[Apocrite trophallaxie] Vesparade ?

[latique]

Bonjour,

Hier, en regardant une grande quantité de Vespa crabro boulotter mes pêches j'ai été surpris par le comportement de duos, trios voire quatuors d'entre eux qui semblaient se tenir enlacés et gigotaient beaucoup.
Embrassades, échange de nourriture ou autre chose ?
Il n'y avait manifestement aucune agressivité entre eux et ça durait assez longtemps à chaque fois.
Quelqu'un a-t-il une idée de la finalité de ce comportement ?

http://evdb.free.fr/pages/transit/div/2013/vespa.html

[Patrick_B]

Une scène de trophallaxie, bien connue chez les fourmis, mais qui existe chez tous les hyménoptères sociaux.

[latique]

Bonsoir,

Merci Patrick, les hyménoptères ont encore beaucoup de secrets pour moi.
Cette procédure est quand même curieuse alors que les "échangistes" ont les pieds dans le plat !

[Patrick_B]

C'est vrai, mais est-ce que cette pratique ne va pas plus loin qu'un simple besoin fonctionnel de nourriture ? (échange “social”, échange de bactéries de l'appareil digestif, ou simple répartition des charges avant le retour au nid.)
Je suppose que les extraterrestres qui ne manquent pas de nous observer trouvent certains de nos comportements totalement inexplicables au regard d'une stricte logique.(terrain de foot, discothèques, départ en vacances 12 heures de route...)
Les paléoanthropologues, quand ils ne savent pas, disent “c'est religieux”, de là à ce qu'un américain publie des travaux affirmant que les guêpes ont une religion.

[latique]

Oui , sans doute plus que le partage de nourriture, mais c'est la première fois que j'assiste à telle orgie ; faut dire qu'ils ont investi la lucarne d'un bâtiment proche. A mon avis il s'agit de libations païennes plutôt

[Nicolas Henon]

Les trophallaxies sont très courantes chez les hyméno sociaux mais tous ne sont pas capables de le faire car certaines ne peuvent fermer sans efforts leur sphincter qui permet que les liquides ne passent pas dans l'estomac et restent dans le jabot social. Par exemple les Messor, ces fourmis granivores ne sont pas capables de le faire. Pour se nourrir, chaque ouvrière devra piocher dans le "pain de fourmis": une pâte de graines broyées. Les Ponerinae qui sont des fourmis primitives ne la pratiquent pas non plus. Mais elles peuvent elles pratiquer une pseudotrophallaxie: elles arrivent à maintenir une goutte de liquide entre leurs mandibules grâce à de petits poils et à l'extension de leur labium et elles pourront ainsi distribuer au reste de la colonie.

[latique]

En l'occurrence qui a besoin d'être nourri par qui ? Une ouvrière nourrie par une reine ou une grande sœur ?

[Nicolas Henon]

Comment ça ?
Une ouvrière est nourrie par une reine seulement lors de la fondation, les premières nées, jusqu'à ce qu'elles soient assez pour sortir fourrager. Après les rôles sont inversés.

[Patrick_B]

Pour les frelons et guêpes en général, je n'ai aucune idée précise à ce sujet, mais on peut imaginer que celles qui récoltent et mâchent du bois pour agrandir le nid peuvent être approvisionnées en nourriture par d'autres (la spécialisation est peut-être fonction de l'âge, comme chez les abeilles).
Je pense surtout que le rôle essentiel de la trophallaxie et de la pseudotrophallaxie est social et fait partie des éléments importants de la cohésion du groupe. Le rôle “alimentation” proprement dit est certainement secondaire pour certaines espèces.
Même dans les groupes sociaux d’animaux plus évolués – jusqu'à l'Homme – le partage de nourriture est important pour la cohésion du groupe, et la manière dont il est fait est importante pour la hiérarchisation.

[Nicolas Henon]

J'imagine aussi qu'il y a un polyéthisme d'age chez les guêpes et frelons.
Mais je pense vraiment que le rôle principal de la trophallaxie est l'échange de nourriture. Et que secondairement, grâce à ces échanges, ça à mené à l'eusocialité.