Faut-il dire, comme de nombreux sites US, que nos chères "Apis mellifera sont de médiocres pollinisateurs", sauf sur des fleurs du type Rosacées, par ex ?
Ou sur les malvacées, qui les rendent folles...
De fait, je les vois le plus souvent se brosser-nettoyer soigneusement entre chaque fleur, et ranger tout le pollen dans la corbeille. Il ne reste plus rien sur les poils pour polliniser la fleur suivante
Les abeilles solitaires et Bombus seraient beaucoup plus efficaces, ?
gilles
Je n'ai pas dit que les abeilles ne sont pas des pollinisateurs et par ailleurs j'ai écrit qu'un insecte doit être floricole pour être pollinisteur mais l'inverse n'est pas vrai.
Il existe une littérature scientifique très abondante (principalmeent en anglais bien sur) sur le sujet qui montre que de nombreux visiteurs floraux jouent un rôle marginal (ou nul) sur la pollinisation de telle ou telle espèce. Les même espèces d'insectes peuvent être d'excellents pollinisateurs d'une autre famille (genre ou espèce) de végétaux. Encore une fois, tout dépend de la morphologie respective des deux espèces et du comportement de l'insecte sur la fleur.
Je vais citer un seul exemple très simple, certains bourdons à langue courte percent la corolle (trop profonde pour leur langue) de fleurs pour atteindre le nectar. De ce fait ils ne sont en contact ni avec les étamines ni avec le pistil et n'assurent aucune pollinisation. Ensuite d'autres visiteurs (incapables de percer la corolle) profitent de l'aubaine et n'assurent eux non plus aucune pollinisation. Cela n'empêche pas que ces espèces de bourdons et les autres visiteurs pollinisent d'autres espèces végétales à corolle moins profonde.
L'équation simpliste qui suppose qu'une espèce d'insecte qui visite la fleur d'une espèce végétale donnée implique que l'insecte est pollinisteur de ce végétal est tout simplement fausse.
Pour être un brin provocateur (comme Gilles) je vais en rajouter une louche. Il existe une théorie récente (non démontrée), comme quoi les insectes et les végétaux sont en compétition pour le pollen. Cette théorie s'appuie sur le fait que certains insectes spécialisés (des abeilles solitaires en particulier) sont capables de récolter 98% du pollen d'une espèce végétale ce qui pourrait limiter la reproduction du végétal.
Le premier point sur les visiteurs floraux versus les pollinisteurs est bien établi, le second n'est qu'une théorie qui reste à être démontrée ou invalidée.
Ben v'là aut'chose comme dirait l'autre... j'en reste bouche "bee" (prononcer à l'anglaise...)
Mon intérêt pour les insectes et les pollinisateurs est très récent et je suis loin de tout comprendre, mais ces explications me permettent de voir que les choses sont plus complexes qu'il n'y parait.
J'avais l'intention de monter une galerie "insectes pollinisateurs" sur mon blog (sous forme de diaporama). Du coup, je vais devoir le nommer "insectes floricoles"... et modifier mon texte.
Même si l'abeille se nettoye au point de ne pas laisser de pollen sur ses poils, cette récolte stockée dans les corbeilles ne peut-elle féconder le pistil d'une fleur par contact lorsque l'abeille s'y pose ?
Merci à vous deux, Eric et Gilles, pour vos explications
Patrick
"Pour écouter les humains, pour écouter les insectes, nous ne mettons pas les mêmes oreilles" - Ando Wafû
Je crois me rapeller que certaines espèces mélangent un peu de nectar avec le pollen et dans ce cas la pollinisation n'est pas possible
chez d'autres espèces le pollen reste pulvérent et peut donc féconder si il est en contact avec les stigmates
Pour l'abeille mellifère, il me semble qu'une fois stocké dans les corbeilles la pollinisation n'est plus possible
Je crois que ces informations existent dans la littérature (au moins en partie)
A+
Eric
Une étude menée dans les années 80 concernant la pollinisation du pommier a montré que l'Abeille domestique en est le principal agent mais que d'autres espèces jouent aussi un rôle intéressant en raison de leur seuil thermique d'activité inférieur, de leur vitesse de butinage plus élevée, du caractère pulvérulent du pollen accumulé sur leur appareil de récolte ... Un aperçu plus détaillé de cette étude et d'autres considérations intéressantes concernant la pollinisation peuvent être trouvés dans la brochure "Abeilles auvages et pollinsation", librement téléchargeable à l'adresse suivante : http://apis.naturamosana.be/menu_documents.php
Dav a écrit :Une étude menée dans les années 80 concernant la pollinisation du pommier a montré que l'Abeille domestique en est le principal agent mais que d'autres espèces jouent aussi un rôle intéressant en raison de leur seuil thermique d'activité inférieur, de leur vitesse de butinage plus élevée, du caractère pulvérulent du pollen accumulé sur leur appareil de récolte ... Un aperçu plus détaillé de cette étude et d'autres considérations intéressantes concernant la pollinisation peuvent être trouvés dans la brochure "Abeilles auvages et pollinsation", librement téléchargeable à l'adresse suivante : http://apis.naturamosana.be/menu_documents.php
Cela concerne surtout les osmies. Elles sont en avance sur les abeilles sociales qui n'ont pas encore reconstitué les colonies en février ou mars, et sont donc d'excellentes pollinisatrices des fruitiers précoces. J'ai installé des nichoirs pour la première fois cette année et j'ai presque fait le plein de réservations... Je vais élargir mon champ d'activités et ouvrir un Bee & Bee motel. Je cherche des investisseurs
"Pour écouter les humains, pour écouter les insectes, nous ne mettons pas les mêmes oreilles" - Ando Wafû
tu dois pouvoir créer une "bourgade mobile" d'intervention
que tu installes chez des agriculteurs bio.
En avançant dans la saison, tu passes aux Megachiles ...
Et un nouveau marché et un emploi de créé
gilles
@ Patrick 68 : L'étude évoquée parle en effet du rôle particulier d'Osmia cornuta mais aussi des Bourdons, des Antophores et d'Andrena sabulosa. Et, oui, les nichoirs ça marche bien : le mien, installé l'an passé, était occupé par 40 nids et j'en ai trois fois plus cette année.
A propos de ce que vous disiez sur le pillage du pollen par les abeilles, j'ai retrouvé la source de l'étude (pas l'étude en elle-même). C'est le laboratoire d'entomologie appliquée de l'Ecole polytechnique fédérale de Zürich en Suisse qui l'a menée. C'est le site ou Nico V. doit réaliser ses expérimentions (?).
Cet état de choses est un phénomène évolutif qui s'est s'est déroulé sur des millions d'années. De nos jours, les abeilles continuent à prélever le pollen à outrance, mais les fleurs ont trouvé des parades pour se faire polliniser malgré tout. L'équilibre n'est donc pas menacé. Au contraire, cette lutte constante pour l'adaptation, a permis l'émergence de plus de 20 000 espèces d'abeilles et de plus de 250 000 espèces de fleurs.
Merci encore pour vos infos, grâce à vous j'apprends énormément de choses.
Cordialement
Patrick
"Pour écouter les humains, pour écouter les insectes, nous ne mettons pas les mêmes oreilles" - Ando Wafû