Bonsoir à tous,
Comme il n'y a pas grand'chose à chasser en plein hiver, si ce n'est au piochon, je me pose la question de savoir s'il existe ou non un tableau des Carabus qui permette de savoir, pour une espèce donnée, s'il est utile ou au contraire ridiculisant d'aller piochonner les souches ou arbres pourrissant au sol; car certaines espèces font leur diapause carrément enfouis dans la terre, quelquefois très profondément, et tout le monde ne possède pas une tractopelle pour s'attaquer à ce genre de capture au demeurant plus qu'aléatoire
Je prends un exemple, Carabus arvensis.
C'est une espèce donnée comme surtout montagnarde, et donc donnée comme ayant tendance à s'enfouir profondément.
Néanmoins il est également présent dans quelques forêts de plaine, et dans ce cas je ne sais pas trop quelle stratégie de diapause il y choisit.
Pour le tableau général des diapauses Carabusiennes, je n'y crois pas trop; s'il existait, il me semble que cela se saurait.
Pour arvensis, la réponse m'intéresserait, je suis persuadé que certains des Carabologues distingués de ce Forum la détiennent
Merci d'avance, si vous voulez bien me livrer cette information.
Prendre son courage à deux mains, c'est toujours plus facile, lorsqu'on est ambidextre.
Pour arvensis, bien présent, du moins en Normandie et dans la Nièvre, dans la terre des chablis et les souches.
Concernant les carabes de montagne, ils n'ont je pense aucune raison de s'enterrer plus profondément qu'en plaine car ils sont protégés par la couche de neige qui isole bien du froid.
A ma connaissance, les 2 carabes qui peuvent être forestiers et qu'on ne trouve pas ou très peu en chasse au piochon classique, c'est auratus et monilis. A tel point qu'à l'époque ou les entomologistes chassait surtout l'hiver, ces 2 espèces étaient considérées comme non forestières ou presque. L'utilisation des pièges Barber à changé ce point de vue.
Bonjour,
Je pense qu'il faut ajouter auronitens à la liste. Je l'ai souvent trouvé —en hiver, mi-décembre — en Montagne Noire, dont une fois, un qui s'était laissé prendre dans la glace, en bordure de chemin. Une autre fois, toujours en Montagne Noire, dans un tronc de sapin couché depuis sans doute pas mal de temps où ils remplissaient, bien vivants, une "poche" dans le tronc. A bientôt ?
En hiver, on peut trouver en talus, assez facilement quand les espèces sont présentes : auronitens, punctatoauratus, nemoralis, splendens, rutilans, granulatus, arvensis, hispanus, intricatus...
Beaucoup moins communs, pour moi, cancellatus, monilis, auratus, coriaceus...
Et pour les machins alpins, je ne sais pas du tout...
Après un petit tour dans mes notes, voici ce que j'ai trouvé. Problematicus : talus, souches en décomposition, mottes de terre des chablis, troncs abattus, dans le terreau de décomposition sous la mousse, chandelles, sous l'écorce, dans le bois carié, parfois assez haut (1 m du sol), sous la mousse au pied des vieux chênes (forêt de Mervent-Vouvant), ancienne citerne, en loge sous un tuileau (monts du Vaucluse). Auronitens : souches, troncs couchés, sous la mousse, dans le bois décomposé, souvent en nombre (Montagne Noire), mottes de terre des chablis, talus, chandelles, dans le bois décomposé, parfois en nombre (Monts de Lacaune). Granulatus : troncs abattus, dans le bois humide et carié, souvent en nombre (Loire-Atlantique, Vendée), chandelles, dans le terreau de décomposition sous l'écorce, talus. Intricatus : mottes de terre des chablis, chandelles, sous l'écorce, parfois assez haut (1,5 m du sol), bûches au sol, sous l'écorce moussue . Splendens : troncs couchés, sous la mousse, dans le bois décomposé, chablis, dans la motte de terre, souches cariées, talus. Rutilans : troncs couchés, dans le bois décomposé, talus, fentes rocheuses comblées de terreau, sous la mousse, chablis, dans la motte de terre. Nemoralis : talus, troncs couchés, dans le bois décomposé, chablis, dans la motte de terre, souches décomposées, sous la mousse au pied des vieux chênes (forêt de Mervent-Vouvant). Violaceus purpurascens : tout bois abattu d'un diamètre suffisant, sous la mousse, talus. Cancellatus : souches en décomposition. Hispanus : talus, chandelles, sous l'écorce moussue, souches, dans le bois décomposé, parfois en loge sous une pierre (Aveyron). Arvensis : troncs abattus, même de faible diamètre, dans le bois carié sous la mousse, parfois en nombre (Eure-et-Loir), souches cariées (Orne). Clathratus : levées de terre de curage le long des roubines (Camargue).
En revanche, je n'ai jamais trouvé en loge auratus, monilis et coriaceus.
Les gites de diapause hivernale varient selon les régions. Auronitens, par exemple, préfèrera les épicéas dans telle région (Montagne Noire), les pins dans telle autre (Pyrénées ariégeoises), et les feuillus ailleurs (Montagne bourbonnaise). Hispanus dans le sud du Massif Central semble avoir une prédilection pour les châtaigniers, granulatus en Loire-Atlantique pour les saules marsaults et les peupliers.
L'exposition du substrat est également un critère important. Cela s'apprend avec l'expérience. Disons qu'il est inutile de prospecter les talus et les troncs exposés au sud (trop secs) et à l'ouest (trop humides).
En règle générale, le substrat doit être humide mais non détrempé, recouvert d'un épais tapis de mousse. La terre doit être légère, le bois suffisamment tendre et décomposé pour que l'insecte puisse y creuser sa loge facilement. Il ne doit pas non plus être colonisé par le mycélium des champignons ou les racines des plantes.
Si toutes les conditions sont remplies, un seul coup de piochon peut faire tomber une série d'exemplaires car les Carabus ont tendance à se regrouper dans les substrats favorables, faisant parfois loge commune, y compris entre espèces différentes.
Hé bien, le voilà constitué, le tableau désiré. Superbe travail, je suis sûr que cela servira à plus d'un ! et que toute notre communauté peut te dire un grand merci. Sauf que... les espaces Natura 2000 ou ZNIEFF se sont multipliés dans des proportions effroyables ces dernières années, et qu'il va falloir regarder de très près quels petits Bois n'ont pas été englobés dans ces vastes surfaces de protection si l'on veut pouvoir continuer à chasser sans tomber dans l'illégalité. Voire demander des autorisations à des propriétaires privés.
Prendre son courage à deux mains, c'est toujours plus facile, lorsqu'on est ambidextre.
À ma connaissance, les ZNIEFF délimitent des territoires remarquables pour leur biodiversité et ne créent pas de mesure de protection réglementaire (il s'agit d'un inventaire scientifique). Les sites Natura 2000 comprennent les zones de protection spéciale (ZPS) qui visent à protéger les espèces d'oiseaux et leur lieux de nidification (directive Oiseaux de 1979), et les zones spéciales de conservation (ZSC) qui, elles, visent à protéger les habitats naturels rares, fragiles ou importants du point de vue écologique (directive Habitat de 1992). Cela concerne essentiellement les activités agro-pastorales et les projets d'exploitation ou d'aménagement, qui ne sont pas interdits, mais dont les incidences doivent être évaluées. Dans ce cadre, certaines activités potentiellement néfastes peuvent être limitées, voire prohibées (usage des pesticides, par exemple). Mais la chasse, la pêche, la cueillette ou la collecte des insectes ne sont pas proscrites en tant que telles.
Donc, on peut toujours y prospecter, en respectant les réglementations nationales et locales (espèces protégées, réserves naturelles, propriétés privées, etc.).
