ce sujet a bien muri, depuis plus d'un an … Cela m'a permis de découvrir davantage de points qu'au départ.
D'emblée, je vous prie de m'excuser pour la piètre qualité (grain et flou de bougé) des photos qui vont suivre, puisqu'elles ont été réalisées à l'ombre, dans la partie basse de tronc, à une sensibilité toujours supérieure à 2000 ISO (mais le plus souvent à 6400 ISO).
Le 3 juillet 2016, j'avais trouvé en Chartreuse plusieurs femelles de Braconidae, que j'avais identifiées comme Helconidea dentator. Cela avait fait l'objet du sujet :
viewtopic.php?f=3&t=158445
Dans le même temps, début juillet 2016, Christine DEVILLERS avait découvert en Belgique, dans la province de Liège, une femelle d'Helconidea ruspator. Elle l'avait relaté dans le sujet de février 2018 :
viewtopic.php?f=3&t=179438
L'an passé, dans la seconde semaine de juillet 2017, j'ai trouvé, toujours en Chartreuse, plusieurs femelles de la troisième espèce, Helconidea meridionalis, affairées à pondre sur un gros billot d'épicéa. Le lieu n'était distant que de 1700 mètres (à vol d'insecte) de l'endroit où j'avais trouvé les H. dentator un an plus tôt.
Les observations et photos ont été faites les 6, 7, 8 et 12 juillet 2017. Il semble, pour les 3 espèces d'Helconidea, que la première quinzaine de juillet soit propice pour la ponte (en fonction des coléoptères ciblés).
La présence de plusieurs femelles de cette espèce mal connue m'a conduit à en prélever une, pour qu'elle puisse servir de référence. C. van ACHTERBERG, dans son article de 1987, donne la description de cette nouvelle espèce, basée sur l'examen de 12 mâles et d'une seule femelle, prélevée à Terminis (Isère, 60 km au sud de Grenoble). Cette espèce méditerranéenne n'est présente qu'en Grèce, Italie, Yougoslavie et Suisse. FE la donne aussi présente en France, mais un peu de la façon du loup blanc, puisque l'INPN n'en indique aucune observation.
Au premier abord, j'ai cru me trouver en présence de H. dentator, mais les coxae sombres n'allaient pas en ce sens. Et j'ai alors hésité entre H. ruspator et H. meridionalis, deux "espèces sœurs" comme les qualifie van ACHTERBERG.
Passons en revue quelques caractères (je passe sous silence les caractères propres à la détermination du genre, développés par CVA) :
- La femelle prélevée fait 9,8-10 mm de longueur. CVA indique 9,1 mm pour la femelle de H. meridionalis et 8-11 mm pour les mâles. Il ne donne aucune indication pour H. ruspator, mais HEDQVIST mentionne 10-12 mm. Pour H. dentator, CVA indique 12 mm pour le seul exemplaire examiné (une femelle) et HEDQVIST 10-12 mm sans précision de sexe.
- Les antennes brun foncé comportent 31 articles au
- Les
- Beaucoup de rugosités sur le
-
- Veine r-m subverticale ; la seconde cellule sub-
- Les
- La dent du fémur 3 est située plus vers l'
- Ratio gaine
Photo 1 : Vue d'ensemble (réf 4934)
Bernard Mallet : France : Saint-Pierre-de-Chartreuse : 38380 : 08/07/2017
Altitude : 820 m - Taille : 10 mm estimés
Réf. : 212397
Photo 2 : Vue d'ensemble (réf 4879)
Bernard Mallet : France : Saint-Pierre-de-Chartreuse : 38380 : 07/07/2017
Altitude : 820 m - Taille : 10 mm estimés
Réf. : 212398
Photo 3 : Deux critères discriminants : seconde cellule sub-
Bernard Mallet : France : Saint-Pierre-de-Chartreuse : 38380 : 12/07/2017
Altitude : 820 m - Taille : 10 mm estimés
Réf. : 212399
C'est en me basant sur l'ensemble de ces caractères que j'ai donc pu déterminer mes insectes comme H. meridionalis.
NB : les photos in natura présentées ont été prises les 6, 7 et 8 juillet, donc avec des femelles possiblement différentes. Mais l'espèce est bien la même.
Pour ce qui est du comportement, je n'ai pas remarqué de différence avec celui de H. dentator : les femelles sont très remuantes dans leur recherche de point de ponte et fréquentent plutôt la partie inférieure des troncs. Elles donnent l'impression d'éviter les zones ensoleillées (sans doute comme les coléoptères visés).
Une femelle passait son temps à se frotter la tête avec les pattes avant. En visionnant les photos, j'ai découvert une tique en avant des
En réexaminant les quelques 175 photos un an plus tard, je me suis rendu compte qu'il y avait une cerise sur le gâteau ...
Il s'agit de la présence de deux taches rouille sur l'arrière du
Ceci n'est pas noté dans l'article de CVA, d'une part parce qu'il a examiné une femelle ancienne (dont les couleurs avaient peut-être vieilli), d'autre part parce qu'il s'est limité aux faits les plus saillants.
Photo 4 : Deux taches rouille à l'arrière du
Bernard Mallet : France : Saint-Pierre-de-Chartreuse : 38380 : 06/07/2017
Altitude : 820 m - Taille : 10 mm estimés
Réf. : 212400
Photo 5 idem + zones rouille péri-métapleuriques (réf 4833)
Bernard Mallet : France : Saint-Pierre-de-Chartreuse : 38380 : 12/07/2017
Altitude : 820 m - Taille : 10 mm estimés
Réf. : 212401
Ces taches sont-elles spécifiques ? J'ai regardé sur des photos d'H. dentator réalisées cette année (mon dernier jour de vacances !) et je n'y vois rien de comparable. Il faudrait aussi vérifier sur des photos d'H. ruspator. Mais de toute façon, il existe suffisamment de bons critères discriminants entre les trois espèces pour ne pas s'accrocher à cette question de couleur rouille.
La galerie est maintenant bien garnie en espèces d'Helconidea
Trana
Bibliographie :
Achterberg, C. van, 1987. Revision of the European Helconini (Hymenoptera: Braconidae: Helconinae). Zool. Med. Leiden 61 (18), 23-ix-1987: 263-285, figs. 1-57. — ISSN 0024-0672.
(http://www.repository.naturalis.nl/document/150157)
Hedqvist, K.-J., 1967. Notes on Helconini (Ichneumonoidea, Braconidae, Helconinae). Part 1. - Ent. Tidskr. 88: 133-143, figs. 1-7.
