[Sceliphron sp.] Nids incrustés de poils !

[Liliane de Sardan]

Bonjour,



J'ai récolté, dans mon jardin du Gard, ces nids maçonnés d'hyménoptères.





Liliane Delattre : France : Sardan : 30260 : 04/12/2015

Altitude : NR - Taille : Echelle sur photo

Réf. : 153894



4 d'entre eux présentent la particularité d'avoir des poils incrustés dans le mixage de terre.





Liliane Delattre : France : Sardan : 30260 : 04/12/2015

Altitude : NR - Taille : 25 mm de long

Réf. : 153895



Et ils sont fermement incrustés …

Détail





Liliane Delattre : France : Sardan : 30260 : 04/12/2015

Altitude : NR - Taille : 25 mm de long

Réf. : 153896



Je n'en suis pas à ma première récolte de nids mais c'est la première fois que je vois cela.

Quelqu'un aurait-il une idée de l'hyménoptère qui a cette manie de l'incrustation ?

Merci pour votre concours car je suis assez intriguée

[Patrick_B]

J'ai l'impression que tu as deux types de nids.
Sur ta photo 153894 , tu as aligné sur deux rangs des urnes d'environ 22 mm de long, qui sont bien séparées.
À droite de la photo, le groupe de poteries plus petites, plus ou moins collées les unes aux autres sont l'œuvre d'une autre espèce.
Dans ce sujet, on ne va parler que des plus grandes, puisque de toutes façons c'est parmi celles-ci que l'on trouve celles qui ont des poils incorporés, objet de ta question.
À vue de nez, ça ressemble assez à quelque chose qu'on a vu plusieurs fois sur le forum, mais tu nous dis “dans mon jardin”; précise nous le support (un mur, une grosse pierre, une paroi quelconque, voire un tronc, ou bien une tige ? Plusieurs les uns à côté des autres, ou bien totalement dispersés ?

[Liliane de Sardan]

Effectivement il y a deux types de nids et, comme tu le soulignes, ce sont les plus grands, avec les incrustations de poils, qui font l'objet du sujet. J'aurai du couper la première photo !
Ce sont des nids que j'ai récolté en 2014 sur différents supports et conservé dans une boite. Tant et si bien que je ne me souviens plus exactement où j'ai récolté les uns et les autres …
A priori, c'était uniquement sur des buches de bois de chauffage entreposées à l'abri et sur des cartons, également à l'abri de la pluie. Les urnes étaient, sinon accolées, en tous cas toutes proches. Mais je ne me souviens plus si celles incrustées étaient mélangées à celles sans incrustation ou si les deux lots étaient clairement distincts
J'avoue que je n'ai pas su où chercher dans la galerie car les hyménoptères maçonnes sont assez nombreuses ! J'ai hâte de les trouver et j'espère apprendre le pourquoi des incrustations.

[Patrick_B]

C'est dommage que tu n'ai pas photographié l'ensemble.
Toutefois, des urnes de ce genre, de cette taille, groupées mais non soudées les unes aux autres, en principe orientées à peu près toutes dans le même sens, font penser à celles d'une espèce bien particulière dans un genre qui fait partie de la famille des Sphecidae (au sens strict).
On en a eu plusieurs photos sur le forum, mais je vois que malheureusement il y en a peu dans la galerie. Jusqu'à présent, elles ont été trouvées à l'intérieur, peut-être simplement parce que c'est plus repérable.

[Liliane de Sardan]

Tu penses à Sceliphron curvatum ?
La dépouille du cocon restant à l'intérieur est bien identique à celles de la galerie.
J'ai tenté une recherche plus large sur internet, mais je ne trouve pas l'incrustation de poils …
Est-ce que cela signifie que l'approvisionnement en boue s'est fait dans un lieu infesté de poils et que Madame Sceliphron, dans l'impossibilité de les éliminer, les a incorporé à sa construction ??? Ou est-ce une astuce inédite pour que les éventuels parasites se prennent les pattes dans les fils et se cassent la figure avant d'avoir réussi leur forfait
Bien sur, l'intérieur en est exempt. Ca n'aurait pas été commode, ni pour l'introduction des araignées, ni pour le confort de la larve ...
Judicieuse cette Maman Sceliphron

[Patrick_B]

Si tu trouve aussi dedans des débris d'araignée, ça confirmera.

Pour les poils, je n'en ai aucune idée.
Il est toutefois probable qu'ils soient là par hasard, car contrairement à d'autre espèces potières, les Sceliphron n’incorporent rien de particulier à leur nids, pas de petits cailloux, et pas de fibres quelconque.
Peut-être que la boue a été récoltée ou fabriquée près de la gamelle d'eau du chien ou du chat…
À observer de près l'année prochaine.

[Liliane de Sardan]

Merci Patrick, nos échanges me permettent de pousser plus loin mon questionnement

Il n'y a plus de débris d'araignées dans les urnes. Tout a été consommé et les jeunes Sceliphron sont nés. Il ne reste que la "peau" du cocon.

Pour les poils, s'ils ont été récoltés incidemment par Sceliphon, ne devraient-ils pas être quelque peu enrobés de boue ? Je les scrute à la loupe et ils sont parfaitement propres !
Toujours dans l'hypothèse d'une récolte hasardeuse, quelques uns devraient être incrustés dans le sens de la fabrication du nid. Pourtant, ils sont tous fixés dans la matière par une extrémité et libres sur leur longueur.
La maçonne n'aurait-elle pas été sérieusement gênée par la présence de poils au moment de confectionner sa boule de boue et dans l'acheminement de celle-ci ? Peut-on l'imaginer voler avec sa récolte pleine de poils entre ses mandibules ? Ce serait un spectacle assez insolite.

Je ne pensais pas que ces incrustations m'interrogeraient autant, mais plus ça va, plus je les trouve insolites et moins je comprends comment elles ont pu être faites …

J'essaierai de suivre cela de plus près l'année prochaine, quitte à créer une zone de boue avec des poils aimablement fournis par mon chat … Et, s'il y a des résultats, je ne manquerai pas de les poster.

En attendant, je suis preneuse de toutes observations faites par les membres du forum

[latique]

Bonjour,

Il m'est arrivé de couler une dalle en béton et d'y avoir incorporé des fibres.
A mon avis ton hyméno est un chercheur

[Patrick_B]

C'est vrai qu'en y regardant de près, les poils sont “implantés” assez perpendiculairement, et non pas incorporés de manière désordonnée. Même s'ils étaient venu par le vent, ou par le frottement d'une bestiole poilue et avant que ça ne soit complètement sec, ils ne seraient pas tous disposés de cette manière. Il faudra vraiment arriver à observer ce qui se passe l'année prochaine.

[Liliane de Sardan]

Au Moyen-Âge, les maçons incorporaient des poils d'animaux dans leur mortier de chaux pour donner plus de résistance aux enduits. Maintenant, nous utilisons des fibres synthétiques …

Dans le cas de la Sceliphron qui a oeuvré dans mon jardin, il s'agit d'une autre expérimentation et, effectivement, d'une chercheuse d'avant-garde
Reste à espérer qu'elle fera des émules parmi sa descendance et que je serai invitée au rendez-vous l'année prochaine
Et que d'autres chercheurs feront des observations aux quatre coins du pays.
Quand on croit avoir fait le tour des manoeuvres d'une maçonne …