Il est également de bon ton de vous informer que, si j'ai l'insigne honneur d'être le porteur du post, ce document (et notamment la liste des espèces de France) n'aurait sans doute pas été sans la co-écriture admirable et le travail acharné de notre breton préféré, j'ai nommé entonantes44.
N'hésitez pas à me contacter pour la biblio citée ou d'autres informations.
Classe Pycnogonida Latreille, 1810
Présentation - On compte aujourd'hui environ 1386 espèces de pycnogonides décrites réparties sur l'ensemble du globe, des côtes rocheuses baignées de lumière aux sources hydrothermales les plus enfumées. La biodiversité des pycnogonides a été particulièrement bien explorée en Antarctique, où l'on trouve les espèces les plus grandes. Cependant, les mers australes sont loin de présenter la très riche diversité de formes qu'arbore le groupe (malgré sa faible diversité numérique), et le faible nombre de spécialistes dans le monde ne permet pas de combler le fossé.
Malheureusement, les fossiles des pycnogonides ne nous permettent pas plus de comprendre l'origine du
Traits de vie - "Les Pycnogonides sont un groupe d'arthropodes exclusivement marins", c'est ainsi que commencent la plupart des articles. Mais encore? Les pycnos sont des animaux relativement calmes, voire lymphatiques : ils ont un mode de déplacement lent (youtube!) quoique certains groupes arrivent à faire des "burst" qui leur permettent de nager. Ce comportement quelque peu ralenti est vraisemblablement lié à leur mode de respiration, qui est uniquement tégumentaire. Pas pratique direz-vous? Mais c'est que le corps des pycnos est parfaitement adapté à ce type de respiration : ils sont avant tout remarquables par la forte réduction du corps et par la finesse des pattes. Ils ont ainsi un rapport surface/volume favorable à ce type de respiration, à condition donc, de ne pas trop se dépenser. Le fait que les espèces polaires soient plus grosses est d'ailleurs possiblement lié avec la plus forte quantité d'oxygène dissoute dans les eaux froides. La réduction du corps a d'autres conséquences. Le volume interne du corps étant à peine supérieur à celui d'une chambre étudiante à Paris, les colocataires organes manquent de place, et débordent... dans les pattes! C'est le cas des organes sexuels, mais ausi de caeca digestives, allant parfois jusqu'à l'extrémité
La bouffe! parlons-en. On peut être légèrement surpris d'apprendre que ces bestioles, dont l'énergie correspond à peu près à moi en me levant le matin, sont décrites comme des "prédateurs voraces". Bonjour la panthère! Rassurez-vous damoiselles, damoiseaux, si jamais vous êtes pris en chasse par ce redoutable prédateur, vous devriez pouvoir vous en sortir. A moins que vous soyez un polype, un bryozoaire, ou un mollusque! Les pycnogonides ponctionnent leurs proies avec leur
Permettez-moi enfin de vous apprendre que les pycnogonides sont des hommes modernes. Pendant que madame vaque à ses occupations, les mâles de la plupart des familles auront à coeur de prendre soin de leur chère marmaille en les portant sur leurs ovigères. Les oeufs éclos, ils donnent naissance à des larves dites protonymphons qui vont rester plus ou moins longtemps sur papa, avant de vivre leur vie de parasite, généralement d'hydrozoaires! Certaines larves sont aussi planctoniques (notamment le genre Nymphopsis) ou quittent rapidement l'adulte (Pycnogonidae). Certains groupes présentent un développement direct. Les exceptions à tout ceci étant les Colossendeidae et les Austrodecidae pour lesquels... Eh ben on sait pas ce qu'ils font de leurs oeufs, bigre!
Cycle de vie - On connait encore mal le cycle de vie de ces animaux. Quelques études ont été faites sur des espèces courantes du littoral, notamment Pycnogonum littorale (voir Tamaschko et al. 2007). Tout commence avec la larve protonymphon : elle possède des chélifores développées avec des chelae, ainsi que les deux autres paires d'
Morphologie externe - Je vous vois trépigner petits canailloux, la théorie c'est bin jolie mais la morpho y a que ça de vrai, c'est ça? Eh bien! Voyons un peu cela...
Le corps du pycnogonide se divise comme suit :
> le
> le tronc. Remarquablement réduit, il s'articule généralement en 3 segments plus le segment du
> l'abdomen. Plus ou moins réduit chez les espèces, mais toujours remarquablement petit et surtout reliquaire. Chez les espèces actuelles, l'abdomen ne porte pas d'articulation, et la plupart des groupes (à l'exception notamment des Ascorhynchidae) voient leur articulation
Ca c'est pour les somites. Mais revenons un peu sur les articles et le
> Le
> Les chélifores. ChéliFORES! Le premier qui me dit "
> Les
> Les ovigères. Au nombre d'articles et à la forme variables, presque une forme par famille. Elles mériteraient un post à part... Pour la plupart des familles, elles ont un rôle uniquement chez les mâles, et les femelles des Endeidae, des Phoxichilidiidae et des Pycnogonidae en sont dépourvues.
> Les pattes. De
Réf. : 155864 ; Réf. : 155863
Capture et conservation - Ne vous attendez pas à ramasser des pycnos en abondance après trois coups d'épuisette dans la première flaque d'eau de mer que vous croiserez sur votre chemin. Les pycnogonides sont des animaux plutôt rares et discrets, et rares sont ceux qui les pêchent volontairement. R. N. Bamber, sujet de Her Majesty, exposait en 2010 la méthode de récolte suivante : récoltez des algues (e.g. Corallina, Griffithsia, Cladophora) et déposez-les en mille-feuille dense dans un filet d'eau de mer dans un cristallisoir et une boîte de pétri. Attendez quelques heures à faible luminosité. L'oxygène se raréfiant, des pycnogonides essoufflés ne devraient alors plus tarder à remonter à la surface en quête oxygène. Piquez alors les malheureux à l'aide d'une pince souple et fine. La recherche simple à la bino dans des sédiments ou des algues, et parfois même la chasse à vue, peuvent également porter leurs fruits. Pensez à chercher également sous les pierres dans les zones intertidales notamment auprès des anémones ; les plongeurs sont invités à en faire autant. Dans ce cas, vous risquez cependant de ne pas les voir : la technique secrète du pycnogonologue, c'est alors de brosser les pierres dans une bassine d'eau, et ensuite de récupérer (filtrer l'eau en question). En plus ça nettoie la plage! Le pycnogonide est écologique.
Pour tuer les animaux dans une conformation "confortable" (éviter l'effet velcro, le repli des pattes sur le corps... etc.), mettez les au frigo, ou utilisez de l'acétate d'éthyle dont vous pourrez mettre une goutte dans l'eau du récipient dans lequel vous l'aurez préalablement déposé... Evitez l'inhalation!! Ceci fait, mettez délicatement l'animal dans l'alcool à 70°, et passez après quelques jours/semaines de fixation dans l'alcool absolu, dans le but de conservez l'ADN que se fera un plaisir de séquencer votre serviteur.
Identification des familles - Voilà une clef des familles qui fait la synthèse de celles que j'ai croisé jusqu'à maintenant - elle est censée marcher à l'échelle mondiale, au moins pour les adultes (voire note plus bas). Je ne vous promets pas qu'elle ne va pas évoluer.
0.
1. Chélifores et
Chélifores et/ou les
2. Chélifores ou chelae
Chélifores et chelae bien développés et fonctionnels, ovigères à 10 articles au strigilis bien développé, portant une unique rangée d'épines................................................4
3. Ovigères avec griffe terminale; strigilis bien développé et portant deux rangées d'épines, articulation souvent visible entre abdomen et
Ovigères le plus souvent sans griffe terminale, strigilis "déformé"( ) ou absent ( ), avec peu d'épines non organisées en rangées.........................................................Ammotheidae
4.
5.
6. Chélifores présents, fonctionnels;
Chélifores manquants, strigilis avec ou sans griffe terminale.....................................................................................................................................................................................................8
7.
8.
9. Corps fin, ovigères toujours à 7 articles, seulement chez les mâles................................................................................................................................................Endeidae
Corps robuste ou trapu, de 7 à 9 articles aux ovigères avec une griffe terminale, seulement chez les mâles (et encore, pas tous!)...................................................................................................Pycnogonidae
10.
Palpesà 4 articles, ovigères à 9 ( ) ou 10 ( ) articles , strigilis avec quelques épines, griffe terminale présente. absolument minuscule (tronc d'à peine un millimètre de large)................................................................................................................................Rhynchothoracidae
N.B.: Chez les Ammotheidae, les chelae des
Il faut donc tenir compte de ces informations si vous comptez utiliser cette clef pour identifier un
Faune des côtes de France, de Belgique, et de leurs environs (prof. < 100m)
Méditerranée : Md ; golfe de Gascogne : G ; Manche : Ma ; Mer du Nord : N.
Quand c'est possible, les photos en galerie sont mises en lien avec les espèces. La liste est susceptible d'évoluer.
...
Famille Ascorhynchidae Hoek, 1881
Genre Ascorhynchus Sars, 1878
A. arenicola (Dohrn, 1881) Md
A. castelli (Dohrn, 1881) Md
A. simile Fage, 1942 Md
Genre Nymphonella Ohshima, 1927
N. tapetis Ohshima, 1927 Md (espèce qui fait des ravages sur les bivalves, notamment au Japon).
Famille Ammotheidae Dohrn, 1881
Genre Achelia Hodge, 1864
A. echinata Hodge, 1864 Md, G, Ma, N
A. laevis Hodge, 1864 Ma, N
A. langi (Dohrn, 1881) Md
A. simplex (Giltay, 1934) Md?, G, Ma
A. vulgaris (Costa, 1861) Md, G, Ma
Genre Ammothea Leach, 1814
A. hilgendorfi (Böhm, 1879) Ma?, observée dans la Manche et en Méditerranée à l'étranger, d'origine pacifique.
Genre Ammothella Verrill, 1900
A. appendiculata (Dohrn, 1881) Md
A. biunguiculata (Dohrn, 1881) Md
A. longioculata (Faraggiana, 1940) Md, G?, Ma
A. longipes (Hodge, 1864) Md, G, Ma, N
A. uniunguiculata (Dohrn, 1881) Md
Genre Neotrygaeus Munilla & Alonso-Zarazaga, 2014
N. communis (Dohrn, 1881) Md
Genre Paranymphon Caullery, 1896
Paranymphon spinosum Caullery, 1896 Md
Genre Tanystylum Miers, 1979
T. conirostre (Dohrn, 1881) Md, G?, Ma
T. orbiculare Wilson, 1878 Md
Aschorhynchoidea incertae sedis
Genre Hannonia Hoek, 1881
H. echinata Stock, 1990 Ma, un seul spécimen connu capturé à Roscoff.
Famille Nymphonidae Pocock, 1904
Genre Nymphon Fabricius, 1794
N. brevirostre Hodge, 1863 G, Ma, N
N. gracile Leach, 1814 Md, G, Ma, N
N. grossipes (Fabricius, 1780) N
N. hirtum (Fabricius, 1780) G, Ma, N
Famille Callipallenidae Hilton, 1942
Genre Callipallene Flyn, 1929
C. acribica Krapp, 1975 Md
C. brevirostris (
C. emaciata (Dohrn, 1881) Md, G?, Ma
C. phantoma (Dohrn, 1881) Md, G?, Ma?
C. spectrum (Dohrn, 1881) Md, G?, Ma
C. tiberi (Dohrn, 1881) Md, G?, Ma, N?
Genre Pseudopallene Wilson, 1878
P. circularis (Goodsir, 1842) Ma, N
Famille Phoxichilidiidae Sars, 1891
Genre Anoplodactylus Wilson, 1878
A. angulatus (Dohrn, 1881) Md, G?, Ma
A. massiliensis Bouvier, 1916 Md
A. petiolatus (Krøyer, 1844) Md, G, Ma, N
A. pygmaeus (Hodge, 1864) Md, G?, Ma, N
A. robustus (Dohrn, 1881) Md
A. virescens (Hodge, 1864) Md, G, Ma
Genre Phoxichilidium Milne-Edwards, 1840
P. femoratum (Rathke, 1799) Ma, N
Famille Endeidae Norman, 1908
Genre Endeis Philippi, 1843
E. charybdaea (Dohrn, 1881) Md, G?, Ma
E. spinosa(Montagu, 1808) Md, G, Ma, N
Famille Pycnogonidae Wilson, 1878
Genre Pycnogonum Brünnich, 1764
P. litorale (Strøm, 1762) G, Ma, N
P. nodulosum Dohrn, 1881 Md
P. plumipes Stock, 1960 Md
P. pusillum Dohrn, 1881 Md
Famille Rhynchothoracidae Fry, 1978
Genre Rhynchothorax Fry, 1978
R. anophtalmus Arnaud, 1972 Md
R. alcicornis Krapp, 1973 Md
R. mediterraneus Costa, 1861 Md, G?
R. monnioti Arnaud, 1974 Md
R. voxorinus Stock, 1966 Md