[Lincus bipunctatus] Lincus croupius de Guyane (Pentatomidae Discocephalinae)

[Bernard Perthuis]

Alors voilà en exclusivité pour ce site lol le genre Lincus néotropical (Pentatomidae Discocephalinae) peu fréquent dans les collections, et il y a une raison à cela : ils vivent plutôt bien cachés par exemple à la base des palmes de certains palmiers, et là ils ne sont pas faciles d'accès.

Le lobe à l'angle antérolatéral du pronotum est caractéristique et sa forme particulière permet d'après la clef de Rolston de reconnaître bon nombre d'espèces (plus de trente espèces connues).
(A Revision of the genus Lincus Stal (Hemiptera Pentatomidae Discocephalinae : Ochlerini---LH ROLSTON, 1983; New York Entomological Society 91(1) pp 1-47.)

Ici, Lincus croupius, décrite pour la première fois dans la révision mentionnée, avec un lobe du pronotum à la forme bien caractéristique.

Ecologie du bestiau : peut se trouver sur cocotiers, à la base des palmes, coincés entre les bases pétiolaires et le stipe, il faut disséquer l'arbre pour les trouver. On sait qu'il y en a avant de les voir grâce à l'odeur caractéristique qu'émettent les adultes et les larves qu'ils émettent lorsqu'ils se sentent dérangés.

Importance économique : est transmetteur (vecteur) d'une grave maladie des cocotiers causées par des protozoaires Phytomonas proches des trypanosomes d'animaux !!! Ceci dit, en Guyane pour que l'épidémie démarre il faut qu'une parcelle soit très entourée de forêt et qu'il n'y ait pas trop de fourmis rouges, qui empêchent complètement l'installation des Lincus sur les arbres. Donc on ne voit des foyers épidémiques très destructeurs que dans certaines occasions.


Bernard Perthuis : Guyane française : Mana : 97360 : 00/00/0000
Altitude : 0 m - Taille : 10 mm
Réf. : 201206

[ouran]

[pierred]

Eh bien, merci pour le topo.

[Edessa]

C'est bien un Lincus, mais ce n'est pas Lincus croupius

[Vinz]

[Bernard Perthuis]

Peut-être bien effectivement en regardant une nouvelle fois il y a des détails qui "clochent" par rapport à la description de Rolston,et puis ça ne serait pas non plus L. apollo Dolling qui a également été récolté sur cocotiers dans le même coin comme prélude à sa description.

Je peux modifier le titre du sujet ou non ?

A propos de l'écologie, la faune que l'on peut trouver aux bases pétiolaires côté stipes des cocotiers est étonnamment diversifiée et pour la raison suivante : les inflorescences des cocotiers sont dressées et laissent donc tomber leurs débris dans l'entonnoir formé par les bases de palmes engainantes, où peut entrer facilement également l'eau ou la rosée du matin. On trouve donc une mince couche de matière organique humide en pleine transformation et toute une chaîne alimentaire qui s'installe là-dedans, plus un micro-climat propice à tout un tas d'espèces qui aiment vire cachées. Alors en plus s'il y a de la bonne sève de palmier juste à côté et que l'no est muni d'un stylet.... Les deux autres espèces de palmiers que j'ai pu disséquer et présentant des inflorescences dressées étaient pareil. Par contre quand les inflorescences sont pendantes, on n'a pas ça du tout (exemple : les "queues de cheval" de Jessenia bataua et de Oenocarpus bacaba ne génèrent guère ce genre de biotope).

Ceci dit, si le palmier aux bases pétiolaires richement organiques est infesté par le puceron de la flèche Cerataphis brasiliensis par exemple, il y a une forte probabilité qu'il reçoive la visite de nombreuses fourmis rouges qui vont même s'installer au pied de l'arbre, et alors là il n'y aura plus grand chose comme entomofaune !

[Edessa]

Merci pour le partage de toutes ces informations intéressantes sur la biologie des insectes des palmiers.

Pour Lincus croupius, c'est juste une histoire de mise en synonymie récente avec Lincus bipunctatus (Spinola, 1850).

[Bernard Perthuis]

Hum......les lobes ici ne sont pas vraiment ceux du dessin de Rolston pour L croupius qui montre une extrémité réellement arrondie, et le premier segment d'antenne n'atteint pas le haut de la tête comme dans sa description, deux caractères qui me font réellement douter maintenant que ça soit L croupius Rolston, mais je n'ai pas encore regardé la partie génitale. Quant à Lincus bipunctatus Signoret je ne dispose d'aucun info le concernant et effectivement il ne figure pas dans la révision de Rolston.

J'ai regardé les quelques échantillons qui sont à ma portée, tous provenant d'une même cocoteraie, et il faudra que je m'y replonge quand j'en aurai la possibilité.
Dans le tas il semble bien y avoir un Lincus apollodont l'holotype provient d'ailleurs de cet endroit.

[Vinz]

Je peux modifier le titre du sujet ou non ?

Non
Je ferais la mise à jour une fois la discussion terminée.

[Edessa]

L. apollo semble bien différent au niveau des lobes pronotaux.

Je pense qu'il s'agit donc bien de Lincus bipunctatus avec cette forme très caractéristique de lobe.

Pour d'autres espèces avec des lobes moins marqués, c'est moins évident et il faut alors démonter et observer les genitalia males.