Fab. Je leur sers, suivant les ressources du jour, des poires, des prunes, du melon, des raisins."
"Qui ne l'a vue, pareille à une grosse émeraude couchée au sein d'une rose, dont elle relève le tendre incarnat par la richesse de sa joaillerie ? En ce lit voluptueux d'étamines et de pétales, elle s'incruste, immobile ; elle y passe la nuit, elle y passe le jour, enivrée de senteur capiteuse et grisée de nectar. Il faut l'aiguillon d'un âpre soleil pour la tirer de sa béatitude et la faire envoler d'un essor bourdonnant."..............
......."C'est bénédiction que de les voir festoyer. Les attablées ne bougent plus. Rien, pas même un déplacement du bout des pattes. La tête dans la purée, souvent même le corps noyé en plein dans la marmelade, on lippe, on déglutit, de jour, de nuit, à l'ombre, au soleil, sans discontinuer. Soulées de sucrerie, les goulues ne lâchent prise. Affalées sous la table, c'est-à-dire sous le fruit diffluent, elles pourlèchent toujours ; en cette béate somnolence de l'enfant qui s'endort avec la tartine de confiture aux lèvres.
Aucun ébat dans l'orgie, même lorsque le soleil donne bien ardent au sein de la volière. L'activité est suspendue, tout le temps appartient aux liesses du ventre. Par ces chaleurs torrides, on est si bien sous la prune reine-Claude, suçant le sirop ! En telles délices, à quoi bon l'essor dans les champs où tout est brûlé ? Nulle n'y songe. Pas d'escalade contre le grillage de la volière, pas d'ailes brusquement étalées en un essai d'évasion.
Cette vie de bombance dure déjà depuis une quinzaine sans amener la satiété. Telle durée de banquet n'est pas fréquente........"
A lire absolument pour se régaler !
