[Myrmica sp.] de l'effet du climat sur les fourmis (Myrmica)

Guêpes, abeilles, fourmis... ces insectes qu'ils soient solitaires ou sociaux sont toujours autant sources d'observations...

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typhaeus
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[Myrmica sp.] de l'effet du climat sur les fourmis (Myrmica)

Message par typhaeus »

Bonjour à tous (et en particulier aux myrmécophiles)

Je débarque une fois de plus la bouche en coeur sur ce forum, parce que je ne maitrise pas exactement la biologie des fourmis. Voila mon problème : je réalise un suivi du papillon Maculinea nausithous (Azuré des paluds) dans les prairies alluviales de Lorraine, papillon dont la fourmi-hôte est Myrmica laevinodis (=rubra).
Cependant, cet été, nous avons observé à peine 1/10e des effectifs habituels du papillon. Certes il y a l'influence des conditions météo exécrables de cet été, mais je me demande si les fourmis n'auraient pas pris un coup sur la tête (donc serait peu nombreuses donc n'auraient pu héberger beaucoup de chenilles d'Azuré) du fait des événements climatiques antécédents, a savoir :
- les très fortes précipitations de l'automne 2006,
- l'hiver 2006-2007 très doux,
- le printemps (avril 2007) très chaud,

Logiquement, je ne vois pas si le premier point peu avoir une importance (hors zone inondable bien sur). Quant au deuxième, y a-t-il des histoires de diapause levées par le froid chez ces fourmis . Ou bien seraient-elles restées actives et donc se seraient-elles épuisée faute de ressources alimentaire suffisante ?
Quant au 3e point, il me semblait plutot favorable à l'épanouissement des fourmillières.

Bref, si vous avez des remarques sur ces réflexions, j'en serai très intéressé!

merci d'avance

typh


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aclcla
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Enregistré le : samedi 2 juin 2007, 14:41

Message par aclcla »

salutation,
je réalise un suivi du papillon Maculinea nausithous (Azuré des paluds) dans les prairies alluviales de Lorraine, papillon dont la fourmi-hôte est Myrmica laevinodis (=rubra).
Les deux noms proposés sont effectivement synonymes, mais M. rubra est le nom valide, proposé par Linnée lui-même alors que laevinodisn'a été proposé qu'en 1846 par Nylander.

Mais là n'est pas le sujet. Je te propose une autre vision :
- on trouve souvent plusieurs espèces de Myrmica dans un même endroit.
- leur identification est délicate.
- les papillons Maculinea n'ont souvent pas une espèce cible très précise.
- leur survie au sein des différentes espèces "potentiellement colonisables" sont différentes.

Par conséquent, suivant vos méthodes d'échantillonage, et la répartition des espèces dans la zone considérée, il est possible qu'il y ai eu un
- "biais spécifique" (exemple : année 1 la zone prospectée est dominée par rubra, année 2, l'échantillonage se fait sur une prairie ou ruginodis est dominante).
- remodelage de la population de Myrmica suite à l'évolution des pressions de sélection (hausse de la population de ruginodis par rapport à celle de rubra qui serait plus adaptée à la chaleur ?)

=> pour ça, c'est à toi de voir, je ne connais pas vos méthodes, le nombre d'années de suivi... Ce ne sont que des suggestions, à toi de voir si elles sont pertinentes !

un exemple d'étude de ces interactions polyspécifiques peut être vu à la page 86 de ce programme d'un colloque organisé par l'UIEIS
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typhaeus
Membre confirmé
Enregistré le : mardi 22 mars 2005, 22:47
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Message par typhaeus »

Très intéressant comme changement de point de vue!

Celà fait un facteur de plus dans l'appréciation du taux de survie des chenilles...
Nous n'avons malheureusement pas le temps de faire de suivi annuel des fourmis à l'échelle de notre suivi du papillon (toute la région lorraine), donc ne sommes pas en mesure de quantifier ces éventuelles variations de compositions des peuplements.
Mais en effet dans nos premiers échantillonnages, nous avions mis en évidence la présence conjointe des deux espèces (déterminations assurées par un collaborateur confirmé).

Avez vous quand même une position par rapport à l'hypothèse suivante :
les fourmilières de Myrmica ont pu s'épuiser durant l'hiver, les températures n'étant pas suffisament basse pour entrainer une diapause (connait-on des seuils ?) et la saison n'étant pas favorable à la recherche de ressources trophiques externes :?:

typh qui se pose surement trop de questions :o
aclcla
Membre
Enregistré le : samedi 2 juin 2007, 14:41

Message par aclcla »

Quant au deuxième, y a-t-il des histoires de diapause levées par le froid chez ces fourmis .
La diapause peut être déclenchée par le froid et/ou une horloge biologique. Chez Myrmica, je crois que le froid est déclencheur.

Expérimentalement on peut les élever sans faire de diapause mais alors il semble que la viabilité en soit affectée. Ton hypothèse est donc pertinente.
Quant au 3e point, il me semblait plutot favorable à l'épanouissement des fourmillières.
Il suffit que ce point soit "plus favorable à une espèce concurrente" (Lasius ou une Myrmica agressive vis à vis du papillon par exemple) qu'à l'espèce hôte pour envisager un remodelage des populations (même si à l'échelle d'un an ça me semble court).


Autre hypothèse :
- l'année a été particulièrement stressante pour les fourmis (36 000 causes envisageables, de l'activité hivernale à une concurrence en hausse suite aux conditions atmosphériques), le taux de survie des Maculinea au sein des colonies a été négativement affecté (hausse de l'agressivité).

Si ça se trouve c'est une réponse des fourmis à une trop grande concentration en parasite (effet de "seuil" qui stimulerait l'agressivité envers l'intru ?), qui fait partie de la régulation à long terme des populations.



Bref, je ne te propose aucune réponse tranchée, reste à voir si les populations vont se reconstituer l'an prochain !
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typhaeus
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Message par typhaeus »

aclcla a écrit :Il suffit que ce point soit "plus favorable à une espèce concurrente" (Lasius ou une Myrmica agressive vis à vis du papillon par exemple) qu'à l'espèce hôte pour envisager un remodelage des populations (même si à l'échelle d'un an ça me semble court).
En effet, principe de base!
L'histoire de stress me plait bien aussi.
aclcla a écrit :Si ça se trouve c'est une réponse des fourmis à une trop grande concentration en parasite (effet de "seuil" qui stimulerait l'agressivité envers l'intru ?), qui fait partie de la régulation à long terme des populations.
Nous arrivons à apprécier ce paramètre, qui nous a déjà réduit une population trop florissante d'Azuré, d' un millier à quelques centaines, l'hyper-parasitisme aidant (par l'ichneumonidae Neotypus pusillus).

Bref ca fait plein de choses à expliquer pour montrer comment ce système est complexe.

Merci d'avoir stimulé ma réflexion!

julien
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