Bon il est temps que j'intervienne sinon, je n'aurais plus rien à dire
!!
Comme l'a dit DPascal et Bobgaia, cette jolie
galle est le fruit d'une petite bestiole si anodine qu'on n'y prête jamais attention : un puceron (ou plutôt des pucerons). En l'occurrence, cette
galle sur pistachier ne peut être que le produit de "Baizongia pistaceae" appartenant à la famille des Aphididae. (Je n'ai pas trouvé le nom vernaculaire du puceron mais doit pas être bien compliqué à deviner… ça doit être le seul puceron sur pistachier... mais je ne préfère pas l'inventer comme dirait l'autre).
Comme promis, j'ai fait une petite enquête sur les mœurs de c'te bestiole… ben c'est pas gagné
!!
Donc je vous livre le fruit de mes recherches mais les informations que j'ai écrites sont sous réserve de ma bonne compréhension des choses (notamment à partir de documents anglais, donc…). Et puis surtout du manque d'information concernant précisément cette espèce (j'ai un peu extrapolé à partir d'autres espèces plus étudiés car porteuses de virus en agriculture). Donc ce sont justes des informations pour avoir une idée d'ensemble.
Déjà il faut savoir que le cycle de vie des pucerons est très complexe, d'autant plus complexe qu'il est différent pour chaque espèce et qu'il peut être différent pour une même espèce en fonction des conditions du milieu dans lequel se trouve le puceron (climatiques, …).
Notamment, on distingue plusieurs types de cycles biologiques en fonction de la plante hôte :
- Les pucerons qui se développent sur une seule espèce végétale sont dits
monoéciques.
- Ceux migrant au cours de leur cycle entre plusieurs espèces végétales sont appelés
diéciques.
Notre puceron fait partie de la deuxième catégorie : il commence son cycle sur le pistachier (hôte primaire) et finit sur graminées (hôte secondaire).
Ensuite il y a différents types de reproduction chez ces petites bêtes :
- Les cycles biologiques qui ne présentent que des générations
parthénogénétiques (c'est-à-dire que la reproduction se fait sans fécondation). Les femelles se reproduisant ainsi sont le plus souvent
vivipares (donnent naissances à des larves directement capables de se mouvoir et de se nourrir). Ce cycle appelé
anholocycle se trouve souvent en région tropicale où il n'y a pas de saison d'hivernage qui nécessite le stade «œuf».
- Les cycles biologiques au cours desquels il y a une ou plusieurs générations parthénogénétiques
puis une génération amphisexuelle. Cette dernière génération est composée de femelles qui après fécondation (avec un mâle) pondent
un œuf (donc femelle ovipare). Ce cycle est dit
holocycle.
- Et enfin un mélange des deux : Les cycles biologiques où des femelles parthénogénétiques produisent en quantité variable des mâles capables de féconder les femelles sexuées issues d'autres clones asexués. Ce phénomène est appelé l'
androcyclie.
Bref à titre indicatif, notre super
galle est produite par un puceron
holocyclique diécique.
J’ai tenté de faire un résumé de sa petite vie (c'est là que ça se complique)
:
En automne, une femelle pond un œuf sur un pistachier (plante hôte primaire). Au printemps suivant, de cet œuf sort une larve (de la même forme que l’adulte soit dit en passant) qui va grandir (au moins 4 mues) jusqu’à devenir un puceron femelle adulte et
aptère appelée femelle
fondatrice.
Lors de son alimentation, ce puceron injecte de la salive qui fait réagir les tissus de la plante de tel sorte qu'ils poussent suivant une forme spéciale, créant une
galle.
Donc arrivé à maturité, cette femelle se reproduit de façon parthénogénétique, à raison de plusieurs larves par jour. Larves qui vont grandir et se reproduire de la même façon d'où une très grande capacité de reproduction. Toujours en s'alimentant, les pucerons continuent à favoriser la croissance de la
galle qui peut ainsi accueillir de plus en plus d'individus. Il est à noter qu'à ce stade tous les pucerons sont des femelles virginipares appelées
fondatrigènes (et clones de la fondatrice)!
Puis, arrive un moment où des formes
aptères apparaissent (à telle génération ou à cause du climat ?? chais pas) jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que ça. En été, la
galle arrive à son maximum (~dizaine de centimètres) et laisse partir ~10 000 pucerons ailés femelles qui vont coloniser une seconde plante (hôte secondaire). En l'occurrence pour ce puceron, il s’agit de diverses graminées (Agrostis, Dactylis, Festuca, Poa). Les pucerons se nourrissent sur les racines de cette seconde plante hôte et sont assistés par des fourmis (plus précisément Lasius flavus). Plusieurs générations de femelles parthénogénétiques
vivipares se succèdent sur les plantes hôte secondaire. Quand l'automne arrive, des femelles
sexupares apparaissent : elles produisent des mâles et des femelles ailés qui retournent sur la plante hôte primaire pour y pondre un œuf. Et la boucle et bouclée.
Il est à noter que cette espèce est
holocyclique dans les régions méditerranéennes mais
anholocyclique en Europe centrale et du nord… ne me demandez pas pourquoi!!
Les pucerons anholocycliques passent l'hiver dans la fourmilière (si j’ai bien compris!).
Ceci dit, ces informations sont à coup sûr incomplètes et très certainement erronées. J’ai notamment cru comprendre qu’en région méditerranéenne cette espèce boucle son cycle en deux ans (ce qui impliquerais un hivernage à l’état adulte soit dans une fourmilière soit dans une
galle).
Donc si il y a des personnes qui ont plus d'informations, qu'ils ne se gènent pas à me reprendre.