Je ne reviens pas sur la présence d'un
pétiole, un vrai, à peu près cylindrique, formé du seul
sternite 1.
Je ne reviens pas non plus sur la conformation particulière du
Prothorax: Même si l'on ne peut distinguer nettement son extension et son lobe arrondi, on voit très nettement, à la partie supérieure sa partie postérieure en bourrelet (
Collare), ici particulièrement net.
Ces caractères me suffisent pour dire:
Que ce n'est pas un Pompile.
Que c'est un Sphecidae.
Que c'est un Sphecinae qui, n'étant pas un Sceliphrini que tout le monde connaît bien maintenant, ni un Ammophilini, est donc un Sphecini.
Arthropa va nous mettre le lien qui montre ses « rushs », il ne s'agit pas d'aller critiquer des photos dont certaines n'ont aucune prétention artistique.
Il s'agit de voir des détails qu'on perçoit mal sous faible définition et qui nécessitent une multitude d'angle différents pour être bien appréciés donnant ainsi tout leur intérêt à ces différentes photos.
On y constatera (difficilement) que c'est une femelle (pas facile de compter les articles des antennes et les segments du
gastre). Mais pour la tribu considérée, les derniers segments abdominaux correspondent à ceux d'une femelle. Notons qu'il est souvent important de connaître le sexe avant d'aller plus loin dans l'identification.
On y verra:
Que la couleur de la face et du
clypeus est bien due à une
pubescence couchée: Ce n'est donc pas un
Prionyx subfuscatus, nous pourrons même dire que c'est un
Chilosphex ou une
Isodontia. On confortera cette affirmation en examinant l'image 064 : les
tarses antérieurs portent de fortes épines, mais pas de peigne. Les femelles des autres genres de Sphecini ont toutes un peigne (c'était donc important de connaître le sexe).
Maintenant, il est impossible sur un photo d'aller scientifiquement plus loin.
Les
Chilosphex ne se distinguent réellement des
Isodontia que par la forme de la deuxième cellule cubitale de l'aile antérieure, je vous passe d'autres caractères infimes nécessitant la bino.
On est pas bloqué pour autant car ces deux genres sont très mal représentés en France:
Un
Chilosphex (
C.argyrius)
Trois
Isodontia (
I.mexicana, I.paludosa, I.splendidula)
Notons au passage qu'aucune de ces quatre espèces n'est connue en Corse, mais ce sont toutes des espèces méditerranéennes (avec extension plus large pour
I.mexicana qu'on connaît bien sur le forum) et elles sont présentes en Italie et en Sicile et Sardaigne.
Parmi ces trois espèces seules deux
Isodontia sont entièrement noires; mais ce n'est pas ça qui me fait éliminer
Chilosphex argyrius, en effet les variations plus ou moins importantes de l'étendue de cette couleur peut laisser supposer la possibilité d'individus mélaniques.
Parenthèse:
Coloration des ailes: En collection les ailes sont (généralement) étalées, ne se superposant pas et on les observe par dessus, sur un fond clair.
Ici nous les observerons comme sur la photo: superposées, sur le corps noir, et tangentiellement, de la base vers l'apex. Fin de parenthèse.
I.splendidula a des allures d'Ammophile, avec son
pétiole long et sa coloration rouge sur la partie antérieure du
gastre jusqu'au début du troisième segment. Elle a les ailes
hyalines, à peine teintées de gris et avec une tache
apicale bien délimitée. Sa
pubescence est relativement réduite.
I.mexicana a des ailes très sombres, avec parfois de vagues reflets bleutés, absolument pas jaunâtre, brunâtre ou rougeâtre.
Son
clypeus présente bien une
pubescence argentée avec par dessus de longs poils noirs: Aucun reflets dorés.
Les ailes des deux espèces restantes sont teintées de jaune. Sur le
clypeus et la face, une
pubescence argentée qui prend d'autant plus des reflets dorés que les poils longs sont eux même de cette teinte. Je n'ai pas beaucoup de
Chilosphex a examiner mais sur deux femelles, celle dont la
pubescence clypeale est la plus dorée est aussi celle qui a les ailes les plus teintées de jaune.
Hormis la coloration entièrement noire, trois autre caractères vont orienter mon choix:
Important: La largeur de la face entre les yeux. Ici la face et le
clypeus forment une surface à peu près carrée, les yeux sont très espacés.
Chez
C.argyrius, la face est plus étroite.
Par ailleurs: (photo 051) le fémur antérieur est renflé à sa partie inférieure, avant le milieu. Chez
C.argyrius, le renflement maximum est sensiblement au milieu.
Enfin: L'impression que j'avais eu sur la première photo se confirme, c'est bien sur les
tergite 2,3 et 4 une très fine
pruinosité grise (ou vaguement dorée) que l'on aperçoit. Voir la même photo en haute définition (061) et aussi la photo 058. On notera ce que j'avais fait remarquer dans un post précédent: On ne distingue ce caractère que sous certains angles de vue combinés à certains angles d'éclairage.
Errare humanum est (sed perseverare diabolicum)
J'ai bien entendu éliminé dès le départ les Isodontia qui ne sont pas fouisseurs et qui, s'ils nidifient parfois dans le sol, utilisent des cavités préexistantes.
Comme je ne suis pas Satan, je vais tenter à défaut d'excuses de me trouver une justification et de reporter comme il se doit la faute sur les autres:
Arthropa me dit 12 mm: Toutes les bestioles dont je parle ici en font souvent le double.
Jacques Bitch ne la cite pas de Corse (voir ci-dessus...)
Les Isodontia ne creusent pas elles même leur trous: Mais elles utilisent des cavités existantes qu'elles sont parfaitement capables d'aménager. Certaines sont essentiellement rubicoles, (
Arundo donax préférentiellement pour
splendidula),
mexicana utilise n'importe quoi et
paludosa, assez mal connue est cité de trous d'Apidae ou de petits rongeurs, d'anciennes fourmilières etc.
Notons au passage: Les
Isodontia sont prédatrices d'Orthoptères.