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{Divers} Phylogénie des araignées

Animateurs : CedricMondy, MarcoBreizh

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Pierre55
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Phylogénie des araignées

Message par Pierre55 »

A mon avis, cet article devrait vous intéresser !
Faudra cependant attendre qu'il soit disponible...
Pierre
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vincesap
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Phylogénie des araignées

Message par vincesap »

Ah oui, ça promet des choses intéressantes. Je m'en suis trouvé plusieurs qui peuvent s'avérer utiles à un moment ou à un autre du projet, et dont le texte complet était disponible en pdf en libre accès. Je ferai d'ailleurs dès demain une liste des documents que j'ai à ma disposition, ce qui laissera plus facilement l'opportunité à d'autres d'en ajouter qui manqueraient. Quoi qu'il en soit, merci beaucoup Pierre, je me garde la référence dans un coin.
Vincent Valli dit Vince, collectionneur de taxons
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vincesap
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Phylogénie des araignées

Message par vincesap »

vincesap a écrit : mercredi 20 septembre 2017, 19:55 Je ferai d'ailleurs dès demain une liste des documents que j'ai à ma disposition, ce qui laissera plus facilement l'opportunité à d'autres d'en ajouter qui manqueraient.
Voilà, j'ai reporté dans le premier message du sujet les documents que j'ai déjà en ma disposition. Je n'ai mentionné pour le moment que les articles traitant du classement supérieur des araignées, sans aller pour le moment dans le détail des familles. Je vais bien entendu compléter cette bibliographie petit à petit, et compte également ajouter une catégorie "Bibliographie manquante" où figureront les articles potentiellement intéressants mais dont je n'ai pu me procurer que l'abstract. En attendant, si vous voyez des références accessibles qui ne sont pas dans cette liste (il y en a des tas sans aucun doute !), n'hésitez pas à m'en faire part.

Concernant le classement de ces articles, ne soyez pas surpris, j'ai privilégié la date de parution plutôt que l'ordre alphabétique des auteurs. Ce n'est pas habituel, je le sais bien. Mais en phylogénie, les plus vieux articles ont toutes les chances d'être déjà dépassés, je suis bien obligé de mettre l'accent principalement sur les références les plus récentes. A condition bien entendu qu'elles soient disponibles en libre accès, ce qui est une autre paire de manches...
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Naunau
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Phylogénie des araignées

Message par Naunau »

Pierre55 a écrit : mercredi 20 septembre 2017, 18:54 A mon avis, cet article devrait vous intéresser !
Faudra cependant attendre qu'il soit disponible...
Pour ceux qui veulent, je l'ai et veux bien le partager en mp !
Naunau,
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vincesap
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Phylogénie des araignées

Message par vincesap »

Je pense que j'ai à peu près rassemblé la biblio dont j'avais besoin pour commencer. Je vais pouvoir commencer à lire tout ça pour voir ce qu'il en ressort de certain, très probable, plausible ou parfaitement incertain. J'annoterai mes commentaires en éditant ce message, pour ne pas continuellement remonter ce sujet. Ca ne vous empêche bien entendu pas de continuer à commenter :D .

Donc, voici les ensembles qui semblent se dégager petit à petit (en construction, évidemment, je suis très loin d'avoir tout lu...) :

1. Sous-Ordre des Mesothelae - Famille des Liphistiidae : famille et sous-ordre bien monophylétiques, à la base de toute la radiation des araignées. Se distinguent anatomiquement par une segmentation externe visible, y compris des segments abdominaux n°12 à 18 encore présents, ce qui prolonge l'abdomen au delà des filières, qui se retrouvent donc en position ventrale, à mi-longueur du corps, d'où le nom donné au sous-Ordre. Ont aussi la double condition ancestrale des 4 poumons et des chélicères orthognathes.

2. Sous-Ordre des Opisthothelae : groupe bien monophylétique, supporté par la disparition (progressive) de la segmentation visible extérieurement, mais aussi par la disparition des segments 12 à 18 de l'abdomen, les filières se retrouvant donc à l'extrémité caudale de l'abdomen (opistho-thèle).

2.1. Infra-Ordre des Mygalomorphae : groupe bien monophylétique. 4 poumons, orthognathes, mais réduction des filières par rapport aux autres araignées, avec les antérieures médianes toujours absentes, et les antérieures latérales presque toujours absentes => la grande majorité des mygales n'ont que les 4 filières postérieures.

2.1.1. Super-famille des Atypoidea : groupe bien monophylétique, à la base de toutes les autres mygales. Vestiges de segmentation au niveau des tergites abdominaux dorsaux. Contient à coup sûr les deux familles des Atypidae et des Antrodiaetidae. Position des Mecicobothriidae moins certaine : incluse dans les Antrodiaetidae d'après Wheeler et al. (2016), en position basale des Avicularioidea d'après la synthèse de Coddington (2005).

2.1.2. Super-famille des Avicularioidea : groupe bien monophylétique, perte totale de la segmentation abdominale. Relations entre les familles mal définies.

2.1.2.1. Famille des Dipluridae : polyphylétique d'après Wheeler et al (2016), avec séparation des genres Australothele et Cethegus d'un côté, puis du genre Allothele [26 genres en tout d'après WSC 10.2017]. Par contre, position basale de la "famille" par bien établie.

2.1.2.2. Famille des Hexathelidae : clairement diphylétique. Le cœur de la famille (genres Mediothele, Scotinoecus, Bymainiella et Paraembolides chez Wheeler et al, 2016) est bien monophylétique, lui aussi à la base des Avicularioidea, a priori après la séparation des Dipluridae.

2.1.2.3. Clade des Crassitarsae : groupe bien monophylétique, mais relations internes mal définies.

2.1.2.3.1. Familles des Nemesiidae et des Microstigmatidae : liées l'une à l'autre, avec la possibilité que la seconde soit incluse dans la première (Wheeler et al, 2016)

2.1.2.3.2. Famille des Cyrtaucheniidae : polyphylétique, avec un cœur bien reconnu chez Wheeler et al 2016 (Ancylotrypa, Homostola), mais Fufius au milieu des Nemesiidae, relation bien supportée.

2.1.2.3.3. Clade des Theraphosodina - Familles des Barychelidae, Theraphosidae : toutes les deux monophylétiques, et relation de l'une avec l'autre bien établie. Par contre, la superfamille des Theraphosoidea n'est pas retrouvée par Wheeler et al 2016, les Paratropididae se retrouvant à l'écart (résultat à confirmer)

2.1.2.3.4. Clade des Rastelloidina - Familles des Actinopodidae, Migidae, Ctenizidae, Idiopidae : clade globalement retrouvé, mais inclusion possible des Paratropididae (autrement associés aux Theraphosidae), et d'un groupe d'Hexathelidae formé par les genres Hadronyche et Atrax chez Wheeler et al 2016, qui se retrouvent parfois dans étude inclus dans la famille des Actinopodidae (dans d'autres de leurs analyses, ces deux groupes sont chacun monophylétiques). Association de ces deux familles déjà retrouvée par Bond et al (2012) et Opatova & Arnedo (2014).

2.1.2.3.5. "Famille" des Ctenizidae : famille clairement diphylétique dans l'analyse de Wheeler et al (2016), avec une partie A (genres Conothele, Ummidia) incluse dans les Rastelloidina, et une partie B (genres Stasimopus, Bothriocyrtum, Hebestatis, Cyclocosmia), plus basale dans les Avicularioidea. Par contre, famille monophylétique d'après Bond et al. (2012). A reprendre...

2.1.2.3.6. Famille des Euctenizidae : bien monophylétique.

2.2. Infra-Ordre des Araneomorphae : groupe bien monophylétique. Filières médianes antérieures jamais reconnaissables en tant que telles, modifiées en cribellum, même si celui-ci peut se trouver secondairement réduit à un colulus non fonctionnel, voir être totalement absent. De plus, ce groupe a "inventé" un type particulier de glandes séricigènes, piriformes, qui synthétisent une sorte de glue, ce qui a permis une différenciation particulièrement efficace du groupe.

2.2.1. Araneomorphae inférieurs : dénomination maison, je n'ai pas trouvé de nom global officiel pour ce clade, mais les autres aranéomorphes sont collectivement régulièrement appelés les araignées supérieures. Ce groupe est relativement solide d'après Wheeler et al (2016). A confirmer avec d'autres études.

2.2.1.1. Familles des Hypochilidae et des Filistatidae : forment une paire bien reconnue par les dernières analyses (Bond et al 2014, Garrison et al 2016, Wheeler et al 2016). Réfute largement les anciennes démarcations des Paleo- et Neocribellatae, des Araneoclada et des Haplogynae. Oblige à réinterpréter différentes convergences anatomiques, notamment circulatoires et respiratoires (Huckstorf et al 2015).

2.2.1.2. Clade des Synspermiata : ce groupe contient tous les haplogynes (au sens anatomique du terme, et pas taxonomique) ecribellates. Groupe nommé d'après Michalik & Ramirez (2014) car fusion de tous les canaux spermatiques en un synsperme unique. Relations internes plus ou moins bien définies.

2.2.1.2.1. Super-famille des Dysderoidea - Familles des Segestriidae, Dysderidae, Orsolobidae, Oonopidae : super-famille solide, et les 4 familles sont bien monophylétiques. Segestriidae sœur des trois autres, mais relation entre les 3 familles restantes variable. Possible association des Orsolabidae et des Dysderidae, vue par Wheeler et al (2016), qui collerait bien avec la fusion partielle des canaux spermatiques chez ces deux familles.

2.2.1.2.2. Familles des Trogloraptoridae et des Caponiidae : associées l'une à l'autre dans l'étude de Wheeler et al 2016, comme couple frère de la superfamille des Dysderoidea. Plausible d'un point de vue morphologique (Griswold et al 2012), même si cela implique une homoplasie du système respiratoire postérieur des Caponiidae, remarquablement similaire à celui des Dysderoidea (Ramirez 2000).

2.2.1.2.3. Super-famille des Scytodoidea - Familles des Sicariidae, Drymusidae, Periegopidae, Scytodidae, +/- Ochyroceratidae : les 4 premières familles forment un ensemble monophylétique bien défini, avec à sa base les Sicariidae (autres relations moins évidentes). Possible intégration à cette superfamille des Ochyroceratidae (proposée par Wheeler et al 2016), déjà suggérée par Lehtinen (1986), en accord avec la présence de progriffes bipectinées et d'un capuchon dorsal distal couvrant la base des griffes chez certains membres de la famille, ce qui est reconnue comme une synapomorphie de la superfamille (Labarque & Ramirez 2012).

2.2.1.2.4. Le Lost-Tracheae-clade - Familles des Tetrablemmidae, Pacullidae, Diguetidae, Plectreuridae, Pholcidae : groupe bien monophylétique, de même que le sont les familles qui le constituent. caractérisé par la perte du système respiratoire postérieur (Ramirez 2000). Les 3 dernières familles de ce titre sont sensées composer la superfamille des Pholcoidea, mais monophylie réfutée par Wheeler et al 2016, qui place les Pholcidae comme famille sœur des 4 autres. Relations à déterminer.

2.2.2. Superfamille des Austrochiloidea - Familles des Austrochilidae/Hickmaniinae, Gradungulidae +/- Leptonetidae/Archoleptonetinae : les deux premières familles sont régulièrement associées l'une à l'autre et placées à la base des araignées supérieures du fait du caractère tétrapulmoné primitif, même si dans la synthèse de Coddington 2005, le couple est placé avant les haplogynes (à la base du clade Araneoclada). Par contre, s'ajoute à cette paire le genre Archoleptoneta (Leptonetidae) dans Wheeler et al 2016, avec un support important dans leur étude, qui rend d'ailleurs cette famille triphylétique. Ce genre est cribellate (caractère "supérieur" pour les haplogynes). Voir aussi Agnarrson et al 2013 et Garrison et al 2016. A noter enfin que comme la sous-famille nominale (Austrochiliinae) de la famille nominale (Austrochiliidae) de la superfamille (Austrochiloidea) n'appartient pas à ce groupe, le nom de la superfamille ne suis plus les règles de la nomenclature.

2.2.3. Le CY-Spigot-clade : ce groupe correspond à ce que les auteurs appellent généralement les araignées supérieures, caractérisées par des glandes séricigènes cylindriques (le CY du nom du clade), présentes uniquement chez les femelles de ce groupe. A noter que les Austrochilidae et les Leptonetidae, qui n'ont pas ces glandes particulières, et placés en position intermédiaire entre les aranéomorphes inférieurs et les araignées supérieures, ont aussi des glandes séricigènes présentant un dimorphisme sexuel.

2.2.3.1. Familles partielles des Austrochilidae/Austrochilinae et des Leptonetidae/Leptonetinae : ces deux familles sont diphylétiques dans l'analyse de Wheeler et al 2016. L'échantillonnage ne permet pas de tirer de conclusion globale de ces résultats, mais il me semble intéressant de signaler que dans les deux lignées, une sous-famille de Leptonetidae est associée à une sous-famille d'Austrochilidae. Ici, association de ces deux sous-familles supportée par des caractères communs de leurs articulations patello-tibiales.

2.2.3.2. "Superfamille" des Palpimanoidea - Familles des Archaeidae, Huttoniidae, Mecysmaucheniidae, Palpimanidae, Stenochilidae : relations encore indéterminées. Chaque famille prise individuellement est monophylétique, association récurrente des Huttoniidae aux Palpimanidae, mais rien de dessiné à coup sûr : superfamille monophylétique chez Wood et al 2012-2013, au moins diphylétique chez Wheeler et al 2016, et nettement paraphylétique dans le consensus de Coddington 2005.

2.2.3.3. Clade des Entelegynae : groupe bien monophylétique, même si ses limites ne sont pas toujours les mêmes d'un auteur à l'autre (notamment, peut inclure les Palpimanoidea). Synapomorphie des voies génitales femelles complexes, qui distinguent la fonction de conduction du sperme et celle de la fécondation. A noter que cette "entélégynie" est secondairement perdue chez les Tetragnathinae, certaines Uloboridae et dans le genre Comorana (Anapidae).

2.2.3.3.1. Superfamilles des Nicodamoidea et des Araneoidea : ce clade particulier n'a pas encore de nom, la phylogénie de tout ce groupe a été récemment bouleversée, par l'abandon notamment de la notion d'Orbiculariae, qui pensait regrouper dans un ensemble monophylétique tous les constructeurs d'orbitèles, une condition considérée jusqu'alors comme évoluée. Mais on se rend compte aujourd'hui que la condition d'orbitèle est arrivée assez tôt dans l'évolution des araignées supérieures, avec de nombreuses acquisitions et pertes secondaires.

2.2.3.3.1.1. Superfamille des Nicodamoidea - Familles des Megadictynidae et des Nicodamidae : groupe bien monophylétique, de même que le sont les deux familles qui le composent.

2.2.3.3.1.2. Superfamilles des Araneoidea : ce groupe a tellement été remanié qu'il faut que je le reprenne en détail pour être certain de ne pas dire de bêtise. Je me contenterai donc de dire ici qu'il contient les familles des Anapidae (incluant les Micropholcommatinae), Araneidae (incluant les Nephilinae), Arkyidae, Cyatholipidae, Linyphiidae, Malkaridae, Mimetidae, Mysmenidae, Nesticidae, Physoglenidae, Pimoidae, Symphytognathidae, Synaphridae, Synotaxidae, Tetragnathidae, Theridiidae, Theridiosomatidae. cf Wheeler et al 2016, Dimitrov et al 2017.

2.2.3.3.2. Familles basales des Eresidae, Deinopidae, Hersiliidae, Oecobiidae, Uloboridae : chaque famille prise isolément est monophylétique (position du genre Uroctea, Oecobiidae, plus suspecte). Les relations entre ces familles sont variables, mais leur position intermédiaire entre les Nicodamoidea/Araneoidea d'un côté, et les autres Entelegynae de l'autre, semblent établie. Dans les superfamilles classiquement proposées, seule l'association des Hersiliidae et des Oecobiidae au sein des Oecobioidea semble stable, supportée par les analyses moléculaires, et par des filières postérieures latérales allongées, qui déroule sa soie alors que l'araignée tourne très vite en cercle autour de sa proie. Ces familles prises ensemble ne forment très probablement pas un clade, mais plus certainement une polytomie entre les deux groupes qu'elles séparent.

2.2.3.3.3. "Superfamille" des Titanoecoidea - Familles des Titanoecidae, Phyxelididae : ces deux familles, monophylétiques, sont clairement rapprochées l'une de l'autre, mais je n'ai pas réussi pour le moment à déterminer si elles formaient une superfamille valide (comme proposé par Griswold et al 1999, 2005), ou si elles se succèdent, dans cet ordre, entre les araignées déjà discutées et le RTA-clade, comme le suggère Wheeler et al 2016. Ces deux familles sont unies par leur apophyse tibiale dorsale (DTA) du palpe mâle, que possèdent aussi les Nicodamoidea et certains Linyphiidae.

2.2.3.3.4. Le RTA-clade : toutes les araignées restantes (une quarantaine de familles suivant comment elles sont/seront délimitées) forme un groupe reconnu, caractérisé par la présence d'une apophyse tibiale rétrolatérale (RTA) du palpe mâle, ainsi que par la présence d'au moins une trichobothrie sur les tarses et les métatarses, ce qui représente une avancée respectivement pour la stabilisation de l'accouplement et la sensibilité aux vibrations.

2.2.3.3.4.1. Superfamille des Zodarioidea - Familles des Homalonychidae, Penestomidae, Zodariidae : un certain nombre de critères anatomiques unissent ces familles, notamment une synapomorphie des filières qui ont des glandes séricigènes ampullacées placées profondément au sein du champ séricigène piriforme. Les familles sont monophylétiques. Certaines analyses de Wheeler et al 2016 placent les Homalonychidae à l'écart des deux autres, à la base de l'Oval-Calamistrum-clade (voir plus loin) ; les auteurs précisent que c'est probablement artéfactuel.

2.2.3.3.4.2. Le Marronoid-clade : le nom donné à ce clade vient tout simplement du fait qu'il est composé d'un ensemble de familles ne présentant pas d'éléments communs frappants, si ce n'est des couleurs générales globalement ternes, souvent marron. Leurs génitalias sont distinctifs, avec une RTA élaborée et plusieurs sclérites bulbaires. Toutes ont 3 griffes, et la plupart de ces familles hébergent aussi bien des araignées cribellates que des ecribellates. La monophylie de ce clade, récent, n'est que plausible à ce stade, d'autres études seront nécessaires pour en préciser la validité. Par contre, la majorité des familles qui composent ce clade ont besoin d'être redéfinies !

2.2.3.3.4.2.1. "Famille" des Amaurobiidae : clairement diphylétique dans l'analyse de Wheeler et al 2016, avec une sous-famille des Amaurobiinae (genres Pimus, Callobius, Amaurobius dans leur étude) clairement séparée des Macrobuninae (genres Chresiona, Anisacate, Livius, Rubrius, Zanomys, Naevius, Callevopsis dans leur étude). Paracoelotes tombe chez les Agelenidae, Pakeha et Paravoca chez les Cycloctenidae, Midgee chez les Toxopidae. Ces deux sous-familles sont bien monophylétiques, à condition d'intégrer le genre Chumma (Chummidae) aux Macrobuninae, comme déjà constaté par Miller et al 2010, ainsi que Tasmarubrius (Amphinectidae) et Malanella (Anyphaenidae). Ce dernier résultat est particulièrement inattendu par les auteurs, le genre ayant bien des caractéristiques morphologiques le rapprochant des Anyphaenidae, mais les indices statistiques sont étonnamment forts et reproductibles dans leur étude. A confirmer, donc.

2.2.3.3.4.2.2. Famille des Agelenidae : famille bien monophylétique, à condition d'en sortir les genres Orepukia (Cycloctenidae) et Neoramia (Stiphidiidae), d'après Wheeler et al 2016. Famille principalement ecribellate : il est intéressant de constater que dans cette étude, le seul genre cribellate (Tamgrinia) est frère de tous les autres.

2.2.3.3.4.2.3. "Famille" des Dictynidae : toutes les dernières études récentes qui s'y sont penché (Spagna & Gillespie 2008, Spagna et al 2010, Miller et al 2016, Wheeler et al 2016) s'accordent sur une nette polyphylie des Dictynidae. Le but n'est pas ici de relever tous les genres problématiques, encore moins d'appliquer des changements taxonomiques avant qu'ils n'aient été officiellement proposés, mais il faut s'attendre à ce que cette famille soit profondément remaniée un de ces jours.

2.2.3.3.4.2.4. Familles (?) des Toxopidae : rescussitée par Wheeler et al 2016 pour englober des petites araignées avec des rangées oculaire typiquement fortement incurvées, originaires d'Australie et de Nouvelle-Zélande. Pas encore reconnue par le WSC 10/2017, mais bien supportée par l'étude.

2.2.3.3.4.2.5. "Familles" des Cybaeidae et des Hahniidae : pareil plusieurs changements possibles, notamment des genres qui passent de l'une à l'autre famille. Ces deux familles peuvent d'ailleurs être sœurs l'une de l'autre, seule relation à peu près plausible qui peut être retenue entre les 6 premières familles de ce marronoid-clade.

2.2.3.3.4.2.6. Groupe des cribellates austraux, ou Fused Paracribellar clade : les familles restantes du marronoid-clade forme une entité plusieurs fois retrouvée dernièrement (Griswold et al, Spagna & Gillespie 2008, Wheeler et al 2016), partageant un arrangement particulier des glandes séricigènes paracribellaires au sein des filières postérieures médiales, et exclusivement présente dans l'hémisphère Sud, à quelques rares espèces invasives près.

2.2.3.3.4.2.6.1. Famille des Cycloctenidae : monophylétique. Pourrait s'allier à certains Amaurobiidae et Agelenidae (Wheeler et al 2016) pour former une famille australo-néozélandaise.

2.2.3.3.4.2.6.2. Famille des Stiphidiidae : au moins polyphylétique, et très certainement paraphylétique même si on exclut les genres aberrants.

2.2.3.3.4.2.6.3. Famille des Desidae : globalement monophylétique

2.2.3.3.4.3. Famille des Sparassidae : bien monophylétique, supportée par les analyses moléculaires et nombreuses synapomorphies, notamment l'extrémité dorsale trilobée charnue du métatarse. En revanche, rapport avec les autres familles non déterminé : parfois rapproché des Amaurobiidae (Amaurobiinae), des Dionycha, ou à la base du groupe formé par l'Oval Calamistrum clade et les Dionycha.

2.2.3.3.4.3. Famille des Homalonychidae : les 3 espèces du genre Homalonychus, seul genre de la famille, forment clairement un ensemble indépendant, justifiant leur inclusion dans une famille dédiée. De même que pour les Sparassidae, position indéterminée (base de l'OC-clade + Dionycha ?)

2.2.3.3.4.4. L'Oval Calamistrum clade et les Dionycha : les analyses moléculaires, morphologiques et totales s'accordent désormais à associer les Dionycha, groupe monophylétique reconnu de longue date, avec un groupe proposé en 1993 par Griswold, et caractérisé par son calamistrum doté de plusieurs rangées de soies formant typiquement un patch ovale ainsi que par une "male tibial crack", un élément particulier à la base de l'articulation des tibias du mâle (dont je n'ai pas bien compris la nature...). Ces araignées ont en commun d'avoir un grand nombre de trichobothries tarsales et métatarsales, exacerbant d'autant leur sensibilité aux vibrations ; beaucoup ont des scopulae étendues au moins sur les antérieures, et des coussins aux griffes pour l'adhérence. Enfin, plusieurs groupes ont des spécialisations remarquables de leurs yeux, pour la chasse à vue de proies mobiles.

2.2.3.3.4.4.1. L'Oval Calamistrum clade : monophylie parfaitement acceptée.

2.2.3.3.4.4.1.1. Les familles des Udubidae et Zoropsidae : familles a priori monophylétiques (parfois résultats douteux chez Wheeler et al 2016, avec des Udubidae monophylétiques inclus dans les Zoropsidae), et de toute façon placées à la base de l'OC-clade. Par contre, relations entre elles pas établies.

2.2.3.3.4.4.1.2. Famille des Ctenidae : famille tropicale qui a toujours été difficile à définir. Polotow et al 2015 en ont fait une certaine révision, mais d'autres genres posent encore problème. Un cœur de Ctenidae (genres Ctenus, Anahita, Phoneutria d'après Wheeler et al 2016) semble solide.

2.2.3.3.4.4.1.3. Familles des Lycosidae, Pisauridae, Trechaleidae : pas grand chose à en dire, monophylie largement acceptée, de même que l'association de ces trois familles (y compris avant le concept d'OC-clade), avec une relation [Pisauridae[Lycosidae,Trechaleidae]] qui semble bien établie.

2.2.3.3.4.4.1.4. Familles des Oxyopidae et Senoculidae : semblent nettement associées, mais on ne sait pas comment... Notamment, possible inclusion de la seconde au sein de la première.

2.2.3.3.4.4.1.5. Familles des Psechridae : monophylie encore à débattre, loin d'être acquise. Rapports avec les autres familles incertain.

2.2.3.3.4.4.1.6. Familles des Thomisidae : monophylie parfaitement acquise, même si le genre Borboropactus, possiblement frère de tous les autres, en diminue l'indice de confiance (Benjamin et al 2008, Wheeler et al 2016). Ceci s'accorde avec Wunderlich 2004 (non lu) qui a établit pour ce genre la famille des Borboropactidae à partir de fossiles de l'ambre baltique.

2.2.3.3.4.4.1. Les Dionycha : groupe globalement bien reconnu, clairement séparé en 3 sous-groupes.

2.2.3.3.4.4.1.1. Famille des Prodidomidae : cœur de la famille bien monophylétique, formé par les sous-familles des Theuminae et des Prodidominae. Ce cœur se place très probablement comme frère de toutes les familles restantes, composant seul le premier des trois ensembles de Dionycha. Par contre, les Molycriinae sont affiliés aux Gnaphosidae, sans que leur transfert ait été formellement proposé.

2.2.3.3.4.4.1.2. Dionycha A : groupe bien reconnu, avec là encore 3 sous-ensembles bien dessinés.

2.2.3.3.4.4.1.2.1. "Familles" des Gallieniellidae et Trochanteriidae : ces deux familles sont polyphylétiques, mais un groupe bien dessiné chez Wheeler et al 2016, composés de membres exclusivement australiens de ces deux familles (respectivement Neato, Meedo pour la première, Trachycosmus, Desognaphosa, Rebilus, Platorish, Morebilus pour la seconde) est parfaitement bien supporté dans cette étude. Le cœur, malgache, des Gallieniellidae (Legendrena, Gallieniella dans cette étude) est bien monophylétique, dans les Gnaphosoidea, tandis que les autres Trochanteriidae (Platyoides, Doliomalus) sont dispersés au sein des Gnaphosidae.

2.2.3.3.4.4.1.2.2. Familles des Clubionidae et Anyphaenidae + genre Apostenus (Liocranidae) : familles bien reconnues. Genre Elaver (Clubionidae) éventuellement problématique, possiblement dissocié des autres genres de la famille (son côté plausible expliquerait alors qu'il soit le seul genre de la famille à avoir une apophyse palpale médiale). Dans Wheeler et al 2016, le genre Apostenus tombe avec ce couple de familles, la famille des Liocranidae se trouvant complètement éclatée.

2.2.3.3.4.4.1.2.3. "Superfamille des Gnaphosoidea" - Familles des Ammoxenidae, Cithaeronidae, Gallieniellidae (cœur), Gnaphosidae, Lamponidae, Phrurolithidae, Trachelidae + sous-famille des Molycriinae ("Prodidomidae") : cet ensemble, lui aussi bien reconnu, ne correspond que très superficiellement à la définition classique de la superfamille des Gnaphosoidea, qui ne considère pas les deux dernières familles comme en faisant partie, mais qui rajoute les familles des Prodidomidae (position basale au sein des Dionycha déjà débattue, représentée dans ce groupe uniquement par la sous-famille des Molycriinae) et des Trochanteriidae (famille à redéfinir). Au sein de toutes ces familles, de nombreux changements sont sans doute à faire, et la monophylie individuelle des ces familles n'a rien d'acquis. Je ne détaille pas plus à ce stade.

2.2.3.3.4.4.1.3. Dionycha B - Familles des Xenoctenidae, Corinnidae, Viridasiidae, Selenopidae, Miturgidae, Eutichuridae, Philodromidae, Salticidae + groupe Pronophaea : ce groupe B des Dionycha est bien reconnu et globalement, les familles qui le constituent sont bien reconnues monophylétique (moins vrai pour les Miturgidae). Deux genres bizarres (Pronophaea Corinnidae, Donuea Liocranidae) pourraient former une nouvelle famille à définir.
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Message par vincesap »

Ca y est, je commence un pré-compte-rendu, histoire de hiérarchiser un peu les choses, au rang familial en tout cas. Par contre, pour ce compte-rendu, comme j'aime bien joindre les synapomorphies quand elles sont bien renseignées, est ce que quelqu'un connaît la traduction exacte, anatomique, de "spiggot", dans "cylindrical gland spiggot" par exemple. C'est un des éléments constitutifs des filières si j'ai bien tout compris, mais les termes que j'ai trouvés ne me semblent pas très scientifiques.
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Message par vincesap »

Je me demande s'il ne s'agirait pas tout simplement des glandes séricigènes...
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Message par vincesap »

Ca y est, je peux vous soumettre un premier arbre. Il est bien entendu très loin d'être achevé, et contient sans aucun doute un certain nombre d'erreurs. Je n'ai rien d'un phylogénéticien professionnel, mais j'ai essayé de faire ce premier jet le plus consciencieusement possible. Un grand nombre de relations ne sont pas résolues, soit parce que je n'ai rien trouvé qui me permette de le faire -groupes trop conflictuels), soit parce que je n'ai pas lu en détail les documents qui l'auraient pu (notamment pour les Araneoidea). Malgré tout, ça permet de fixer un peu les choses. Les explications qui ont conduit à l'élaboration de ce premier arbre sont dans ce message. Je mets ça de côté quelques temps, le temps de rattraper mon retard sur le forum (pas possible de tout mener sur le même front, désolé), et je m'y replonge dès que je peux. A bientôt.

(clic pour agrandir :mrgreen: )

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Vincent VALLI : Élevage : Fouchères : 10260 : 07/10/2017
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Réf. : 192987
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Dip
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Message par Dip »

Merci Vincent pour un très gros travail qui débouche sur cet arbre clair et à jour qui explicite les relations entre nos petites bêtes.
Cela nous aidera à mieux les connaître.
Didier.
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ALXNR
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Message par ALXNR »

:bienvu: :0024: et si j'étais une fille : :0015:
Yves

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