[Hymenoptera] Nid dans la terre

[Cybernadette]

Bonjour,

Que se passe-t-il pour les nids d'abeilles solitaires quand il pleut ? Dans mon jardin il y en a quelques-uns et je me pose souvent cette question.

Si je désherbe ou que je fais de nouvelles plantations, j'y pense aussi. Et quand je marche tout simplement, ou que je mets le pied quelque part pour prendre une photo, et qu'il y a un nid à cet endroit-là, c'est pareil.

Comment font-elles pour résister à toutes ces catastrophes ?


Bernadette

[Gilles Jardinier]

Salut Bernadette, bon week-end pluvieux

dans mon jardin partagé, très fréquenté, les Andrènes et bourdonnes qui sont futées se sont mises sous les touffes de vivaces, au moins on ne va pas les déranger tous les jours.
Il faut d'ailleurs vraiment regarder et les saisir au vol à leur arrivée, chargées de pollen, pour voir leurs trous.
Ce doit être plus compliqué pour les Halictes, qui s'installent en plein soleil, sur la terre dénudée. Heureusement, il y a les massifs de bordures, avec un épais paillis de BRF.
Dans un autre jardin encore peu fréquenté du 13eme, elles (et de petites Andrènes brunes) nichent carrément sous le gravier des allées. Bonjour le piétinnement, avec l'arrivée des beaux jours et des jardiniers.
gilles

[Patrick_B]

Je ne sais pas trop pour les abeilles, mais pour ceux des Sphégiens qui s'installent en terrain très découvert, le piétinement, voire un peu de roulement semble leur être plus favorable que nuisible, en tenant le sol nu. Pour certains, les chemins sans herbes sont des places privilégiées. Ils retrouvent parfaitement leur trou (Certains le bouchent volontairement et le camoufle entre chaque passage). L'engazonnement artificiel est pour eux une catastrophe qui détruit tout immédiatement; le retour d'une végétation trop haute et trop couvrante leur est nuisible aussi.
Sur une pelouse naturelle, les lapins et les taupes se chargent de maintenir toujours quelques points de terre nue, mais les sentiers et chemins sont des espaces complémentaires qu'ils apprécient fort. Très apprécié aussi: Les trous et les mottes laissés par les arbres déracinés si on veut bien les laisser en place.
Certains Sphégiens s'accommodent de l'espace entre les pavés des villes.

Si tu examines bien, tu verras que les trous ne sont pas dans les creux où stagne l'eau de pluie. La plupart des nids ne subissent donc pas de graves dégâts en cas de précipitations.

[pierred]

Bonsoir,

Que se passe-t-il pour les nids d'abeilles solitaires quand il pleut ?

Bonne question.
En lisant le manuel de Westrich (une bible passionnante pour ceux qui lisent l'allemand), l'une des caractéristiques des nids des abeilles solitaires (pas de toutes) est la présence d'une revêtement obtenu par secrétion dans les embranchements menant aux cellules de nidification. Ce revêtement est destiné à protéger la progéniture contre les infiltrations d'eau. Je ne pense pas que cela protège d'une véritable inondation, mais...

[Cybernadette]

Merci pour ces réponses consistantes, plaisantes et instructives !

Effectivement, la principale caractéristique du sol, chez moi, est d'être bien drainé, la terre est farcie de galets du Rhône.
Il y a bien quelques endroits plus humides, mais pas de trous à ces endroits-là.
En revanche, dans un passage en terre battue où rien ne pousse, je vois régulièrement des entrées de nids malgré le piétinement fréquent. C'est vrai que la zone est légèrement bombée à cause des racines, c'est au pied d'un érable.
L'équivalent des pavés : des mottes de terreau alignées dans un bac que j'ai posé sur la terrasse pour faire germer des graines. Eh bien là, depuis plusieurs jours, ce qui pourrait bien être un sphégien rôde et explore sans cesse les interstices.

Le revêtement obtenu par sécrétion, ça c'est un scoop, il fallait le dénicher et l'extraire de son allemand dans le texte !

Les Andrènes sous les touffes de vivaces, le retour au nid avec le chargement de pollen, je crois bien que c'est en plein dans le mille :

[Suite ICI pour les photos.]

Bernadette

[Gilles Jardinier]

Bonjour Bernadette
Belles observations

quelle est la couleur des scopae ?
je les vois beige-rosé, pas blanc ?
gilles

[Cybernadette]

Bonjour,

C'est toujours moi, trois ans plus tard...
À me poser encore les mêmes questions... après les pluies torrentielles de dimanche (ici : 70 mm en douze heures) !

Que font les bourdons, les fourmis, les abeilles solitaires pour éviter la noyade ? Que deviennent tous ces nids, les œufs, les larves dans la terre complètement détrempée ? Est-ce qu'on a une idée de la mortalité que cela entraîne chez les insectes, ou pas, s'ils réussissent à échapper à ce genre de catastrophe ?
 
 
  Bernadette

[Rapha1]

si les galleries sont réalisées dans du sable, comme il est drainant, l'eau ne devait pas rester longtemps
Si c'est sur un terrain très en pente, au pied d'un arbre, sous une pierre, c'est relativement plus sec qu'ailleurs
Si ce sont des Colletes, le pollen est placé dans de petites pochettes étanches

Si c'est dans une terre argileuse et que les larves ont déjà fait leur cocon, je suppose que ça doit les protéger de l'humidité

Par contre, pour les chambres remplies de pollen, sont t'elles toujours bien étanches ?

[Phil]

On peut lire cela sur les effets des inondations de rivière:
Devasting effects of river flooding to the ground-nesting bee,Andrena vaga

[JeanSeb2]

Andrena vaga trempée…
Ceci est la 6ème photo d’une «sortie naturelle » d’une Andrena vaga de son terrier, après un terrible orage dans la nuit précédente au 4/4/2012. Lors des prises à 15h12 et 15h13, je voyais le sable se soulever par endroits et des abeilles s’extraire péniblement du sable comme celle-ci. Elle paraissait encore toute mouillée, et se retournait vers son terrier qui s’était éboulé derrière elle…

Les Colletes ou certaines A. vaga, au-dessus, dans les parois verticales, paraissaient avoir plus de chance. Et de même, cela bougeait avec le retour du soleil ; des opercules tombaient, et des yeux apparaissaient dans la paroi…
[Photos disparues]