Bonsoir Sylvain,
Une petite partie de la réponse est exposée dans mon post sur la détermination de quelques chilopodes d'après photo, voir ce post en détail t'apportera qques éléments de réponse fort utiles.
En complément de ce post, afin de compléter qques niveaux inférieurs à la famille (donc à celle des Scolopendridae), et de préciser qques critères spécifiques à
Scolopendra cingulata , donc du niveau spécifique :
La famille Scolopendridae comprend 3 sous-familles :
-Scolopendrinae (seule celle-ci existe en France)
-Otostigminae (surtout sub-tropicale/tropicale)
-Sterropristinae (id. ci-dessus)
Sous bino, se différencient à l'aide des critères suivants :
1) -
Stigmates en triangles très allongés, pointus en avant, parallèles par rapport au grand axe du corps (ou au sol)............. Scolopendrinae
-
Stigmates ovales ou ronds, leurs axes étant obliques ou verticaux par rapport au grand axe du corps (ou au sol).............. 2
2) -9 paires de
stigmates (le 7e segment pédifère en étant dépourvu)......................................... Otostigminae
-10 paires de
stigmates (une paire supplémentaire sur le 7e segment pédifère).......................................... Sterropristinae
Tu l'auras compris, les
stigmates sont présents sur les côtés de certains segments du corps, plus précisément sur les
pleures des segments concernés.
Des photos nettes et bien grossies, "à la Dimitri"
d'un des côtés du tronc de ces animaux pourraient d'ailleurs peut-être permettre de déterminer au moins la première de ces trois sous-familles (voir même les deux autres si on distingue précisément l'avant du corps et donc le 7e segment pédifère; serait à expérimenter !).
Le genre
Scolopendra possède diverses particularités qu'il serait long et fastidieux d'énumérer ici et de comparer aux nombreux autres genres de la sous-famille (et je ne les ai pas toutes en tête pour chaque genre !), mais les principaux critères à retenir sont : 6 à 8 articles
proximaux de chaque antenne glabres, les suivants pubescents;
écusson céphalique recouvrant le bord antérieur du
tergite forcipulaire; en dehors des 2, 3 ou 4 dernières paires de pattes, toutes les autres sont généralement pourvues d'au moins une épine tarsale; la présence des prolongements coniques des coxas et préfémurs 21 cités plus bas est aussi un caractère du genre.
Pour ce qui est de
cingulata :
La seule autre espèce française étant
Scolopendra oraniensis H. Lucas, 1846, et cette dernière étant uniquement connue de Corse actuellement, la différenciation n'est guère difficile. Voici quelques-uns des critères les différenciant et qui ne peuvent être observés que sous bino :
-
S. cingulata : le bord rostal du coxosternum forcipulaire comporte 4+4 à 5+5 dents qui sont relativement accolées entre elles (comprendre : 4 à 5 dents de part et d'autre de l'encoche médiane du coxo. forci., ce dernier faisant partie de l'ensemble des
forcipules ou "crochets à venin" de la scolopendre (et des autres chilopodes); c'est la pièce ventrale résultant d'une probable fusion des hanches et du
sternite des
forcipules, sur laquelle s'articulent les 2 membres forcipulaires proprements dits. On pense d'ailleurs que les
forcipules sont originellement une paire de pattes modifiée, comme le sous-entend d'ailleurs la derivatio nominis de "Chilopoda"); prolongements
coxaux des pattes terminales portant chacun de 2 à 5 épines au sommet; généralement 4 à 6 épines sur chaque préfémur 21; généralement, 3 à 5 épines sur le cône
apical des préfémurs 21. Taille des adultes : en général, 90 à 120 mm. Les immatures du genre
Scolopendra ont déjà leur spinulation relativement fixe et quasiment semblable à celle des adultes, donc ceci constitue un critère très valable pour les espèces de ce genre (du moins, celles pour qui cela a été clairement démontré, comme c'est le cas pour
cingulata, et depuis très peu de temps, pour
oraniensis -un collègue et moi-même avons cette démonstration en cours de publi-)
-
S. oraniensis : 4+4 à 5+5 dents également au coxosternum forcipulaire, mais la dent externe est éloignée des autres, qui sont elles accolées comme chez
cingulata; prolongements
coxaux des pattes terminales portant chacun de 6 à 13 épines au sommet; 20 à 30 épines sur chaque préfémur 21; généralement, 2 à 3 épines sur le cône
apical des préfémurs 21. Taille des adultes : en général 40 à 60 mm, exceptionnellement jusqu'à 68 mm.
Avec des figures ce serait sûrement plus clair j'imagine, si mon scan était branché et en état de fonctionner, j'aurais pu éventuellement faire qques scans de figures perso...
-
S. morsitans et
S. subspinipes subspinipes, deux espèces ayant été citées comme ayant été accidentellement introduites en France (cas rarissimes, et de toute façon, ces espèces ne se sont pas acclimatées), se distingue des deux autres par, entre autres : la présence de 9 à 10 épines sur chaque préfémur 21 et ces derniers étant plus ou moins comme "aplatis" sur leur face dorsale, et une taille de 100 à 120 mm pour la 1ère; pour la seconde, le préfémur est 2,5 X plus long que large contre 1,5 à 2 X chez
cingulata , et surtout, sa taille peut atteindre jusqu'à 200 mm !
L'
habitus du spécimen photographié plus haut ne correspond de toute façon ni à celui de
morsitans (voir ma photo de cette espèce dans le fameux post de la détermination de qques chilopodes (...)), ni à
subspinipes subspinipes, qui est de coloration plus uniforme (brunâtre à rouge-brun/violacé, les pattes étant plus claires que le tronc). Par contre, il existe d'autres sous-espèces de
subspinipes , et il me semble que
S. subspinipes mutilans peut avoir une coloration plus approchante du spécimen photographié -la tête est entièrement rouge vif, le tronc brun à noir et les pattes terminales plus claires, si mes souvenirs sont bons- mais elle vit en Chine donc on se demande ce qu'elle viendrait faire ici car elle est beaucoup plus discrète et moins répandue que l'espèce typique. De plus, il existe bcp de variétés de coloration selon les espèces de Scolopendridae considérées, et je les connais pas toutes loin de là !
Voilà en gros...
Bien cordialement,
Etienne