[Prionyx subfuscatus] Sphégien corse inconnu

Guêpes, abeilles, fourmis... ces insectes qu'ils soient solitaires ou sociaux sont toujours autant sources d'observations...

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Arthropa
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[Prionyx subfuscatus] Sphégien corse inconnu

Message par Arthropa »

Ce sphégien creusait avec ardeur un talus terreux à Olmeto (Corse du sud, 20 septembre 2004). Il fallait le voir faire, rejetant la terre de ses pattes avant entre ses pattes arrières, et retirant parfois de gros cailloux dans ses mandibules ! :D
Il mesurait environ 12 mm, pattes et abdomen entièrement noirs.

Image Image Image

Faute de doc, je n'ai même pas d'hypothèse à avancer... :oops: :oops:
Modifié en dernier par Arthropa le vendredi 19 novembre 2004, 21:55, modifié 3 fois.

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alastor
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Message par alastor »

PatrickB t'en dira plus, c'est sa spécialité.

En même temps, ça me fait bien penser à un un pompile.
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Arthropa
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Message par Arthropa »

Ce qui expliquerait que je l'ai pas trouvé dans les sphégiens... :oops: :lol:

On (je) progresse, on (je) progresse... ;)
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Patrick_B
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Message par Patrick_B »

Ça m'aurait bien arrangé que ce soit un Pompile, j'aurais eu plus d'excuses pour sécher.
Il me semble bien distinguer le pronotum réduit avec un lobe arrondi, commun aux Sphecidae et Apidae, très différent chez le Pompilidae.

Je dirai même que la tête me fait penser à un Sphecinae, même un Sphecini (Sphex, Palmodes, Prionyx, Isodontia).:?: .........

':!:'

':idea:'

Comme un imbécile je butait sur une mauvaise interprétation de la photo et c'est en rédigeant que je m'en suis rendu compte: Je ne voyais pas le pétiole et prenais pour une tache sur le premier tergite le fond que l'on aperçoit entre le pétiole et les ailes.
Lorsque j'ai pris conscience de cette bêtise, c'est devenu plus facile et ma première impression s'est confirmée.
Difficile toutefois d'affirmer une espèce, pour deux raisons:
1/ La petite taille dans laquelle ne peuvent rentrer (pour cette tribu), que les plus petits exemplaires de Prionyx sp.
2/ La face dorée (ou brun pâle) qu'on ne trouve pas dans les petites espèces de cette tribu.
Si cette coloration de la face n'est pas due à une pubescence mais à de la terre ou du sable collé entre les poils (c'est fréquent chez les Sphecidae fouisseurs) je m'orienterais volontiers vers un Prionyx sufuscatus .
Sans compter les autres critères, la coloration des ailes jaune orangé, tachées de grisâtre à l'apex correspond bien.

J'ai bien entendu éliminé dès le départ les Isodontia qui ne sont pas fouisseurs et qui, s'ils nidifient parfois dans le sol, utilisent des cavités préexistantes.
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Arthropa
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Message par Arthropa »

Merci Patrick.

Voici d'autres clichés de la bête en pleine activité de fouissage, où on voit mieux le pétiole et le pronotum. Par contre, pour la couleur de la face, elle est due à une pubescence et non à de la terre (ce qui n'arrange pas nos affaires...! ;)) :

Image Image
Image

D'autres gros plans sont possibles (je me suis un peu lâché sur le nombre des clichés... :D) si ça peut aider : y'a qu'à demander !
Petite précision : la taille de 12 mm dont je parle est une estimation réalisée a posteriori, peut-être effectivement sous-estimée. :?:
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alastor
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Message par alastor »

Franchement je n'ai pas cherché car je savais que tu te régalerais ...

Mais j'avoue que la couleur des ailes m'étonne, j'ai 4 exemplaires de Prionyx sufuscatus et aucun n'a les ailes aussi colorées.
Elles sont fumées brun très léger et grises, aussi léger, à l'apex.
L'impression d'ensemble est une tendance à la transparence, alors que sur cette photo elles paraissent presque aussi teintées que celles de Batozonellus lacerticida !

Peuvent-elles s'éclaircir avec le temps, en collection ?
Mais j'ai aussi Batozonellus lacerticida et ses ailes sont restées très colorées !
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Arthropa
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Message par Arthropa »

En attendant plus de détails sur son ID, pour ceux que ça intéresse, j'ai fait une petite video de cet hyméno en train de creuser.
(Appareil à bout de bras : ça bouge un peu, mais on voit quand même ! ;))

Faire un clic-droit sur ce lien puis "Enregistrer la cible sous"
(Format QuickTime Player (extension .mov), 5.4 Mo)
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Patrick_B
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Message par Patrick_B »

Je ne reviens pas sur la présence d'un pétiole, un vrai, à peu près cylindrique, formé du seul sternite 1.
Je ne reviens pas non plus sur la conformation particulière du Prothorax: Même si l'on ne peut distinguer nettement son extension et son lobe arrondi, on voit très nettement, à la partie supérieure sa partie postérieure en bourrelet (Collare), ici particulièrement net.
Ces caractères me suffisent pour dire:
Que ce n'est pas un Pompile.
Que c'est un Sphecidae.
Que c'est un Sphecinae qui, n'étant pas un Sceliphrini que tout le monde connaît bien maintenant, ni un Ammophilini, est donc un Sphecini.

Arthropa va nous mettre le lien qui montre ses « rushs », il ne s'agit pas d'aller critiquer des photos dont certaines n'ont aucune prétention artistique.
Il s'agit de voir des détails qu'on perçoit mal sous faible définition et qui nécessitent une multitude d'angle différents pour être bien appréciés donnant ainsi tout leur intérêt à ces différentes photos.

On y constatera (difficilement) que c'est une femelle (pas facile de compter les articles des antennes et les segments du gastre). Mais pour la tribu considérée, les derniers segments abdominaux correspondent à ceux d'une femelle. Notons qu'il est souvent important de connaître le sexe avant d'aller plus loin dans l'identification.

On y verra:
Que la couleur de la face et du clypeus est bien due à une pubescence couchée: Ce n'est donc pas un Prionyx subfuscatus, nous pourrons même dire que c'est un Chilosphex ou une Isodontia. On confortera cette affirmation en examinant l'image 064 : les tarses antérieurs portent de fortes épines, mais pas de peigne. Les femelles des autres genres de Sphecini ont toutes un peigne (c'était donc important de connaître le sexe).

Maintenant, il est impossible sur un photo d'aller scientifiquement plus loin.
Les Chilosphex ne se distinguent réellement des Isodontia que par la forme de la deuxième cellule cubitale de l'aile antérieure, je vous passe d'autres caractères infimes nécessitant la bino.

On est pas bloqué pour autant car ces deux genres sont très mal représentés en France:
Un Chilosphex (C.argyrius)
Trois Isodontia (I.mexicana, I.paludosa, I.splendidula)
Notons au passage qu'aucune de ces quatre espèces n'est connue en Corse, mais ce sont toutes des espèces méditerranéennes (avec extension plus large pour I.mexicana qu'on connaît bien sur le forum) et elles sont présentes en Italie et en Sicile et Sardaigne.

Parmi ces trois espèces seules deux Isodontia sont entièrement noires; mais ce n'est pas ça qui me fait éliminer Chilosphex argyrius, en effet les variations plus ou moins importantes de l'étendue de cette couleur peut laisser supposer la possibilité d'individus mélaniques.
Parenthèse:
Coloration des ailes: En collection les ailes sont (généralement) étalées, ne se superposant pas et on les observe par dessus, sur un fond clair.
Ici nous les observerons comme sur la photo: superposées, sur le corps noir, et tangentiellement, de la base vers l'apex. Fin de parenthèse.


I.splendidula a des allures d'Ammophile, avec son pétiole long et sa coloration rouge sur la partie antérieure du gastre jusqu'au début du troisième segment. Elle a les ailes hyalines, à peine teintées de gris et avec une tache apicale bien délimitée. Sa pubescence est relativement réduite.
I.mexicana a des ailes très sombres, avec parfois de vagues reflets bleutés, absolument pas jaunâtre, brunâtre ou rougeâtre.
Son clypeus présente bien une pubescence argentée avec par dessus de longs poils noirs: Aucun reflets dorés.

Les ailes des deux espèces restantes sont teintées de jaune. Sur le clypeus et la face, une pubescence argentée qui prend d'autant plus des reflets dorés que les poils longs sont eux même de cette teinte. Je n'ai pas beaucoup de Chilosphex a examiner mais sur deux femelles, celle dont la pubescence clypeale est la plus dorée est aussi celle qui a les ailes les plus teintées de jaune.
Hormis la coloration entièrement noire, trois autre caractères vont orienter mon choix:

Important: La largeur de la face entre les yeux. Ici la face et le clypeus forment une surface à peu près carrée, les yeux sont très espacés.
Chez C.argyrius, la face est plus étroite.

Par ailleurs: (photo 051) le fémur antérieur est renflé à sa partie inférieure, avant le milieu. Chez C.argyrius, le renflement maximum est sensiblement au milieu.

Enfin: L'impression que j'avais eu sur la première photo se confirme, c'est bien sur les tergite 2,3 et 4 une très fine pruinosité grise (ou vaguement dorée) que l'on aperçoit. Voir la même photo en haute définition (061) et aussi la photo 058. On notera ce que j'avais fait remarquer dans un post précédent: On ne distingue ce caractère que sous certains angles de vue combinés à certains angles d'éclairage.


Errare humanum est (sed perseverare diabolicum)
J'ai bien entendu éliminé dès le départ les Isodontia qui ne sont pas fouisseurs et qui, s'ils nidifient parfois dans le sol, utilisent des cavités préexistantes.
Comme je ne suis pas Satan, je vais tenter à défaut d'excuses de me trouver une justification et de reporter comme il se doit la faute sur les autres:
Arthropa me dit 12 mm: Toutes les bestioles dont je parle ici en font souvent le double.
Jacques Bitch ne la cite pas de Corse (voir ci-dessus...)
Les Isodontia ne creusent pas elles même leur trous: Mais elles utilisent des cavités existantes qu'elles sont parfaitement capables d'aménager. Certaines sont essentiellement rubicoles, (Arundo donax préférentiellement pour splendidula), mexicana utilise n'importe quoi et paludosa, assez mal connue est cité de trous d'Apidae ou de petits rongeurs, d'anciennes fourmilières etc.

Notons au passage: Les Isodontia sont prédatrices d'Orthoptères.
Modifié en dernier par Patrick_B le mardi 2 novembre 2004, 10:29, modifié 1 fois.
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Arthropa
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Message par Arthropa »

Passionnant ! Merci Patrick ! 8) :D

Pour les illustrations, elles sont disponibles ici (Compter environ 1 Mo par photo)

Question taille, autant pour moi : quand j'évalue a posteriori, j'essaie d'éviter la tendance naturelle à la surestimation marseillaise, mais là, franchement, j'ai pas fait fort... :oops: :roll: :lol:

Question Isodontia : si ce critère "pas d'excavation propre" est déterminant, ça pose problème car je peux affirmer que ce spécimen a débuté lui-même la galerie qu'on le voit creuser sur la video, et que quelques minutes avant, il n'y avait aucun trou à cet endroit. Ce n'était pas un aménagement, mais un chantier de novo.
Modifié en dernier par Arthropa le lundi 1 novembre 2004, 22:24, modifié 1 fois.
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Patrick_B
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Message par Patrick_B »

Ta remarque sur les capacité de terrassier d'Isodontia est très juste, c'est une des raisons qui m'avait tout d'abord fait délaisser ce genre.
Toutefois, en examinant très attentivement les photos on ne voit à aucun moment de peigne tarsal. On voit de grosses épines, en ordre dispersé, rien d'aligné.
Ce peigne est justement caractéristique des "fouisseurs", ceux qui en sont dépourvus, en principe, utilisent des cavité existantes.
Toutefois, on sait très bien qu'ils sont capables parfois de beaux aménagements, d'autant qu'ils savent très bien se servir de leurs robustes mandibules.
Les observations sur les Isodontia sont peu nombreuses : mexicana est très répandue, c'est actuellement un des Sphecinae les plus abondants, mais c'est très récent.
paludosa, sans être rare, n'est pas véritablement commune et son aire de répartition est restreinte. Ceci est encore plus vrai pour splendidula.

Effectivement, à cause de cela, de sa présence non répertoriée pour la Corse, j'ai encore quelques doutes. Il aurait fallu pouvoir observer des caractères très précis, à la binoculaire. Simplement, les mandibules, vues sous un angle qu'on a pas ici, auraient fait monter un peu plus l'indice de probabilité.
Si je mets en balance le pour et le contre, en pondérants les critères selon leur valeur déterminante, je me laisse encore au moins 20% de marge d'erreur.
Mais si je raisonne en sens inverse en éliminant tout ce qui n'est pas possible les chances sont de 50/50 : I.paludosa ou Sphecini nouveau pour la Science.

Dans ce cas: observation nouvelle, localité nouvelle, la capture aurait été indispensable pour valider ces données.
On est pas dans le cas de Sceliphron sp., de Prionyx kirbii ou autres bestioles dont on peut avoir la certitude sur une photo.

Il faudra que tu me communiques la localisation très précise de tes observations car nos permanents de la SHNAO iront peut-être en Corse len 2005 à la recherche d'un Criquet .... je leur demanderais un effort coté Hymeno, bien que ça ne soit pas leur truc.

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