Comme le disait Theodosius Dobzhansky, "
en biologie, rien n'a de sens, si ce n'est à la lumière de l'évolution" ; il est bon, parfois, de le rappeler, ce qui nous permet souvent de rapidement comprendre que certaines apparentes absurdités biologiques que l'on rencontre ne sont en fait que le fruit de notre interprétation anthropocentrée des phénomènes.
Le mâle Mante religieuse (pour ne citer que l'espèce les plus connue, il y en a d'autres...) qui se "laisse" dévorer par sa femelle apporte en réalité aux œufs dont il est le père plus de ressources, et d'une manière plus efficace et surtout plus sûre que le pinson qui quitte le nid pour chercher des larves afin de sustenter sa marmaille... la laissant sans surveillance, et risquant lui-même la mort de son côté. Comme cela fonctionne, et comme ce sont bien les
gènes, et non les comportements construits, qui sont sélectionnés, les mâles les plus accommodants, ce qui se laissent dévorer sans broncher tant qu'on les laisse faire leur petite affaire, ont plus de descendants, auxquels il transmettent également ces caractères. Après, cela n'a jamais empêché un mâle tenter de s'échapper une fois la chose faite, pour augmenter encore les chances en tentant la chose avec la prochaine...
Les éphémères, les longicornes, les cigales, les papillons... vivent dans des milieux différents à l'état larvaire et adulte : sur les deux, le milieu aérien est le plus propice à l'échange génétique, et c'est là tout l'intérêt d'avoir des ailes. C'est aussi le plus risqué, et celui où proportionnellement les ressources sont moindres, ou en tous cas le moins facilement exploitable. Au cours de l'évolution, il a donc été réservé à l'adulte, tandis que le
juvénile exploitait un milieu plus sûr, le plus longtemps possible,afin de fournir l'essentiel de l'apport énergétique de la vie - les adultes de certaines espèces ne s'alimentant plus, comme c'est le cas notamment pour les éphémères. Les cigales de nos régions ne vivent généralement que quelques semaines à l'état adulte, après environ trois à cinq ans passés sous terre. Aux Etats-Unis, certaines de ces cigales passent treize, voire dix-sept années, à l'état larvaire, avant d'émerger !
Les éphémères sont un sujet passionnant, même si, en effet, ce sont surtout leurs larves qui sont principalement étudiées. Avec leur voisines (et pas forcément cousines), les larves de plécoptères (perles) et de trichoptères (phryganes), elles ont des exigences écologiques différentes, et souvent strictes, et leur présence est souvent indicatrice de la qualité des milieux dans lesquels on les trouve. Du côté des adultes, ceux qui les ont le plus étudié, a final, sont sans doute les pêcheurs, et notamment les pêcheurs à la mouche !
