Je ne suis pas convaincu.
Je vois le
L’article II des antennes est proportionnellement plus petit chez E. testudinaria. Sur les photos cela ne me semble pas net, d’autant qu’il me semble bien courbe cet article II pour un E. testudinaria.
La coloration, bof ! Dans le Stichel, sur les 21 exemplaires d’E. maura dessinés, 7 ont ce patron de pigmentation… Larves d’E. maura toujours claires, j’ai des doutes…
Biogéographie, non, on trouve les 2 espèces partout en France.
Par contre, la plante hôte et le biotope, ça ressemble plus à des préférences de E. testudinaria c’est vrai, les Cyperaceae et les marécages à 850m…
Mais FD m’a toujours dit qu’il ne fallait pas s’y fier et que normalement on devait pouvoir déterminer l’espèce sans connaître les données biologiques


Comme dit FD, il faudrait voir le spécimen naturalisé, là on en aurait le cœur net…

FD soulève ici une question intéressante: c'est le poids des caractères utilisés pour l'identification.
Le travail des taxonomistes est de trouver des caractères discriminants pour séparer et regrouper des espèces. L'idéal est de construire une clé avec des caractères simples à observer de type oui/non et le moins possible... si possible. Donc très discriminants, facilement et à 100%.

Evidemment quand les espèces se ressemblent beaucoup on est obligé de faire appel à plusieurs caractères en même temps pour donner plus de poids à la discrimination d'une part et d'autre part parce que certains caractères ne sont pas forcément valables à 100% chez tous les individus. Souvent on va alors observer les genitalias, car on y met souvent plus de poids, bien souvent aussi sans trop tenir compte de leur variabilité.
Vidal qui retranscrit le travail de Ribaut sur les Eurygaster pousse un peu à l’extrême cette stratégie en proposant 17 caractères discriminants entre E. maura et E. testudinaria, et ce qui est rare en donnant des pourcentages de fréquence pour pondérer les caractères. Bien qu’un peu complexe, car il ne donne pas un ordre d’importance des caractères, ces caractères permettent de séparer les 2 espèces, sauf que sur photo, beaucoup de caractères sont cachés ou mal visibles en fonction de l’angle de prise de vue.
(Voir également la note de Péricart dans FdF90 p154 au sujet de la validité de Sciocoris galiberti: "les individus qui possèdent tous les caractères étant fort rares...")
A contrario, Jordi Ribes dans un travail récent sur les Holcostethus, met en synonymie H. vernalis et H. strictus parce que les 3 caractères principaux utilisés par les précédents auteurs ne sont pas toujours valables à 100%. Il fait la même chose dans un autre article en mettant en synonymie Carpocoris mediterraneus et Carpocoris fuscispinus.
En conclusion, je pense qu’il faudrait dans les clés mettre les caractères par ordre d’importance, de priorité, de fiabilité et de facilité, puis pondérer par des pourcentages de fréquence estimés, le poids des caractères plus faibles.