Bon, puisqu'on parle de moi, je sors de dessous ma lampe de 160 Watts
Je ne suis pas un acharné des noms vernaculaires, mais comme Gyp' j'ai remarqué que c'est souvent une première étape pour les amateurs, que l'usage des noms latins rebuterait d'emblée. Bien entendu, ceux qui vont persévérer et approfondir devront se mettre un jour ou l'autre au latin. Mais tous ne persévéreront pas, ils resteront des généralistes et pour autant ils arriveront à se comprendre entre généralistes.
Pour ceux qui connaissent le Japonais, je fais un parallèle : le Japonais évolué se compose essentiellement de "kanji" qui sont des idéogrammes extrèmement complexes hérités du chinois. Par ailleurs il existe une écriture simplifiée, à
base d'une trentaine de caractères représentant des syllabes dont la prononciation est standardisée. Eh bien les Japonais, qui mettent presque dix ans à apprendre l'écriture, commencent parl'écriture syllabique, qu'ils apprennent à remplacer progressivement par des "kanji".
L'existence de noms vernaculaires permettra donc d'attirer davantage le public vers une discipline, qui, si elle lui plaît, l'amènera au noms latins. Logique après tout qu'il faille une langue vivante pour accéder à une langue morte.
Quant aux noms vernaculaires anglais, justement, je ne partage pas ton analyse, Jean. Si tu ne fréquentes que le Gotha de l'entomologie, bien sûr tu ne renconteras que des virtuoses du latin qui ont depuis longtemps oublié leur patois national. Il n'empêche... je suis toujours frappé de constater combien en Angleterre l'entomologie a pu se répandre auprès du grand public : réseaux d'observateurs dix fois plus denses que chez nous, appels à enquêtes à la radio et à la télévision, pièges à hétérocères en vente dans la grande distribution, revues lépidos disponibles en kiosque ! Tout ceci est à mon avis lié à l'existence de noms vernaculaires, popularisés par des ouvrages de grande qualité (le Skinner en premier).
Du reste je suis en relation avec de nombreux amateurs anglais, dont je peux témoigner qu'ils connaissent mieux les noms anglais que latins. D'aucuns m'envoient des photos qui ne sont légendées qu'avec les noms anglais. D'autres ont des sites classés uniquement par le nom anglais. Bien sûr pour discuter avec eux je leur demande les noms latins (vous voyez je n'exige même pas le nom français !)...
Bref, je vois les noms vernaculaires comme un vocabulaire de transition, mais quasiment indispensable (de même que le latin) si l'on ne veut pas rester entre spécialistes dans nos tours d'ivoire.