Vous savez que lorsque la malchance arrive souvent les circonstances malheureuses s'enchainent, et bien parfois c'est aussi vrai avec la chance: pour la première fois j'ai pu assister à la scène de capture d'une guêpe chasseresse, et elle s'est déroulée dans un cadre qui m'a permis d'en prendre des photos et des vidéos que je me fais un très grand plaisir de partager avec vous !
La bestiole elle-même est banale: entre l'
Voici maintenant le déroulement de la scène avec les médias concernés au fur et à mesure:
J'étais au bord d'un chemin à surveiller une zone que je connaissais pour être bien fréquentée par des hyménoptères fouisseurs de diverses sortes, et j'avais déjà repéré des Bembix, une Podalonia, un Philanthus et plusieurs chrisides à l'affut. C'est alors que "quelque chose" a fait un bond assez haut (~50 cm ?) à 2 mètres de moi, puis presque aussitôt un deuxième bond atterrissant sur le chemin goudronné, se rapprochant. Je me suis penché et j'ai vu une forme confuse où j'ai quand même vite compris que c'était deux insectes luttant au corps-à-corps, l'un devant être un orthoptère pour faire de pareils bonds !
J'ai enclenché le mode vidéo et essayé de pointer l'objectif sur les protagonistes, avec beaucoup de peine car les sauts continuaient même si l'ampleur était chaque fois plus faible; voici la séquence brute. Le criquet fait encore plusieurs sauts mais faiblissants et de plus en plus espacés, il semble déjà en partie paralysé et on voit que la guêpe le pique en continu; le dernier saut ne se fait que d'une patte après quoi la guêpe lâche enfin sa proie qui ne sautera plus (…jamais). Mais durant tout ce rodéo incroyable la chasseresse est restée collée à elle comme une cow-girl qui veut à tout prix battre le record de durée sur le dos du taureau en furie !
Donc la guêpe s'éloigne quelques instants de la proie pour faire un peu sa toilette, avec des mouvements étonnamment saccadés qui m'ont fait craindre un instant qu'elle soit blessée mais ça n'a pas eu l'air d'être le cas finalement.
J'ai arrêté la séquence à ce moment car j'ai réalisé être face au soleil et j'ai voulu changer de position pour un meilleur éclairage, aussi pour un meilleur angle de vue. Je me suis couché sur le chemin (en espérant très fort qu'aucun véhicule ne passe…) et voilà la deuxième séquence.
On y voit la guêpe procéder à plusieurs "piqûres de rappel" espacés de courts moments de repos et de toilette, principalement des pattes arrières et du dard qu'on voit saillir par instants. Elle charrie la proie sur de très courtes distances, alternant encore d'autres piqûres et des pauses, et un épisode curieux mentionné plus bas.
Sur la photo du haut on voit la dernière piqûre appliquée, après le charroi s'est fait uniquement entrecoupé de pauses et de brèves reconnaissances aériennes jusqu'au terrier.
J'ai présumé que le terrier était dans la zone que je surveillais au départ et j'ai précédé la bête dans la direction qu'elle prenait; lorsqu'elle a fini par dégager l'orifice de son trou je me suis placé et j'ai juste pu filmer la rapide mise en cave de la venaison.
Enfin deux questions pour les connaisseurs:
- J'ai été très surpris par cette résistance de la proie, capable de bondir une dizaine de fois avant d'être enfin terrassée. Les chutes répétées n'ont pas eu raison du prédateur mais auraient pu le blesser au moins. Est-ce que c'est courant dans vos observations de sphégiens prédateurs d'orthoptères ?
- Je ne comprends pas ce que fait la guêpe lorsqu'elle semble sucer l'encolure de sa proie comme on le voit dans la photo du bas; je ne l'ai vue faire ça qu'une fois et ça a duré plusieurs secondes. Avez-vous une idée ?
Sur un chemin de vignoble goudronné sur pente sèche

Pierre Bornand : Suisse : Fully : 1926 : 6/9/2014
Altitude : 483 m - Taille : 17 mm mesuré (la guêpe)
Réf. : 128191

Pierre Bornand : Suisse : Fully : 1926 : 6/9/2014
Altitude : 483 m - Taille : 17 mm mesuré (la guêpe)
Réf. : 128192
Merci d'avance pour votre aide et vos commentaires !